Etat psychique pathologique au moment de l'enquête.
Les entretiens n'ont pas été recueillis de manière homogène mais ils ont été adaptés aux différents sujets pour expérimenter la dimension religieuse, spirituelle. La réflexion sur la souffrance sociale dans son contexte multiculturel, se réalise en contiguïté avec certains concepts clé: l'appartenance religieuse et les pratiques religieuses dans un nouveau contexte social et culturel; le projet migratoire, son échec et/ou sa réalisation; les facteurs de risque; l'assistance sanitaire pour les migrants.
Parler de multiculturalisme signifie aller au-delà de la logique moderne de l'assimilation et de celle post moderne de l'équivalence des cultures, le problème du dialogue entre cultures différentes ne peut négliger la thématique de l'inévitable conflit qu'il produit. L'abandon des lieux et des terres originaires, des traditions et des affects consolidés, des cultures et des convictions ethniques, et l'impact avec des nouveaux éléments culturels, linguistiques et comportementaux, peuvent êtres déterminants pour la genèse de problèmes de santé physique et mentale des migrants.
Il n'est pas rare la somatisation dans le corps qui met en évidence des pathologies plus ou moins graves, le professeur Luigi Frighi dit à ce sujet: "la communication par le biais du corps ne peut pas s'arrêter dans les difficultés linguistiques mais elle a une signification plus profonde qui doit être liée, en quelque sorte, à la recherche d'un corps perdu dans la tentative de maintenir une propre identité culturelle"[1]. Dans l'analyse moderne, avec les apports des disciplines dans une perspective transculturelle, la souffrance sociale et la maladie mentale en particulière, en tant que moments de crise pour les individus, deviennent un canal privilégié par lequel se manifestent réactions individuelles et collectives polyvalentes, caractéristiques et typiques de la culture et de l'idéologie de chaque malade et son groupe ethnique (des réactions qui peuvent dégénérer en expériences délirantes à contenu mystique et religieux).
L'appartenance religieuse, fondée sur des motivations de foi pour chaque croyant, elle n'est pas seulement connexe avec le respect du droit fondamental de la liberté de conscience mais elle constitue un chapitre important dans la conception de politiques d'accueil pour les étrangers, de plus, comme il est notamment connu, les expressions religieuses et celles culturelles sont strictement adhérents et extrêmement reliées. Il a été essayé de différencier les mécanismes de formation de la souffrance sociale engendrés dans le champ de la trans-culturalité, avec leur corrélation ou corrélée à la dimension religieuse.
On a relevé la difficulté du thérapeute face aux problèmes des migrants, dans sa relation avec les différentes ethnies avec lesquelles il est en rapport avec ce mélange de cultures présentes dans une réalité comme celle de la ville de Rome, pour pouvoir bien discerner entre donnée culturelle socialement construite et les réels affections des individus. Le rôle du médiateur culturel entre ici en jeu, un rôle important et délicat bien qu'encore sous évalué. Le médiateur culturel réalise une liaison entre la culture du patient et celle du thérapeute. La manifestation de la souffrance psychique et sociale par le corps n'est pas contenue dans les difficultés linguistiques, sa signification plus profonde a été dévoilée mais elle doit être rapprochée à l'idée du corps perdu, de l'identité culturelle.
Les résultats de l'étude doivent être encadrés à l'intérieur de nécessaires observations préliminaires. Un examen attentif et prudent des résultats permet d'obtenir des indications utiles et des éléments de connaissance. En premier lieu il y a les difficultés des sujets migrants, inévitablement agressés par le stress et donc à risque de souffrance sociale et psychologique. Il a été même reconnu comment la communauté africaine soit plus exposée à la genèse de psychopathologie, contrairement à la communauté orientale. Accomplissant un parcours à rebours dans l'examen des dossiers psychiatrique, il faut dire que je n'ai jamais rencontré des patients originaires des pays orientaux.
La négligeable présence de cette population dans les structures sanitaires italiennes est due à une migration orientale négligeable en Italie, d'ailleurs, le solide réseau social sur le territoire de Rome qui représente les communautés orientales (et en Italie en général), conduit les individus à se soigner à l'intérieur de leur communauté d'appartenance. Ceci est moins évident à Florence et à Prato, ici l'ethnie chinoise occupe une espace social beaucoup plus ample. Dans l'analyse nous sommes portés à considérer comment les peuples migrants de l'Afrique, se caractérisent par la présence de liens puissants avec le pays d'origine et la famille, dans l'absence de liens de solidarité dans le pays de migration et en fonction d'une plus ferme et constante volonté à un rapide retour au pays d'origine.
Les résultats nous montrent, avec suffisamment de clarté, comment l'expérience migratoire peut se configurer comme "stresseful life event". Dans cette acception la souffrance psychique, assumant souvent les formes d'une condition dépressive ou d'une somatisation physique, doit être attribuée à des facteurs sociaux et culturels spécifiques, capables d'agir selon les cas ou comme effet tampon par rapport à l'événement migratoire ou comme facteur limitatif des ressources de coping de l'individu.
L'ancrage de l'affection manifesté par le corps et les modifications du comportement, pourrais être le symptôme d'une fragilité psychique préexistant, créant dans le sujet des attentes excessives destinées à rester inapaisées. Un autre élément considérable: les données montrent un 2,9% de migrants atteints de pathologies psychiatriques sur le territoire national. Cette donnée n'est pas négligeable, considérant comment l'importante proportions de sujets présents sur le territoire appartienne à une population que les récentes études du secteur définissent "effet migrant saine", une sorte de sélection naturelle.
Les individus qui décident de partir sont, suivant ces données, des sujets sains, les plus entreprenants (d'où un taux élevé d'instruction), pouvant faire face aux problèmes économiques du déplacement, et ayant une considérable stabilité émotive. Ce qui comporte, cependant les difficiles conditions de vie et l'existence d'importants facteurs de risque pour la santé physique et mentale, au moins dans cette phase de l'histoire de l'immigration, d'évaluer les affections du migrant en Italie comme "accidentelles".
La dimension religieuse de l'immigration n'a pas proprement intéressé (à part les élites), la connexion possible de cette dimension avec la manifestation de pathologies psychiques, même en ce qui concerne les expériences réalisées dans le territoire en relation aux analyses et aux solutions élaborées face à une série de problèmes qui se posent effectivement. Il est nécessaire progresser dans ce sens et continuer dans le domaine de la compréhension culturelle et transculturelle, ainsi que dans le domaine de la prévention. Il n'est pas suffisant, pour atteindre ces objectifs, d'étudier les modèles de comportement et les appartenances culturelles entre les populations migrantes et le réseau social dans lequel vont s'insérer dans le pays d'accueil, il est indispensable une collaboration entre les différentes disciplines pour trouver des réponses concrètes aux exigences et aux souffrances sociales générées par la rencontre (la collision) entre sujets migrants et société d'accueil.
En conclusion, nous nous sommes posé la demande suivante: peuvent exister des incidences spécifiques dans la maladie selon le pays de provenance? Un examen approfondi montre comment la seule spécificité, pour l'instant, est liée au type de parcours migratoire manifestant, plus ou moins exactement, une série de souffrances psychiques et des difficultés matérielles concernant les individus. Le parcours migratoire peut être interprété comme un maker de la détérioration d'un corps saine au départ, c'est plus plausible de l'appartenance à un pays donné avec des cadres pathologiques endémiques, correspondante en tout cas aux grands nombres.
Les renseignements anamnestiques ont montré la prégnance culturelle de la famille (il faut toujours considérer la nécessitée de pouvoir connaître toutes les dimensions sociales et anthropologiques des dynamiques entre les acteurs sociaux et leur environnement). L'élément plus significatif est représenté par l'observation de l'impuissance à réaliser une correcte thérapie dans le champ transculturel, impuissance directement proportionnelle à la méconnaissance des valeurs présentes dans les différentes cultures et à l'absence d'une liaison avec ces réalités, pouvant englober la particularité des phénomènes transculturels dans le cadre des pratiques médicales occidentales et des paramètres utilisés.
Pour arriver à formuler un diagnostic il n'est pas possible de se borner à une étude des symptômes, il est nécessaire de saisir la signification du vécu des individus, attentionnés dans leur unicité et singularité. Il est ainsi nécessaire de concevoir l'état mental du migrant, objectivement relevé, surtout par la structure significative de ses expériences, des événements, des rencontres, référés à son devenir historique et sa vie intérieure (qui n'est pas son anamnèse), histoire vécue de projets et valeurs, du projet migratoire et de son échec.
"Ecouter et comprendre" le langage du corps avec ses multiples expressions c'est une opération que le thérapeute doit toujours conduire avec beaucoup d'attention, associant ces facteurs à toutes les variables y jouant un rôle (je me réfère aux variables qui interagissent et forment l'état psychique d'un sujet migrant) pour interpréter la signification réelle du symptôme ou de tous les autres signaux que le patient peut lui livrer.
Le migrant montre les signes d'une culture différente (ces signes sont une projection dans le corps et deviennent un symbole de la souffrance), il est extrêmement important ainsi d'écouter les paroles, savoir lire et comprendre l'incommunicable, avec l'interprétation du langage somatique, qui est plus significatif du langage verbal. Le lexique du corps, comme soutient Callieri[2], peut ainsi devenir un point de départ pour une thérapie transculturelle perçue dans une optique multiethnique dans laquelle le migrant, même avec ses silences, l'intonation de la voix, la posture, nous parle dans chaque moment de son histoire, de sa culture, de son existence, avec ces manifestations.
J'espère que mon travail pourra être considéré un work in progress pour l'amélioration psychique et physique du migrant dans un champ qui vise de plus en plus à assumer, avec le progrès technologique et scientifique, les caractéristiques d'une société globalisée et multiculturelle.