Revue électronique de sociologie
Esprit critique
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vol.03 no.08 - Août 2001
Editorial
 

L'irresponsabilité démocratique des États-Unis

Par Jean-François Marcotte
 

      Au premier jour de son élection, George W. Bush annonçait la réalisation de son projet de bouclier antimissiles. Malgré, l'opposition qui a émerger de plusieurs pays membres de l'OTAN, M. Bush a préféré ignorer l'opposition et d'y aller quand même de l'avant. Il s'agissait d'un affront à Moscou car ce geste proposait le retrait des États-Unis face au traité antimissiles signé entre Washington et Moscou.

      Ensuite, le refus des États-Unis d'adhérer aux principes du protocole de Kyoto (1997) avait fait rager la communauté internationale. La Chine et l'Union européenne ont particulièrement été échaudées par le refus des États-Unis d'adhérer au protocole de Kyoto. Ce protocole proposait une diminution de l'émission de gaz à effet de serre aux principaux pays industrialisés. Les États-Unis représentent les plus grands producteurs de gaz à effet de serre, et ont émis presque le tiers des gaz à effet de serre sur la planète au XXe siècle. En respectant les principes de Kyoto, l'ensemble des autres pays industrialisés pourraient produire d'ici quelques années moins de gaz à effet de serre que les États-Unis. Même si les principes de Kyoto n'étaient pas encore en application, plusieurs pays comme l'Inde, la Chine et la Thaïlande ont déjà commencé la réduction de l'émission de gaz contribuant au réchauffement de la planète.

      Aussi, George W. Bush a lancé en mai dernier son plan d'action pour contrer ce qu'il considère être une profonde crise énergétique aux États-Unis. En fait, il propose un plan pour compenser le gaspillage des ressources et la hausse du prix du pétrole plutôt que de proposer des mesures visant à économiser les ressources énergétiques. Ce plan propose des mesures pour augmenter la production énergétique, entre autres par la construction de nouvelles centrales nucléaires et l'accroissement de la production de combustibles fossiles aux États-Unis. Encore une fois, cette mesure déplaît à plusieurs pays, dont ceux de l'OCDE. Ainsi, le mécontentement est grand face à l'insouciance des américains qui veulent augmenter la production énergétique sans adhérer au protocole de Kyoto.

      Puis, c'est le sommet de Bonn qui est carrément boudé par les États-Unis. Ils disent ne pas vouloir empêcher les négociations à Bonn, car ils acceptent de discuter de l'application des principes de la convention de Rio (1992), mais ne veulent rien entendre de l'application du protocole de Kyoto. Ainsi, les États-Unis donnent leurs avis sur la question sans y participer. Ils suggèrent un projet international de recherche sur le réchauffement de la planète, mais sans aborder la question des mesures pour réduire l'émission de gaz à effet de serre. En fait, ce qu'ils proposent c'est d'étudier le désastre plutôt que de l'éviter! Malgré tout, le sommet de Bonn, orchestré par Union européenne, a permis d'atteindre un compromis permettant de sauver les bases du protocole de Kyoto.

      Et tout récemment, les États-Unis annonçaient qu'ils ne participeront pas à la conférence mondiale sur le racisme à Durban en Afrique du Sud car ils ne veulent pas discuter de sionisme et de la possibilité de réparations pour l'esclavage. Ce refus de participer risque de miner les relations avec plusieurs pays africains.

      Après les frustrations au Sommet de Québec, la mort du manifestant Carlo Giuliani au sommet du G8 à Gênes, les citoyens ressentent dans un climat d'incertitude et de frustration face à l'effritement des valeurs démocratiques dans les pays occidentaux. Dans ce climat, George W. Bush a fait plusieurs rencontres diplomatiques au cours de l'été, notamment en Espagne,en Belgique, en Suède et en Pologne. Partout sur son passage, ont retrouve des manifestations contre l'une ou l'autre des irresponsabilités américaines: réchauffement climatique, défense antimissiles, racisme, peine de mort, etc.

      George W. Bush semble mépriser les conventions internationales et dévoile un flagrant manque de respect face aux autres nations. La superpuissance s'isole de plus en plus, et se rangent derrière son imposant programme militaire. Une communauté internationale ne peut fonctionner que par les compromis et cet équilibre est toujours très fragile. À force d'ignorer les autres, les États-Unis finiront par se faire ignorer. À force d'ignorer, ils attisent la rage et déclenchent des frictions qui pourraient faire émerger les bases d'un prochain conflit mondial. D'un côté, ils donnent la leçon aux pays en voie de développement, mais il sont les premiers à détruire les fondements d'un équilibre international.

 
 
Marcotte, Jean-François. 'L'irresponsabilité démocratique des États-Unis', Esprit critique, vol.03 no.08, Août 2001, consulté sur Internet: http://critique.ovh.org
 
 
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Editorial

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