Une analyse de la pratique de l'échange en milieux périphériques de la ville de Lubumbashi
Située au sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC), la ville de Lubumbashi est parmi les trois grands centres du pays de diffusion de la modernité.
Fille de la colonisation, Elisabethville ou Lubumbashi, présentement a pu s'urbaniser grâce à l'installation d'une industrie cuprifère (l'Union Minière du Haut-Katanga).
Produisant pour la métropole, la ville de Lubumbashi n'est que la périphérie du centre capitaliste qui est ici la mère Belgique. C'est donc dans ce rapport centre - périphérie capitalistes ou ville - campagne que nous tentons d'inscrire nos préoccupations à l'heure où le phénomène d'internationalisation de l'échange marchand devient davantage pressant.
Cependant, nous situons cette petite réflexion non pas au niveau du rapport métropole - colonie, mais bien plutôt au niveau du rapport ville - campagne c'est-à-dire entre la ville de Lubumbashi née du capitalisme et ses périphéries.
Et à ce propos nous nous posons la question de savoir comment les ruraux de la périphérie de Lubumbashi conçoivent - ils l'échange marchand et comment le pratiquent-ils dans leurs rapports avec les citadins?
Il est certes constant que dans la société capitaliste, l'échange marchand est le principe organisateur de l'économie. Et cet échange se fait pas l'intermédiaire d'une mesure et d'un équivalent universel appelé "monnaie". Voilà pourquoi partout au monde, dans des sociétés dites évoluées et surtout capitalistes, l'utilisation de la monnaie s'avère indiscutable et indubitable dans l'échange marchand.
Mais qu'en est-il des milieux ruraux de la périphérie de la ville de Lubumbashi ?
En effet, si la monnaie constitue pour les citadins de Lubumbashi un moyen d'échange (Achat - Vente) des marchandises, il n'en est pas aussi vrai pour les ruraux.
Eu égard à la situation économique de la République Démocratique du Congo depuis plus d'une décennie ; au pouvoir d'achat toujours en déperdition ; aux fréquentes dépréciations monétaires par rapport au dollar américain ; l'incertitude d'un lendemain stable guette toujours les ruraux encrés dans la plupart des cas dans la logique conservatrice ; ce qui jette le doute et le manque de confiance dans tout équivalent universel.
Aussi l'échange marchand avec utilisation de la monnaie est connue comme un faux marché ; un échange sans équivalent ; un véritable marché des dupes dans lequel les ruraux partent perdants contrairement aux citadins qui se réfugient facilement dans des devises fortes ; les ruraux souvent thésaurisateurs ont recours de plus en pus à un forme d'échange apparemment dépassée, le "troc" (marchandise contre marchandise).
Ils sont heureux d'exiger aux citadins un vélo contre payement des sacs de maïs ; un savon ou un pagne pour femme contre quelques verres ou quelques seaux d'arachides. Chose curieuse, même certains services sont affectés par cette forme d'échange. L'on peut facilement vois quelqu'un déposer une poule contre les soins médicaux ou les frais de scolarité des enfants.
La question de l'échange marchand dans les milieux ruraux est une question complexe. De plus en plus, le recours au troc devient quasi général. Et plus l'on est loin d'un centre urbain, plus l'utilisation de la monnaie comme intermédiaire disparaît.
Comment alors envisager la mondialisation de l'économie, si quelque part en Afrique, au Congo ; dans les périphéries de la ville de Lubumbashi, les hommes recourent davantage au troc.
Comment l'Afrique de manière générale, le Congo et les ruraux de manière particulière pourront-ils supporter le poids de cette mondialisation?