Estimer le développement
Par Lucien-Samir Oulahbib
Résumé:
Pourquoi telle entreprise va-t-elle si mal, tel groupe s'effiloche-t-il, telle institution s'ankylose-t-elle, tel individu se déstructure-t-il tant? Et quels sont les moyens sinon d'y remédier du moins d'en inverser la tendance? Plusieurs sortes de savoirs peuvent dire beaucoup de choses sur tous ces dysfonctionnements et les moyens de les contrecarrer. Ils analysent en effet dans un premier temps les relations d'ordre se déclinant en types de corrélations données dont le classement permet de comprendre le pourquoi et de justifier le diagnostic. Sauf que cette classification et ce diagnostic peuvent ne pas être acceptés comme on peut le voir dans maints exemples. En effet, ils peuvent se heurter, et souvent d'emblée, à l'objection mettant en cause, pour diverses raisons, le (ou les) systèmes(s) de jugement employé(s). Il existe cependant plusieurs moyens d'y remédier. Nous verrons en effet ici que pour réfuter les diverses objections relativisant l'objectivité des jugements portés sur les activités humaines, il faut édifier une méthode forte d'analyse basée plutôt sur le paradigme du développement que sur celui de l'auto-organisation. Car le premier est bien plus large que le second. Il unifie en effet un ensemble d'énoncés portés sur le même objet, l'action vivante, mais ce en tant qu'elle est aussi humaine. Ce qui permet, à la fois, d'englober l'auto-organisation liée au système vivant en général et de le spécifier au système vivant humain, et, à la fois, de faire un diagnostic et de confectionner des solutions pour l'action. Nous démontrerons donc ici qu'en basant l'estimation de l'action sur le concept de développement, on peut éviter l'éparpillement méthodologique et renforcer l'objectivité des jugements proposés.
Lorsque tel système de jugement paraît plutôt s'appuyer sur une réalité empirique dont la forme est historiquement déterminée, telle celle de l'Occident, ou lorsqu'il ne s'agit pas de technique infrastructurelle pour fabriquer des choses ou soigner les hommes, mais de telle ou telle technique superstructurelle pour organiser les relations humaines et qui se trouve basée sur telle philosophie, économie, psychologie, sociologie, de l'action, il est patent de constater que d'aucuns mettent plutôt en doute les qualités objectives de ces dernières et moins des premières, (à quelques exceptions ou de manière minoritaire).
Car ces techniques superstructurelles seraient supposées être, dit-on, par trop dépendantes de prénotions implicites non suffisamment fondées de manière objective, et produites cognitivement par quelque intérêt de position et/ou de situation.
Cette objection, soupçonneuse, et séculaire à vrai dire par ce fait même, peut d'ailleurs toujours justifier son scepticisme en puisant dans l'expérience les exemples ad hoc. Il n'est en effet pas vain de questionner la légitimité des jugements dont certains classent telle attitude, telle action, de manière exclusivement intéressée et donc uniquement subjective.
Mais n'est-ce pas aller un peu vite en besogne en réduisant tout jugement à ce qu'il cache comme raison non dite de son déclenchement? Cette réduction allant parfois à l'extrême, jusqu'à nier l'objectivité même, n'y voyant que de "l'interprétation humaine, trop humaine"?
Or cette pensée sceptique, bien connue des Grecs, malgré l'impression de nouveauté enveloppée par certains auteurs depuis Nietzsche et mettant ainsi en cause tout jugement objectif, ne peut pas cependant ne pas être également objective dans sa propre récusation.
En effet, elle doit aussi prouver ce qu'elle avance. Sinon sa critique n'aurait aucune force et serait à relativiser tout aussi bien comme simple interprétation.
Mais dans ces conditions, tout le monde, en fait, en vient à admettre que tout jugement étant en effet sujet à subjectivisme, puisqu'il est énoncé par un locuteur, un "soi", donné, la démonstration de son lien légitime avec quelque objectivité, ne serait-ce seulement que la réalité du groupe de référence qui émet le scepticisme, devient le socle même de sa vérité effective. C'est-à-dire de son existence pour tous.
Ainsi, par exemple, il existe une différence entre le concept qui rassemble des énoncés vérifiant des comportements réels, et la métaphore qui joue avec ses règles de vérification. Et pourtant même le jeu de la métaphore doit se plier à des contraintes objectives pour être perçue comme telle.
On peut bien sûr tenter d'effacer la trace de leur distinction, comme un illusionniste tente de nous persuader de la réalité de ses occultations. Il n'empêche qu'à terme des indices suffisants permettent de percer le subterfuge. Ne serait-ce qu'en vérifiant la logique et le contenu des énoncés qui régissent les actions, et ce, dans leur rapport multiple à ce que nous savons déjà, mais aussi à ce qu'ils sont censés exprimer quant à notre relation à l'action qui transforme le réel donné.
Ainsi le problème n'est pas tant de réfuter ou pas un énoncé que de connaître le système de relations auquel il renvoie et dans lequel il opère.
Mais comment vérifier une telle existence?
En étudiant précisément le mode d'édification de la mise en relation. Mais dans ce cas il s'agit d'atteindre un certain type de réel. Lequel? Celui des énoncés éternels[1], comme le dit Quine à la suite de Tarski. C'est-à-dire en considérant qu'il doit exister certaines relations nécessaires dont l'existence hic et nunc caractérise en permanence, en général, le phénomène étudié, au-delà de sa métamorphose historique et imaginaire. Ainsi l'universalité peut être prouvée autrement que par sa seule extension historique, mais aussi par sa véracité ontologique.
Dans ces conditions, il est déjà logiquement possible d'énoncer un diagnostic généralisable qui s'intéresse à la permanence même de l'édification d'un réel, en l'occurrence ici le "soi", dont la structure fasse sens non seulement d'un point de vue historique et formel, mais déjà du point de vue de ce que cela signifie que d'édifier quelque chose, et en quoi ceci met en jeu l'existence d'un "soi".
Qu'est-ce à dire? Eh bien que ce diagnostic détient une discrimination si objective, qu'elle conditionne la réalité étudiée et ce de manière à la fois universelle et intrinsèque, au-delà des particularités historico-empiriques et formelles.
Déjà dans le dessein précisément d'éviter que l'on puisse singulariser de telle sorte telle ou telle forme que serait déniée toute possibilité de la juger.
Ensuite parce qu'il est nécessaire que cette discrimination détecte si le rapport de tout soi à l'action, qu'elle soit liée à un réel interne ou externe, puisse être estimé dans sa capacité même à s'ériger.
Mais est-ce possible? Quel serait ce diagnostic? À quelles conditions peut-il, par exemple, expliquer si objectivement pourquoi telle entreprise va si mal, tel groupe s'effiloche à ce point, telle institution s'ankylose, tel individu se déstructure tant?
En ce que ces conditions requises pour un tel diagnostic soient rassemblées dans une méthode synthétique qui s'appuie sur le concept de développement dont le caractère transversal, paradigmatique, semble bien devenir stratégique pour comprendre tout ce qui va dans le sens du déploiement. Et tout ce qui l'entrave.
Certes, la forme que le développement atteint, la cause de son expansion ou de sa régression, ne sont pas explicables par sa seule existence car, autrement, on s'en tiendrait à un général, un absolu, sans particulier ni singularité, là où "toutes les vaches sont noires", ce qui ne se peut, comme le disait Hegel lorsqu'il s'opposait à Schelling[2].
Il ne suffira donc pas d'agiter le "développement" avec un grand D comme argument ultime pour faire l'économie d'une analyse spécifique.
Néanmoins, il est possible d'affirmer que c'est le concept de développement[3] qui rassemble suffisamment de facteurs coextensifs pour devenir un paradigme déterminant[4].
C'est-à-dire en tant qu'il est, implicitement et explicitement, le critère premier de diagnostic sous-tendant les principales méthodes d'analyse de l'action connues à ce jour[5].
Car c'est son déploiement ou son entrave qui peut expliquer de manière satisfaisante ce qui fait que le développement d'une relation donnée perdure, s'étend, ou va à sa perte, au-delà des disparités formelles qui sont, bien entendu, déterminées par les cas divers abordés.
Ce que nous proposons alors ici serait de s'appuyer en priorité sur ce concept central qu'est le développement pour établir une nouvelle méthode d'estimation qui ne substituerait pas aux diverses analyses de l'action en psychologie, en sociologie, en économie, mais synthétiserait leur emploi du concept afin de faire de celui-ci la mesure mère du diagnostic de l'action et surtout de ce qui la renforce ou l'amoindrit précisément dans son développement.
L'intérêt d'une telle application centrant le diagnostic sur le développement en tant que tel permettrait à la fois d'éviter l'objection de l'ethnocentrisme, et à la fois d'aller beaucoup plus vite dans l'analyse. En effet, grâce à l'emploi d'un même protocole regroupant des énoncés éternels, on recueillerait immédiatement des indications décisives qui permettraient ensuite d'intervenir empiriquement, tout en ajustant et le diagnostic et la solution aux données locales considérées.
Nous allons donc tout d'abord présenter la méthode (1) puis nous présenterons ses items sous forme de deux types (2) permettant d'appliquer la méthode (3).
1. Méthode
Une évaluation objective de l'action humaine, et transversale à toutes les méthodes existantes est possible. Du moins si l'on considère qu'il existe de manière sous-jacente à toutes les actions humaines dans n'importe quel groupe de par le monde et à travers toute l'histoire de l'humanité, une unicité qui la détermine: celle du besoin[6] de développement. Nous avancerons que ce besoin est composé d'au moins quatre éléments fonctionnels[7]: liberté d'entreprendre et de penser, respect de soi et d'autrui.
Ces éléments forment la structure[8] de tout soi (individu, entreprise, institution).
Le soi est une combinaison de singularité (conation)[9], d'intentionnalité (acteur)[10] et d'habilités socialement et historiquement situées (agent)[11].
L'Histoire de l'Humanité prouve dans de multiples exemples l'existence permanente de ces quatre éléments fonctionnels.
Il n'y a pas en effet de développement sans liberté d'entreprendre qui elle-même est impossible ou diminuée sans liberté de penser. Ces deux libertés prouvent au soi qu'il se respecte et est respecté, respect qu'il ne peut interdire à autrui, sous peine de basculer dans un type négatif de développement.
Par ailleurs le soi humain, à la différence du soi animal, ne reproduit pas uniquement le gène, ou le mécanisme de type Stimulus Réponse induit par telle habituation, mais résiste, innove, (se) transforme (dans) le monde.
Dans ces conditions, c'est le contenu en développement des quatre éléments qui détermine l'évaluation et le classement du résultat de l'action.
Ce qui implique que ce contenu en développement se déduit en étudiant dans l'action et son résultat ce qui renforce ou amoindrit les libertés d'entreprendre et de penser, le respect de soi et d'autrui.
Mais comment observer ce qui renforce et ce qui amoindrit ceux-ci?
De la manière suivante:
Selon que les éléments fondamentaux universaux de ce contenu, comme les libertés de penser et d'entreprendre, le respect de soi et d'autrui, s'avèrent renforcés ou amoindris, l'expérience historique et aussi scientifique[12] nous montrent que le potentiel de chaque soi est plus ou moins à même de se développer.
Ce qui implique que ce contenu est bel et bien une mesure jaugeant partout la réalité du développement indépendamment de son existence spécifique historiquement située.
Aussi nous savons, et de plus en plus maintenant, que toute spécificité ne peut se soustraire à la réalité objective de cet universel du développement.
Ce qui implique alors qu'aucune particularité politique, culturelle, ne peut passer outre cette objectivation d'un tel contenu universel.
C'est d'ailleurs l'effet politique positif de ce que l'on nomme aujourd'hui la mondialisation et qui hier s'appelait le choc des civilisations.
Aussi le problème, lorsqu'il s'agit d'estimer, ne sera pas de lier en causalité le contenu du développement à la forme qu'il acquiert à un moment historique donné, mais de voir en quoi celle-ci favorise ou pas les libertés d'entreprendre et de penser, le respect de soi et d'autrui, d'une part.
D'autre part, s'il s'avère qu'une forme soit meilleure qu'une autre du point de vue de ce contenu, par contre, il n'en reste pas moins que plusieurs formes, bien distinctes pourtant, peuvent posséder un contenu en développement équivalent.
Ce qui implique donc de ne pas juger uniquement une forme à partir d'une autre forme mais seulement à partir de leur contenu en développement.
Observons quelques exemples sur cet aspect de la relation entre contenu de développement et forme car il est sujet à malentendus et à crispations qui interdisent de reconnaître le contenu universel du développement. Alors que ce dernier peut fort bien être exprimé de manière multiforme.
Les actions exprimant les libertés de penser et d'entreprendre et s'effectuant sous des formes multiples se déclinant en attitudes, objets, institutions, peuvent être évaluées en les comparant à d'autres formes, si et seulement si ceci s'effectue à partir de justifications fondant le comparatif sur un contenu objectif en développement.
Ainsi dire que "porter une robe seyante n'est pas convenable en tant que tel" renvoie à un jugement de valeur qui doit se justifier et en tout cas peut fort bien être émis mais ne pourrait être légitime, même s'il en appelait à la loi locale pour durcir son propos, car il n'effectue pas son jugement de manière suffisamment objective.
C'est-à-dire en rapport exclusif avec son contenu en développement qui immédiatement demanderait en quoi le fait de porter une robe seyante renforce ou amoindrit le soi selon les quatre éléments fondamentaux.
Ce qui empiriquement impliquerait ceci:
La liberté de penser et d'entreprendre le port de tel ou tel vêtement seyant peut renforcer un certain respect de soi, en particulier le chatoiement de son image plastique.
À l'opposé, il n'est pas sûr que porter une robe suggestive lors de funérailles, ou de se promener en petite tenue à une réception officielle, serait susceptible de renforcer l'un des éléments du contenu de développement comme le respect d'autrui.
Voilà pourquoi, (comme nous le verrons plus loin), il est nécessaire de préciser d'une part comment tel contenu en développement peut être objectivement déployé, et, d'autre part, comment son estimation peut être faite de telle manière que l'on soit sûr que ce qui est mesuré n'est pas la forme spécifique, historique, de l'action mais ce qu'elle apporte anthropologiquement comme contenu objectif.
S'agissant maintenant d'un autre exemple, il existe à l'évidence plusieurs formes de démocratie politique et leur spécificité à chaque fois est, bien entendu, souveraine. Mais du point de vue du développement, cette souveraineté peut être légitimement remise en cause à partir du moment où les éléments fondamentaux du développement ne sont pas respectés.
D'autres exemples sont également possibles.
Il existe de plus en plus de multiples formes de musiques dont l'une, la musique dite religieuse puis classique, a été, en Occident, à l'origine plutôt celle des élites. Aujourd'hui, elle se démocratise massivement du fait même qu'elle a progressivement été jugée non plus à partir d'une ostentation sociale mais d'un contenu en harmonie qui exprime formellement le développement en soi d'un diapason.
Mais si l'on compare "la" musique classique avec "la" musique dite populaire et issue de folklores multiformes, en particulier ceux des esclaves noirs américains et des fermiers irlandais expatriés - qui a donné un mélange disparate de rythmes divers dont sont issus la country, le blues et le jazz puis la soul et le rock - il est impossible que l'on puisse avancer que "la" musique dite classique est meilleure que celles-là du seul point de vue formel.
Leur opposition en fait n'a pas de sens. Car expliquer que telle symphonie est "meilleure" que tel air de bossa nova ou de rythm'n blues est hors de propos. Ce qui implique que même une classification strictement analogique et descriptive ne peut que les ranger dans des cases distinctes.
En revanche, si l'on enrichit cette classification par le point de vue du développement, il est alors possible de les comparer dans ce qu'elles sensibilisent en termes d'émotions et de sentiments. Car c'est dans la manière qu'elles ont d'éveiller les sens du développement que l'on peut les différencier et même les classifier en les observant agir selon divers objectifs d'action.
Nous savons également qu'il peut exister plusieurs formes distinctes d'économie de l'échange. Or, du point de vue anthropologique, il s'agit de les évaluer non pas les unes par rapport aux autres, même si on peut bien sûr les comparer, mais en fonction des quatre éléments du contenu en développement.
Ainsi, pour s'en tenir à l'économie du don, l'échange exprimé par le potlatch s'établit, comme l'a montré Marcel Mauss[13], pour prouver quel clan se trouve en meilleure forme - littéralement, dans la lutte, le jeu, les bijoux, la danse. Ce qui lui permet d'être le mieux à même de porter les masques ancestraux.
Observons alors que cette manière de faire met bel et bien en forme les quatre éléments constituant le contenu du développement.
Mais opposer la forme du don et du contre don Maori et la forme du capitalisme en stipulant que la première serait meilleure que la seconde parce que ce genre de don permettrait non pas de mesurer la meilleure manière d'être digne des masques ancestraux mais plutôt de réguler la puissance entre les clans alors que le capitalisme ne fait que l'aviver, cette façon d'opposer est absurde. Mais est bien en effet un ethnocentrisme habillé d'universel.
Car le capitalisme connaît lui aussi des formes de régulation comme les crises et les conflits exprimant l'aspiration des sociétés à économie capitaliste à débattre de façon durable sur la manière de mettre en forme les éléments indispensables au développement.
Or c'est précisément à partir d'un tel contenu que le désir de vouloir comparer ces deux formes d'économie de l'échange est possible. Et d'autant plus que c'est de toute façon ce qui se passe au quotidien puisque nous savons que lorsque des formations sociales confrontent leur manière de mettre en forme les libertés d'entreprendre et de penser, le respect de soi et d'autrui, elles peuvent ne pas en sortir indemnes.
C'est d'ailleurs là tout le tragique de la mondialisation depuis Rome et surtout Christophe Colomb.
Car si certaines formations peuvent intégrer le fait que certains "soi" s'emparent du contenu objectif de développement, inséré dans telle forme importée, d'autres formations n'y arrivent pas, ou le refusent, comme l'extension aux femmes des formes modernes de la liberté de penser et d'entreprendre, du respect de soi et d'autrui.
Mais nous savons aussi qu'il ne suffit pas d'affirmer les éléments constitutifs du développement. Il faut aussi vérifier si la manière d'en mettre en forme le contenu est adéquate aux principes de ces éléments, et ce en observant si elle renforce ou amoindrit le soi considéré.
Comment? C'est ce qu'il nous faut préciser maintenant.
Les critères d'estimation, au nombre de quatre, sont les indicateurs de développement des quatre éléments le constituant.
Nous avancerons ceci comme principe de toute estimation de l'action du point de vue du développement:
Le contenu d'une action donnée est perceptible objectivement selon qu'il renforce ou amoindrit les quatre éléments fondamentaux permettant le développement soi considéré, au-delà du fait que ceux-ci soient formellement et historiquement situés.
Mais de quelle manière tel choix d'attitudes et d'objets renforce ou amoindrit? Car ces deux derniers termes sont généraux; or, il s'agit aussi d'entrer dans le détail afin de préciser l'estimation de l'action.
Cette précision s'établira de la façon suivante:
Nous dirons qu'une action, un choix, amoindrit ou renforce ces quatre éléments fondamentaux que sont les libertés de penser et d'entreprendre, le respect de soi et d'autrui à partir de sa capacité à les conserver, affiner, disperser, dissoudre.
Pourquoi ces quatre notions et pas d'autres? Pourquoi quatre? En quoi se trouvent-elles parties prenantes du développement?
Avançons tout d'abord qu'elles semblent bien être présentes en permanence dans certaines édifications de l'action.
Par exemple le fait de conserver une continuité, d'en affiner le possible, d'en disperser les éléments sous plusieurs formes, d'en dissoudre certains.
Certains "soi" peuvent même privilégier comme attitude générale systématique ce à quoi renvoie chacun de ces quatre indicateurs de développement.
Ainsi tel soi sera plutôt conservateur ici, dissolu là. Bien sûr, il faudrait en préciser l'orientation car être conservateur ou dissoudre en vue de renforcer le développement ne veut pas dire la même chose lorsqu'il s'agit de l'amenuiser. Comme par exemple se fermer à autrui (individu), fabriquer dans n'importe quelle condition (entreprise), encadrer de manière totalitaire (institution) être donc en conservation négative, qui, à terme, fragilise le soi agissant ainsi.
Observons alors que ces notions, qui existent donc déjà communément comme types d'attitudes dans le développement de l'action, peuvent être également des espèces de points de passages obligés lorsque l'on s'aperçoit que la probabilité de leur présence se vérifie à chaque fois qu'il faille agir.
Ces points de passages obligés ou points nodaux peuvent être alors estimés interagissant entre eux ou agissant de façon autonome.
Ainsi, par exemple, lorsqu'il s'agit de (se) renforcer, le soi donné (individu, entreprise, institution), conserve une continuité dans l'action tout en restant ouvert car l'action a besoin d'un effort pérenne et réceptif aux changements.
Le soi considéré peut également:
- Affiner la réalisation s'il veut avoir un bon résultat.
- Disperser ses efforts afin de bien avoir prise sur la chose et de varier la tension par des plages de détente et d'activités différentes[14].
- Dissoudre les éléments non indispensables ou qui font obstacle, et faire donc des choix discriminants.
Si l'on prend maintenant l'amenuisement, qu'il soit directement volontaire, agrégatif, accidentel, il s'estimera dans le contraire suivant, antinomique au renforcement et donc conflictuel:
- Affaiblissement de la continuité donc de la conservation, ce qui peut impliquer de déformer drastiquement les quatre éléments fondamentaux et déboucher sur une conservation négative orientant par exemple les libertés d'entreprendre et de penser vers le non respect de soi et d'autrui.
- Limitation des possibilités de la dynamique globale à mobiliser de l'énergie pour affiner l'action.
Ce qui peut impliquer une déperdition de toute l'énergie dans une dispersion et une dissolution négative.
La conséquence de cette déperdition consiste à diriger uniquement l'énergie vers un affinement négatif, puisque se disperser et se dissoudre négativement signifient dissiper en permanence les libertés de penser et d'entreprendre, le respect de soi et d'autrui, dans des actions précisément non développantes. Comme par exemple des pratiques de vie et d'activité qui privilégient plutôt une croissance négative basée sur la négation non pas critique mais destructrice, telles des promesses (politiques, sentimentales) non tenues, des dettes à répétition, des investissements non respectueux du respect de soi et d'autrui.
En résumé, conserver, affiner, disperser, dissiper dans le sens du renforcement (positif) ou de l'amenuisement (négatif) sont dans un premier temps d'ores et déjà repérables comme types de développement condensant des attitudes données.
Mais ils sont aussi repérables comme points nodaux, points de passages obligés pour l'érection de l'action.
Ce sont alors des fonctions d'estimation et en même temps comportementales de développement qu'il est possible de repérer- et c'est justement tout l'enjeu ici, au sein de tel et tel résultat de l'action en observant si leur contenu agit ou non comme renforcement ou désintégration des quatre éléments (libertés de penser et d'entreprendre, respect de soi et d'autrui) permettant le développement du soi considéré.
Nous allons voir maintenant qu'il en est de même pour les structures institutionnelles ou collectives encadrant toute structuration de l'action en vue du développement. Elles se verront en effet estimées et classées selon que leurs jugements renforcent ou amoindrissent le soi considéré lorsqu'il développe les quatre éléments fondamentaux.
Les structures institutionnelles et collectives de l'action sont les preuves de l'existence des quatre éléments du développement et des quatre fonctions d'estimation.
La preuve de l'existence de ces quatre fonctions d'estimation, agissant à la fois comme indicateurs cognitifs et comportementaux du renforcement ou de l'amenuisement des quatre éléments constituant le développement, s'observe dans l'existence de structures institutionnelles et collectives.
En effet, celles-ci, par le biais de cadres et de groupes de références historiquement situés comme institutions et structures d'action, se chargent de mettre en forme, pour le meilleur ou pour le pire, dans l'affirmation ou la destruction, ces indicateurs d'estimation des fonctions de développement.
Pourquoi? Revenons à l'action. L'action, humaine, se distingue du réflexe et du mécanisme et existe pour réaliser les quatre éléments du développement. Et afin de s'affirmer dans le sens par exemple du renforcement, l'action a besoin, répétons-le, de se conserver, car l'action a besoin d'un effort pérenne; de s'affiner afin d'atteindre le meilleur résultat; de disperser les efforts (de varier la tension); de dissoudre ce qui n'est pas nécessaire pour faire des choix discriminants.
Il faut ajouter maintenant que l'action, en tant que telle, a besoin pour exister de trois éléments spécifiques communément admis et étudiés de manière séculaire dans des structures institutionnelles et collectives.
Il s'agit des éléments, but/fin, moyen/intermédiaire, limitation/justification.
Car l'action, humaine, distincte du réflexe et du mécanisme, pose en permanence des buts, des finalités, utilise des moyens, mobilise des intermédiaires, se réfère à des expériences, justifie le passage à l'acte.
Ainsi pour commencer par l'élément but/finalité, celui-ci définit un objet qui va mobiliser toute l'attention du développement. Selon l'objet, cette attention se doit d'être conservée, voire affinée, tandis que tout ce qui pourrait la dissiper serait dispersé et même dissous. Ce qui implique que cette insistance à se maintenir en direction du but va déployer le développement sous un angle final, dernier, tant que le but n'est pas atteint. Nous emprunterons le terme "eschatologie" afin de forger la notion de limite eschatologique qui exprime ce mouvement de mise en priorité absolue de tel but posé comme fin.
Certes les termes de "fin" et d'"eschatologie" peuvent sembler un peu trop amples pour viser n'importe quel but. Il n'empêche qu'il peut exister certains buts dont l'importance à être réalisés déclenche un mouvement engageant, motivant, tout le soi. Ils ont donc une dimension eschatologique car ils vont se poser comme finalité incontournable, chose nécessaire à faire, même s'il ne s'agit pas de choses sacrées au sens religieux comme le terme même peut le laisser croire. Mais nous l'employons parce que précisément cela veut aussi dire qu'il existe dans certaines recherches une dimension quasi "sacrale". C'est-à-dire s'imposant comme un impératif catégorique qui dépasse la notion de nécessité conditionnelle pour atteindre celle d'obligation impérieuse.
Par exemple, le fait de tenir une promesse, même minime. Or, elle revêt une dimension finale car elle exige de tout interrompre pour la réaliser.
Dans ces conditions, il est alors aisé d'observer que l'existence d'une telle exigence va trouver les moyens de sa réalisation et sa légitimité dans tel cadre de référence, au sein de tel groupe de référence, sous le regard de telle institution historiquement située.
Et lorsque l'on entre dans le détail, le soi considéré va alors chercher comme référence et légitimation, au sein d'un groupe et/ou d'une institution, ce qui lui permettra de renforcer ou d'amenuiser l'action déclenchée. C'est-à-dire de conserver, affiner, disperser, dissoudre dans un sens positif ou négatif.
Il en est de même pour les deux autres éléments de l'action. Ainsi, si un but pour se réaliser a besoin de certitude, de motivation dernière, il a aussi besoin de moyens, techniques, tactiques, stratégiques, spécifiques à son objet.
Nous nommerons cette dimension la limite téléologique, afin de souligner une corrélation étroite entre un but et ses moyens de réalisation. Et identiquement à la limite eschatologique, la limite téléologique va chercher ses cadres de références et ses justifications dans les groupes et les institutions, adéquats à son projet historiquement situé.
Enfin, si un soi a donc besoin de sacraliser sa motivation (eschatologie) et de trouver les moyens adéquats (téléologie), il doit aussi réaliser le but dans une forme conforme précisément à ce qu'il attend et à ce qu'il croit être. C'est la problématique du style, de la manière d'être présent au monde.
Nous nommerons ce geste mettant en accord le soi et le monde la limite entéléchique. Dans ces conditions, le soi va également chercher dans les groupes et les institutions ce qui va l'aider à (se) mettre en forme.
L'estimation de l'action va donc ainsi observer et classer les groupes et les institutions choisis par le soi pour assister son développement, selon qu'ils renforcent ou amenuisent la conservation, l'affinement, la dispersion, la dissolution des limites téléologiques, eschatologiques et entéléchiques qui scandent en permanence l'actualisation des libertés d'entreprendre et de penser, le respect de soi et d'autrui.
Bien entendu, ce processus d'estimation va toujours interagir avec un contexte socioculturel historiquement situé.
C'est ce qu'il nous faut voir en dernier lieu maintenant.
Le contexte social historique n'est pas un obstacle à une estimation pérenne.
Le contexte social historique n'est en effet pas un obstacle à l'estimation du processus décrit plus haut si et seulement si, néanmoins, on prend toujours en compte, dans la spécificité du contexte donné, d'une part le fait que les formes émergentes doivent être d'abord jugées par rapport à leur contenu en développement et non en les comparant seulement à d'autres formes déjà là.
D'autre part, il s'agit d'observer en quoi les rétroactions de certains des éléments spécifiques au contexte social historique influent sur le contenu permanent du développement. Afin d'estimer s'ils renforcent ou en amenuisent les quatre éléments fonctionnels constitutifs.
Ainsi, par exemple, l'impact de la technique, de la mondialisation, de la globalisation, de l'urbain, se caractérisant par la multiplicité des attitudes et des objets à disposition et la multiplicité des structures institutionnelles et collectives qui les justifient ou les critiquent, ne peut pas ne pas influer non seulement sur la forme contextuelle du développement mais aussi sur la structure de ses éléments constitutifs permanents.
Dans ces conditions, il s'agit de prendre un par un ces éléments contextuels et d'observer en quoi leur interaction avec les quatre éléments constitutifs du développement renforce ou amenuise celui-ci.
Par exemple, en estimant précisément comment les trois limites nécessaires à l'action (téléologie, eschatologie, entéléchie) se conservent, s'affinent, se dispersent et se dissolvent dans un sens positif ou négatif.
Ainsi, si l'on prend l'image mobile de plus en plus présente, il faut observer en quoi déjà son existence comme médium peut orienter, mais aussi renforcer ou amoindrir, ne serait-ce que le déclenchement du désir d'action.
Puis, en quoi la présentation de cadres de références et de groupes par le biais du médium intervient dans l'organisation même des trois limites constituant l'action.
Enfin, en quoi cette intervention conserve, affine, disperse, dissout les libertés d'entreprendre et de penser, le respect de soi et d'autrui.
L'estimation de l'action de tel soi consistera alors à définir en quoi telle interaction avec le médium, qu'il s'agisse de sa présence seule ou de ce qu'il véhicule, renforce ou amoindrit les trois limites de l'action en observant comment il conserve, affine, disperse et dissout le développement des quatre éléments constitutifs.
Cette méthode d'estimation testant ainsi le déploiement contextuel du contenu en développement devra s'effectuer pour chaque interaction engageant chaque soi. C'est ainsi que l'on pourra observer, le plus objectivement qui soit, en quoi et comment le contexte social historique renforce ou amenuise.
Partons de la mondialisation actuelle.
On en comprendrait sans doute mieux les pourtours s'il était par exemple admis que les migrations s'effectuent précisément parce que certaines formations sociales, mais aussi certaines structures symboliques institutionnalisées ou seulement civiles, deviennent attractives parce qu'elles apparaissent comme étant des formes à même de renforcer le contenu du développement.
Ainsi, il existe une corrélation forte entre le développement du soi, le développement de l'action et la recherche de la meilleure forme, formation sociale, politique, locale, nationale, internationale.
D'ailleurs, au vu de ce qui se passe aujourd'hui au niveau mondial pour trouver les meilleures régulations et institutions, cet effort de mise en forme en vue d'un développement durable est bien l'une des preuves de ce besoin d'approfondir objectivement les conditions d'élaboration de l'action.
Voilà pourquoi il semble bien qu'une méthode d'estimation capable d'en analyser objectivement les linéaments et d'aider à la décision est nécessaire. Surtout si elle est saisissable en tant que telle. C'est-à-dire si elle se déploie comme technique applicable à toute action au-delà des spécificités formelles historiquement situées. Car ce qui est en jeu c'est précisément le développement même du soi, c'est sa vie, sa vitalité[15] capable de (se) mettre en forme et dont il cherche toujours l'estimation objective, même s'il choisit le pire au meilleur, même s'il n'est pas d'accord, puisque son action nécessairement trouvera sa limite de développement et donc sa classification objective.
C'est tout le propos de cette méthode d'estimation proposée ici.
2. Déploiement de la méthode en deux types d'items.
Deux types, au moins, de vie inextricablement liés bien que distincts seront principalement et uniquement utilisés pour estimer les quatre éléments fondamentaux du développement.
C'est ce qu'il nous faut valider auparavant.
Le premier type déploiera ce que l'on peut nommer la vie relationnelle (VR). Il comprend au moins quatre relations permanentes d'interaction qui synthétisent ce que nous ont appris diverses disciplines et autres savoirs: la santé (physiologique et cognitive), l'affectivité (sympathie-antipathie, amour-haine), la motivation-conation (sens et forme spécifique de l'action), le ludique (la détente, les passions).
Le second type se nommera la vie institutionnelle (VI) et articule au moins trois relations spécifiques d'interactions permanentes qui ont été, elles aussi, dégagées par diverses disciplines et autres savoirs: le sociable (capacité de s'associer et de s'adapter au groupe), la représentation (conception multiforme de l'interactivité et perçue selon divers aspects, angles), la technique (les moyens matériels, outils, méthodes, disciplines, points de vue, permettant d'actualiser toutes les autres relations).
Pourquoi ces sept relations et non pas huit ou une seule? Et comment peut-on être sûrs que leur domaine de définition n'inclut pas des prénotions non fondées ou subjectivement orientées? Ces questions ne sont pas sans fondement.
La réponse ici consistera seulement à souligner que si l'on a dégagé au moins sept relations, il peut donc en avoir d'autres, et que l'on cherchera à éviter tout a priori non démontré en s'appuyant simplement sur des énoncés éternels qui ne préjugent pas déjà de la forme locale du contenu formel et historique.
Par exemple, il existe à l'évidence plusieurs formes de pratiques et/ou de méthodologie médicinale et médicale. L'important ici ne sera pas de les évaluer en tant que telles mais seulement de souligner qu'elles renvoient toutes à une relation pré-requise du développement, celle de l'aptitude à l'action.
Il serait alors possible de justifier ces sept relations permanentes qui interagissent l'une l'autre[16] selon des modalités diverses par chaque angle de vue ancré dans les disciplines et sciences appropriées et que nous pourrons intégrer comme corrélations lorsqu'il s'agirait d'estimer empiriquement.
Mais ce n'est pas notre objet car nous avons seulement ici à définir les items dans leur paramétrage permanent et non dans la variation concrète de leurs corrélations. Observons les successivement:
- La santé, physiologique et cognitive, est un concept suffisamment rassembleur pour stabiliser le contenu empirique permanent de cette nécessité fonctionnelle. Et selon que l'on se situe en conservation, affinement, dispersion, dissolution positive ou négative, le rapport au contenu empirique de la notion de santé, varie et cette variation rétroagit nécessairement et sur l'ordonnancement d'ensemble des quatre éléments du développement et sur leur devenir.
Il en sera de même pour l'affectivité dont l'importance est de plus en plus reconnue aujourd'hui puisque les émotions n'apparaissent plus seulement comme des capteurs de tension mais aussi des révélateurs de sentiment, de signification[17].
- La motivation-conation, quant à elle, ne doit pas être seulement perçue comme dynamique singularisant par l'action choisie le sens, le but donné au développement, mais aussi comme se déployant en tant que conation spécifique.
Car la motivation qui déclenche l'action se déploie aussi selon un angle, une manière, un style, qui imprime la conation, la tendance permanente d'un soi, son caractère. La corrélation entre motivation et conation marque donc la spécificité même de chaque soi en tant qu'il est celui-là et non un autre. C'est tout l'apport des psychologies de la motivation et de la conduite (Reuchlin, Nuttin). Mais aussi de la sociologie issue de Weber qui pose l'acteur comme module intentionnel de l'action.
- Quant au ludique, cette fonction déclenche le potentiel cognitif et émotionnel pour lui-même. Ainsi l'imaginaire, le jeu, déploient certes les enjeux du monde mais sans la conséquence immédiate de la sanction selon le résultat. C'est là le terrain même du plaisir à être cause[18] sans attendre le lent résultat des travaux et des jours.
Ces quatre interactions fondamentales forment donc le premier type, celui de la vie relationnelle (VR).
La justification des trois relations interactives permanentes du second type, celui de la vie institutionnelle (VI) peut, quant à elle, être établie comme suit:
Le sociable se prouve par l'existence du groupe et aussi par la façon dont le soi s'y insère comme acteur intentionnel et agent interdépendant[19].
La représentation se repère déjà dans le langage. Elle se vérifie ensuite dans tout ce qui est combinaison de significations établie selon divers angles et supports allant de l'artistique au scientifique.
La technique se perçoit dans tous les outils théoriques et pratiques forgés.
Bien entendu, ces deux types de vie - relationnelle et institutionnelle - qui interagissent l'un sur l'autre, n'agissent pas de la même façon selon que le soi est un individu, une entreprise, une institution, et selon le moment historique considéré.
Ainsi, aujourd'hui, si une entreprise n'est déjà pas, par nature, indifférente à la technique professionnelle qui renforce l'effort de ses employés (VI), elle peut de moins en moins négliger leur santé physique et morale (VR) qui détermine pour une part la bonne utilisation de VI. À moins de tomber sous la classification la plus restrictive qui soit: celle de la dissolution négative ou de l'anti-développement.
Par ailleurs, elle ne peut pas non plus faire fi de certains aspects du sociable qui structurent les relations inter salariés et celles qui sont établies entre ceux-ci et leur direction (VR). Par exemple, une bonne technique d'organisation interne, certains avantages, dont une bonne ergonomie et un intéressement (VI).
Avançons maintenant que chacun des aspects abordés au sein des deux relations (VR et VI) doit être évalué en premier par le biais des trois limites de l'action dégagées: but/fin, moyen/intermédiaire, limitation/justification.
Ce n'est qu'ensuite que les réponses doivent être évaluées selon les quatre fonctions et facteurs d'évaluation du développement. Car ce sont ceux-là qui classent ce qu'il en résulte comme conservation, affinement, dispersion, dissolution, positive et négative, lorsque l'on choisit tel but, tel moyen, telle justification.
Si nous établissions un questionnaire, nous pourrions procéder sous formes de questions fermées et distribuées en fonction des deux types d'items ou relations, dégagés (santé, affectivité, motivation-conation, ludique, sociable, représentation, technique). Ces questions interrogeraient alors l'importance des buts/fins, moyens/intermédiaires, limitation/justification, au sein de chacune des sept relations. Les réponses pourraient être classées selon une échelle de 1 à 10, répartie comme suit: De manière rare, irrégulière (1-3). Parfois, souvent (4-6). Régulier, intensif (7-10).
Il faudra ainsi entourer chaque réponse-type selon le choix opéré dans l'échelle proposée ci-dessus (1-3, 4-6, 7-10). Puis il s'agira de se reporter à la fin du questionnaire pour confronter le choix à une grille-type d'explication qui calculera pour chaque relation le contenu objectif en développement, à partir des quatre indicateurs (conservation, affinement, dispersion, dissolution) et de leur orientation renforcée (positive) ou amenuisée (négative).
Ainsi, selon que les buts, moyens, justifications, sont plus ou moins conservés, affinés dispersés dissous, à partir d'un mode qui renforce le développement ou l'amenuise au sein même des sept relations permanentes distribuées en deux types d'items vitaux (vie relationnelle et vie institutionnelle), il pourra se dégager un résultat ou profil de développement à un moment historique donné du soi considéré.
Nous allons maintenant appliquer la méthode à des exemples divers.
3. Les applications de la méthode
La structure diagnostiquée et probabilisée dans ses perspectives de développement est donc indifféremment le soi d'un individu, d'une entreprise, d'une institution.
Il s'agira d'abord d'observer dans l'évaluation des objectifs, des moyens et des justifications de l'action, comment se trouve appliqué le contenu des sept relations permanentes. Ce qui apporte un résultat donné. Il faudra ensuite reporter celui-ci aux critères d'évaluation des quatre éléments fondamentaux du développement (liberté de penser et d'entreprendre, respect de soi et d'autrui) pour qualifier la nature du résultat atteint. De ce fait, il n'est pas besoin, à ce stade de l'analyse, d'entrer dans le détail explicite de l'application des sept relations puisque selon qu'elles sont plus ou moins actualisées elles orientent positivement ou négativement la conservation, l'affinement, la dispersion, la dissolution, du développement du soi considéré.
A.1. La conservation positive
Détails de la définition: la conservation en général consiste à tenir les objectifs, malgré un environnement hostile. En dimension positive, cela signifie viser la continuité et la durée dans l'effort, dans la mesure du possible, ainsi que la prise en compte des intérêts et du confort de chaque élément, citoyen, client, salarié compris. Ce qui implique déjà de respecter le contenu des sept relations permanentes.
Soit, dans ce cas la typologie suivante: un soi, (individu, entreprise, institution) en position de conservation positive laisse responsable et autonome chacun de ses éléments pour s'organiser et atteindre les objectifs d'ensemble car il faut s'allier les meilleurs et en optimiser le potentiel.
1.1. Ainsi pour une entreprise: chaque service - de la maintenance à la logistique - est libre de s'organiser comme il l'entend si et seulement si cette liberté est conforme aux objectifs d'ensemble et à leur économie d'échelle. Le tout étant perçu dans une gestion optimale des risques et du programme stratégique.
Par exemple, dans cette position de conservation positive, le service financier peut certes intervenir de manière autonome sur les marchés des capitaux et des monnaies selon les possibilités mais ce seulement lorsque le risque pris ne remet pas en cause les équilibres totaux de l'entreprise, incluant les intérêts des salariés. Néanmoins, ces derniers se doivent de participer à l'actionnariat et donc d'entrer en conservation positive s'ils veulent que leurs intérêts soient effectivement pris en compte à parts égales de risques.
De même, chaque service et chaque élément en son sein peuvent organiser le travail et tout leur emploi du temps s'ils acceptent de voir mesurer leur action en nombre d'objectifs atteints.
Exemple: le fait que Renault puis Nissan aient pu établir un plan d'économie sans restructuration violente du genre licenciement massif. Sous réserve du moins que ceci ne joue pas contre la fiabilité de ses produits. Car, autrement, on basculerait dans le versant négatif. Y compris du propre point de vue de Renault. Le suivi dans le service après vente et la bonne gestion de la relation client sont également des exemples de conservation positive.
1.2. Pour une institution, les items constitutifs de la conservation positive ne diffèrent en rien de ce qui est dit précédemment. Certes le principe de service public, dans les dispositions législatives actuelles, n'a pas obligation à rentabilité. Il n'empêche qu'une institution désireuse d'être en phase avec la demande citoyenne ne peut pas ne pas prendre en compte les intérêts de celle-ci en tant qu'elle est aussi commanditaire de l'institution donnée. Ce qui implique une organisation adéquate aux besoins considérés du public, puisque "service public" il y a.
Le gouvernement de la République en est le mandataire tandis que le Conseil d'Etat et le Conseil Constitutionnel en sont les dépositaires légaux, chargés de veiller à la protection du contenu positif de la notion.
Exemple: la convention contractuelle de l'assurance-chômage intitulée en France le PARE (Plan d'aide de retour à l'emploi) permet de concilier droit au travail, protection sociale et adaptation négociée de l'acteur citoyen aux demandes objectives de la production et de la société en général quant à sa transformation en tant qu'agent donné à un moment historique considéré.
1.3. Pour un individu, la position de conservation positive consiste à s'organiser de telle sorte que ni soi-même ni les autres puissent en pâtir. Dans ce cas, l'estimation se confond avec l'estime de soi puisque, dans cette position, l'action entamée respecte l'image de soi, tournée vers la conservation positive du développement visé. C'est-à-dire un déploiement en durée de son potentiel d'action par le biais des quatre éléments fondamentaux.
Exemple: dans cette position, l'épanouissement de soi ne peut pas s'effectuer au détriment de l'épanouissement d'autrui. La conservation positive implique dans ce cas la recherche d'une durée et d'un confort dans les relations interpersonnelles et professionnelles.
A.2. La conservation négative
Détails de la définition: la conservation négative consiste certes à se conserver, mais de telle sorte qu'elle en arrive à nier les objectifs d'autrui et les besoins d'innovation, soit par conviction, soit par nécessité impérieuse. Le résultat est toujours à terme nocif au développement.
2.1. Pour une entreprise: cela implique de fonctionner uniquement de manière verticale et fermée, tout en visant seulement le court terme. Soit pour des raisons tactiques ou accidentelles comme le fait de restructurer à chaud, de geler telle augmentation de salaires ou tel investissement à la suite de mauvais résultats; soit par souci de centrer sinon uniquement du moins principalement l'accroissement des bénéfices sur une permanente réduction drastique des coûts.
Exemple: le manque de recherche-développement, d'analyse des risques, d'économie d'échelle et de politique d'alliance illustre cette position. De même que l'échec de certains investissements dans des entreprises en ligne (ex: Prodigy d'IBM et de Sears Roebuck)[20], uniquement basés sur la spéculation boursière, et de certaines fusions élaborées seulement sur la base du potentiel comptable et non aussi sur une estimation pratique des contraintes objectives et de ce qu'il faut déployer comme forme de l'action pour y arriver.
Le fait de délocaliser brutalement et de sous-payer certaines catégories d'employés parce qu'elles ne sont pas organisées syndicalement et/ou vivent dans des pays sous-développés exprime aussi cette position.
De même, répercuter uniquement les hausses des coûts dans le prix des marchandises comme le font la plupart des compagnies pétrolières, mais aussi l'Etat entrepreneur illustrent la conservation négative. Quoique sur un autre plan, la pratique de Microsoft d'imposer son navigateur intégré dans son logiciel Windows exprime encore plus son caractère nocif.
Et le fait d'insérer des petits compléments de logiciels pour traquer les envies des consommateurs en ligne et à leur insu fait partie de cette nocivité. Enfin la position de certains Etats de ne pas tenir compte des accords signés, et, a contrario, le refus idéologique de certains dirigeants de partis d'accepter des compromis nécessaires pour y arriver, expriment également cette notion de conservation négative.
2.2. Pour une institution, cela peut vouloir dire de se rétracter sur ses intérêts et ses acquis en refusant toute modification. Ou d'imposer une réforme sans avoir recours à l'avis des fonctionnaires concernés.
Exemple: lorsque les syndicats représentant les services de la comptabilité publique et des impôts ont expliqué que leur refus de la réforme envisagée se justifiait principalement par le fait de ne pas avoir été associé au processus, alors que la réalité semble avoir été bien plus complexe que cela, d'un côté, et que la direction ne semble pas avoir tout essayé de l'autre côté.
D'ailleurs il semble bien qu'il y ait eu là un exemple presque typique de conservation négative réciproque (nous reviendrons sur cet exemple plus loin). De même, lorsque "la" classe politique française pense que l'élévation actuelle du taux d'abstention est conjoncturelle ou liée seulement à telle ou telle cause unique et donc passagère, il s'avère qu'elle semble bien se rétracter sur une conservation négative qui dénie que d'autres corrélations soient aussi causes d'une telle déflexion.
2.3. Pour un individu, le versant négatif de la conservation consistera à viser uniquement dans les relations la manipulation d'autrui sans tenir compte des intérêts de celui-ci.
Exemple: le fait de mentir à quelqu'un pour avoir ses faveurs, de se cacher à soi-même ses erreurs et ses dysfonctionnements, de refuser d'aider autrui alors que l'on est en position de le faire (car il ne s'agit pas de se mettre soi-même en danger), illustrent bien les effets pratiques de cet aspect nocif de la conservation du développement.
A.3. L'affinement positif
Détails de la définition: L'affinement positif consiste à optimiser la conservation positive de telle sorte que le fait de tenir les objectifs s'effectue en réunissant les meilleures conditions internes et externes. Ce qui signifie de tenir compte au mieux de la place de chaque élément nécessaire à la réalisation des objectifs. Cela veut dire aussi développer la meilleure image à l'intérieur et à l'extérieur de soi, d'affiner donc son comportement au diapason de son potentiel et des attentes relationnelles et institutionnelles d'autrui. Par exemple en s'associant à diverses actions de développement ayant en vue le renforcement des autres "soi". Car plus le soi s'optimise, plus les conditions d'accroître le développement et donc la quiétude et la prospérité pour tous s'affinent.
3.1. Pour une entreprise, cela implique la meilleure perception de son apport sur le marché, une ergonomie optimum, une excellente interaction direction/employés, un très bon équilibre dans la répartition des bénéfices entre dividendes, options/spéculations, salaires, investissements, l'encouragement à la prise d'actions par les salariés, considérés plutôt comme partenaires qu'employés.
Exemple: la manière dont Air France a pu effectuer sa restructuration en prenant en compte les intérêts de l'ensemble de ses salariés. De même, la façon dont France Télécom a pu associer ses employés dans sa restructuration (même si à la fin les décisions stratégiques ont été plutôt prises en petit comité, affinement négatif, avec les résultats que l'on sait...). Notons également la vogue actuelle des investissements dits "éthiques" ou tenant compte de l'environnement et dont la rentabilité est excellente. Le conseil personnalisé et garanti. L'aide diversifiée aux salariés.
3.2. Pour une institution, l'affinement positif signifie améliorer en permanence l'application des principes fondateurs tout en innovant en la matière par la simplification des procédures et la réduction des niveaux intermédiaires.
Exemple: lorsque Électricité de France fait le bilan de la tempête de décembre 1999 en programmant un vaste plan de modernisation du réseau et de l'organisation des ressources humaines (alors que pour les orientations stratégiques il faut plutôt parler d'affinement négatif). Lorsque certaines mairies prennent au sérieux les problèmes de transport et de santé public, dus à la pollution, et lorsque des ministères comme ceux de la Justice, de l'Éducation, tentent d'affiner leur offre en amorçant des réformes nécessaires: les institutions tentent d'être non seulement en phase avec la demande citoyenne, mais cherchent aussi à renforcer les sentiments de justice nécessaires au développement du soi.
3.3. Pour un individu, l'affinement positif implique de s'estimer lucidement en vue d'accroître de telle sorte le développement interne et externe que celui-ci devient suffisamment fort pour écarter tout ce qui peut paraître redondant et rigide, telles des habitudes ou des coutumes ne favorisant pas les quatre éléments du développement et des rancoeurs et des peurs qui peuvent retenir une énergie autrement indispensable pour l'action positive. C'est aussi la recherche d'un diapason entre la raison et l'émotion qui permet de concilier le plus possible l'accord entre l'individu et l'environnement.
Exemple: lorsqu'un individu reconnaît ses erreurs et accepte de modifier en conséquence son attitude. Ce qui lui permet de gagner en capacité réactive et de mobiliser toute son énergie vers les objectifs futurs. Lorsque la recherche du chatoiement et de la beauté vise à affiner les sens et les sentiments.
A.4. L'affinement négatif
Détails de la définition: ce versant préfère la croissance pour la croissance au développement durable parce qu'il projette un narcissisme esthétisant qui veut créer le monde à sa seule image, préférant dans ce cas la seule croissance quantitative et ostentatoire plutôt que le développement qualitatif et harmonieux qui ne s'oppose pas au profit mais le limite lorsque ses conditions de production deviennent excessives.
4.1. Pour une entreprise, cela veut dire viser la suprématie dans un secteur, basant la croissance uniquement sur le rachat agressif de tous les concurrents par le biais d'Opérations Publiques d'Achats hostiles. Cela signifie aussi accroître un productivisme sans tenir compte des aspects nocifs à terme d'un tel processus.
Exemple: la crise dite de "la vache folle" a bien exprimé cette recherche de la croissance pour la croissance en vue de toucher le plus possible de subventions, sans tenir compte des indices concordants qui mettaient en cause de plus en plus certaines conditions de production, même si les règles hygiéniques étaient respectées.
4.2. Pour une institution, l'affinement négatif signifie de faire passer ses propres opinions et intérêts comme faits objectifs issus de la volonté générale.
Exemple: Le fait que l'Etat en France refuse pour le moment que l'on ouvre le marché de la consommation électrique aux petites entreprises et aux particuliers, ainsi que le marché du transport ferroviaire, comme il l'a fait pourtant pour le téléphone et l'audiovisuel. Cette ouverture ne veut pas dire qu'il ne faille pas mettre sur pied des instances de régulation indépendantes puisque dans le cadre de l'affinement, l'Etat se doit de veiller à la quiétude du citoyen consommateur. Dans un autre domaine, la volonté de réformer l'Education nationale tentée par Claude Allègre a beaucoup plus échoué par excès de confiance dans le diagnostic supposé sans appel que par la seule rétractation des syndicats sur une position de stricte conservation négative.
4.3. Pour un individu, l'affinement négatif consiste à ne viser que l'apparence ostentatoire des êtres et des choses. De plus, l'artifice esthétisant déconnectant l'instant de sa continuité symbolique donne l'impression de pouvoir afficher des conduites et de les contredire tout aussitôt. Dans cette position, c'est ce mouvement plastique de relativisation qui est privilégié. Ainsi le raffinement ostentatoire primera sur l'affinement des relations avec les êtres et les objets.
Exemple: festoyer, posséder des biens luxurieux n'auront pas pour objet de développer une magnificence s'imprégnant de l'esprit du temps saisi dans son optimum multiforme, mais plutôt de déployer une ostentation.
A.5. La dispersion positive
Détails de la définition: disperser positivement l'action ne signifie pas seulement le fait de se diversifier dans plusieurs types de pratiques. Il s'agit aussi d'avoir à disposition pour chaque action plusieurs angles de vue et de jugement qui sont sur un même pied d'impartialité puisqu'ils sont indispensables les uns et les autres, les uns pour les autres.
5.1. Pour une entreprise, il n'y a pas de supériorité dans la stratification interne entre les services des divers pôles de développement. Du moins en position de conservation et d'affinement positifs.
Exemple: cela signifie que le commercial, la recherche-développement, la gestion des ressources humaines peuvent ainsi discuter les directives de l'équipe dirigeante, y compris jusqu'au conflit puisque la conservation et l'affinement négatifs ne prennent pas le pas sur l'objectivité nécessaire.
5.2. Pour une institution, cela signifie que les administrations collaborent. Ce qui implique interdisciplinarité et subsidiarité.
Exemple: la politique de la ville nécessite une intersection de services issus de divers ministères et administrations territoriales.
L'aménagement du territoire implique de combiner dans le temps les interventions afin de ne pas voir les mêmes trottoirs ouverts plusieurs fois par EDF, Gaz de France, le service des eaux, France Télécom... Une réduction de la pollution urbaine exige une politique des transports qui implique une réforme profonde de leur mode de fonctionnement.
5.3. Pour un individu, cela nécessite d'admettre la diversité des angles et des points de vue. Mais aussi la faculté de combiner des moments de détente et d'activités autres. Car la saturation se renverse en son contraire et transforme le stress positif en énervement improductif.
Exemple: certains mathématiciens expliquent qu'ils ont l'esprit bien plus clair lorsqu'ils font une activité manuelle après s'être penchés sur un problème ardu. De même, lors des rencontres scientifiques, on s'est aperçu que les dialogues dans les couloirs et à l'heure des repas étaient bien plus fructueux pour les échanges d'idées que la seule exposition formelle à la tribune. Par ailleurs, l'investissement dans des activités sportives et citoyennes renforce l'estime de soi dans tous les sens du terme.
A.6. La dispersion négative
Détails de la définition: la dispersion négative consiste en ce que chaque élément fait ce qu'il entend.
6.1. Pour une entreprise, chaque pôle de produit a transformé son autonomie en quasi indépendance jusqu'à posséder même certains appuis parmi les actionnaires. Ou encore certains actionnaires ont réussi à imposer un déploiement des actifs sans tenir compte des autres pôles décisionnaires.
Exemple: lorsque certains financiers se sont tournés vers les jeunes pousses de la dite nouvelle économie sans aucune prudence, en croyant que le marché de la consommation électronique peut en un clin d'oeil se substituer à des processus symboliques complexes d'achat. Ainsi acheter un billet d'avion en ligne n'a rien à voir avec le fait d'acheter un livre ou un disque en ligne. L'interaction acheteur-libraire ou disquaire n'est pas quelconque.
6.2. Pour une institution, la dispersion négative peut être encore plus flagrante puisque d'après Michel Rocard une décision prise au Conseil des ministres peut mettre six mois au minimum pour être appliquée.
Exemple: les gaspillages relevés chaque année par la Cour des Comptes. La multiplicité des niveaux décisionnels.
6.3. Pour un individu, cela implique d'être engagé dans trop d'activités et de relations en même temps sans les hiérarchiser.
Exemple: le fait de ne plus faire de distinction entre un dedans et un dehors. Ce qui implique de laisser sa vie publique et professionnelle envahir sa vie privée.
A.7. La dissolution positive
Détails de la définition: la dissolution positive consiste à choisir et à prendre une décision dont l'application est susceptible d'optimiser l'action.
Le soi considéré déclenche la fonction de dissolution positive afin de prendre les décisions à même de conserver et d'affiner la pérennité dispersive de l'action entreprise. Ce qui implique de favoriser telle application plutôt que telle autre. Ce qui nécessite cependant de prendre en compte les contraintes des fonctions de conservation et d'affinement. Et donc de ne pas prendre de décisions sans tenir compte de l'avis des divers éléments éventuellement concernés.
7.1. Pour une entreprise, cette fonction s'articule à la notion de positivité car elle consiste tout d'abord à bien faire le point sur les tenants et les aboutissants d'une stratégie avant de trancher ou, plutôt, et tant qu'à faire car la notion d'affinement positif peut être aussi en jeu, avant de délier le noeud gordien. Du moins lorsque c'est possible. Le fait de délier plutôt que de trancher implique dans ce cas de circonscrire au mieux les éléments susceptibles d'aider à conserver la visée des objectifs et d'en affiner la réalisation dans des structures dispersives données tout en dissolvant par une bonne logistique et les économies d'échelle adéquates tout ce qui n'est pas nécessaire.
Exemple: la manière dont les économies d'échelle et les intégrations horizontales par plate forme d'activités sont effectuées dans l'industrie automobile.
7.2. Pour une institution, il s'agit de prendre des décisions en associant toutes les parties en jeu, quitte à s'appuyer sur une légitimité parlementaire ou référendaire lorsque le débat est figé.
Exemple: Il n'est pas nécessaire dans un premier temps de soumettre aux parties un document trop élaboré. Ou d'agir d'abord par questionnaire. Car ces actions seraient susceptibles d'être perçues comme étant en fait les pièces d'une matrice implicite qu'il ne s'agirait plus que d'amender.
La manière dont EDF, à la suite de France Télécom, organise et décide de sa restructuration en associant peu à peu l'ensemble de son personnel est intéressante à cet égard, (mais elle ne doit pas s'en satisfaire si l'on ne veut pas que le marché de dupes ayant existé à France Télécom, le tunnel sous la Manche, se réitère).
Nous en sommes loin à la Société nationale des chemins de fer et à l'Éducation nationale, ni non plus à l'échelle internationale au sein des instances de régulation.
7.3. Pour un individu, la dissolution positive nécessite de prendre une décision qui puisse renforcer de telle sorte le développement choisi qu'elle ne remet pas en cause mais au contraire applique les dispositions nécessaires aux aspects positifs des trois autres critères de développement. Dans ces conditions, la distinction entre objectivité et subjectivité devient simplement une question de degré d'application et non une différence de nature puisque la notion de valeur doit être objectivement prise en compte comme facteur décisif en chacune des sept relations fondamentales puisqu'il met en jeu les quatre éléments permanents du développement.
Exemple: la décision prise n'oppose pas par principe raison et sentiment, tout dépend de la situation et du cas. De même, la décision de rompre une relation ou de refuser de s'engager dans une situation jugée scabreuse peut se justifier si l'on admet qu'il y va de l'optimisation de chaque pas de l'action scandée afin d'atteindre la déhiscence du développement.
A.8. La dissolution négative
Détails de la définition: la dissolution négative surgit lorsque les trois autres fonctions d'estimation indiquent que le soi considéré a atteint ou programmé un état tel de négativité que se trouve déclenchée la destruction pure et simple de toute altérité.
Ainsi la conservation n'a plus d'autre objet que sa rétractation sur ses positions acquises. L'affinement préfère constamment l'artifice du court terme et de l'ostentation. La dispersion et la dissolution montrent beaucoup plus une juxtaposition de prises de décisions qu'une cohérence d'ensemble.
8.1. Pour une entreprise, la dissolution négative engendre ou entraîne - selon qu'elle est subie ou déclenchée - une désarticulation des cohérences qui accentue le processus de dispersion négative ou rétracte brutalement l'entreprise sur la conservation et l'affinement négatifs.
Exemple: comme la prévision et la recherche-développement ont été des éléments peu ou jamais développés, il s'avère qu'en cas de résultats négatifs il faut prendre des décisions brutales qui cependant épargnent le train de vie et les avantages de la direction. C'est aussi le rachat et la revente en cascade d'une entreprise sans que ses employés aient été sinon associés du moins suffisamment avertis du changement. C'est également la dislocation des conventions traditionnelles et contractuelles comme le respect des délais et du règlement des factures. C'est bien sûr la fraude et la tromperie, comme l'entreprise américaine Enron, qui est à la dois coupable d'avoir fait monter artificiellement le coût de l'électricité en Californie et de maquiller ses comptes. N'oublions pas le Crédit Lyonnais, il y a quelques temps.
8.2. Pour une institution, la dissolution négative consiste à passer non seulement les intérêts catégoriels avant l'intérêt commun de la collectivité mais également de s'appuyer sur ce dernier pour renflouer les déficits déclenchés par les premiers. Or il s'agit d'établir une distinction entre le déficit induit strictement par une exigence de modernisation de tel ou tel service public - qui d'ailleurs peut être contenu par les péréquations d'un fonds commun de placement, et le déficit induit par des gaspillages - relevés par exemple par la Cour des Comptes, et des passe droits ou des abus de biens sociaux non justifiés.
Exemple: toute structure qui tourne à vide, gonflant sa dette en permanence. Les imprévoyances qui ont abouti au sang contaminé, au maintien des farines animales.
8.3. Pour un individu, la dissolution négative consiste à ne s'affirmer qu'en prenant constamment des décisions accentuant le négatif des trois autres critères: ainsi la conservation négative poussera l'égoïsme vers un solipsisme. L'affinement négatif se rétractera encore plus vers un esthétisme exacerbé de l'apparence. Tandis que la dispersion négative penchera de plus en plus vers une mise en équivalence de toutes les relations interpersonnelles.
Exemple: L'aléatoire est maître de la situation et en fait varie selon le caprice ou le rapport de forces qui tous deux dominent l'espace de chaque instant. Dans ces conditions les notions de durée, confiance, promesse n'ont plus aucun sens.
Synthétisons maintenant l'ensemble dans trois exemples finaux.
1er exemple. Le soi est une institution.
Partons de la réforme avortée de Bercy. Quelle était la situation? D'après Luc Rouban, interviewé par Les Echos du 13 et 14 octobre 2000, il s'agissait de "fusionner la comptabilité publique et les impôts, deux corps historiquement à couteaux tirés. Résultat: les syndicats majoritaires des deux directions se sont entendus pour défendre le statu quo. Dans le passé, de telles fusions ont déjà eu lieu - la direction des Assurances a intégré la direction du Trésor -, mais elles se sont faites en plusieurs années, peu à peu, grâce à la suppression des barrières techniques."
Le point d'achoppement résida dans les deux termes "fusionner" et "intégrer". Car la fusion signifie un 1+1=1. Or cela est impossible s'il n'y a pas la création d'une entité nouvelle (affinement positif) capable de respecter les deux parties, la comptabilité publique et les impôts, qui ont par ailleurs une toute autre histoire, vision, motivation, que les Assurances et le Trésor. Ce qui implique alors également d'écarter le terme "intégrer" qui ne renvoie qu'à 1+1=2.
Il faut donc atteindre plutôt 1+1 = 3. Le "+" étant lui aussi un terme à ajouter. Puisque si l'on s'appuie sur le principe stipulant qu'un tout est plus que la somme de ses parties, et que l'on connaît un tant soit peu l'état d'esprit du service public français surtout dans la haute administration, il faut proposer aux parties une troisième dimension. Une nouvelle entité capable de les respecter et de sauvegarder la liberté de penser et d'entreprendre.
Ce qui veut dire qu'il ne faut pas seulement avancer des avantages quantitatifs. Car les parties peuvent idéologiquement avoir l'impression de se faire acheter - d'autant qu'elles ont déjà ce qu'il faut.
Cette nouvelle dimension de développement déploie donc un but à la fois technique et politique (dispersion et dissolution positives). Comme par exemple la meilleure utilisation des biens et des avoirs de l'Etat pour assurer au mieux le service public (conservation et affinement positifs).
Il faut donc jouer sur le prestige d'une mission fondatrice nouvelle permettant de mieux asseoir les moyens d'actions de l'Etat (conservation positive).
Il faut ainsi être politique en motivant idéologiquement la raison de la restructuration. Et il faut être technique en créant une entité nouvelle qui permette de mieux articuler les deux parties "historiquement à couteaux tirés".
L'Etat tente par exemple d'appliquer actuellement la "gestion prévisionnelle des emplois des effectifs et des compétences" (GPEC).
Gageons qu'il n'y arrivera pas s'il aborde le problème de la même façon. Car en proposant seulement une conservation positive, qui existe déjà pour les parties en présence avec leurs solides avantages, il va rétracter celles-ci sur la conservation négative.
Or, et surtout en France, l'on avance une réforme qu'en présentant d'abord son avantage à "l'intérêt général" (affinement positif). Du moins si l'on ne veut pas voir les parties concernées se calfeutrer derrière. En France parler chiffres et promotions, de manière abrupte, semble indécent, même si chacun y pense.
2e exemple. Le soi est une entreprise publique.
Parlons de la Régie Autonome des Transports Parisiens ou de la SNCF. Comment résoudre la quadrature du cercle suivante: augmenter le trafic voyageur, le fret, le ferroutage, et l'avoir financier pour moderniser, sans augmenter de trop le prix et les cadences de travail alors que les transports publics à la française fonctionnent actuellement en inadéquation avec la nouvelle découpe du temps social et urbain qui devient de plus en plus continu et mondial. Tout bilan achoppe préalablement sur ce cercle.
Or, on peut sortir de ce dernier en le tirant vers le haut (affinement positif). Il faudra par exemple qu'une décision (législative et référendaire) permette, d'un côté, une ouverture de capital, voire une privatisation. C'est une donnée objective. Car il est préférable que ces entreprises deviennent bénéficiaires (conservation positive) afin de pouvoir payer de l'impôt nécessaire au financement de la réforme de l'Etat, justice, formation, protections diverses (affinement positif). Mais cela impliquera également d'obéir à un strict cahier des charges.
De l'autre côté, il est possible à court et moyen termes de trouver un financement en permettant aux entreprises de défalquer le coût de la carte orange, pris en charge en totalité, de la somme qu'elles payent pour la taxe professionnelle. Ce qui est déjà une forte incitation pour les salariés. Et, afin de compenser le manque à gagner pour les collectivités locales, un fond de péréquation, et/ou un pourcentage donné de la Contribution Santé Généralisée peu(ven)t être mis sur pied puisque des transports propres (à base de moteur à hydrogène et de pile à combustible) participent à la lutte contre la pollution de l'air et donc soulagent par exemple le budget santé.
Un affinement positif est alors possible: avoir plus de transports signifie plus de trafic, ce qui implique plus de consommateurs pour les autres commerces de la ville, ce qui implique plus de Taxe sur la Valeur Ajoutée et donc plus de fonds qui peuvent être réinvestis dans plus de matériels et plus d'emplois puisque, en effet, le travail se fait en continu.
Par la suite, lorsque l'idée de capitalisation pourra être considérée comme un élément positif du développement, alors l'existence d'un fort actionnariat salarié permettra de développer encore plus la qualité du service.
3e exemple. Le soi est un individu.
Partons d'un couple. Le fait de se plaire et donc d'aller vers la personne pour laquelle on ressent une combinaison, harmonieuse, de raison et de sentiment répond au critère de conservation positive. Puis la possibilité de chercher à parfaire la relation en faisant en sorte que chaque pas de toute action soit pensé en vue de renforcer le développement permet de satisfaire au critère d'affinement positif.
Le fait ensuite de diversifier les habitudes et les pratiques en programmant l'alternance des plages d'activités et de détentes au fil des travaux et des jours répond au critère de dispersion positive. Enfin, pour parfaire l'ensemble de ces dispositions, il est nécessaire de choisir adéquatement les objectifs, les moyens, et les justifications et donc d'écarter tout ce qui semble aller à l'encontre du "bon" développement. Ce qui répond au critère de la dissolution positive. C'est-à-dire à ce procédé cognitif qui permet de renforcer positivement le déploiement du potentiel de chacun. Ce qui implique de développer les meilleures émotions et sentiments en écartant ceux qui sont susceptibles d'accroître le côté négatif de la conservation, de l'affinement et de la dispersion qui ne voit plus en autrui que ce qui a été dissous, autrui devenant le miroir de sa propre réflexion.
En conclusion, nous justifierons la mise au point d'une telle méthode d'estimation articulant diagnostic multiforme et proposition de solutions en sachant bien que la décision de l'action au quotidien ne cherche pas nécessairement à se valider par la seule explication analytique objective.
Il va de soi que l'on s'appuie souvent sur des formes plus usuelles, s'affichant par exemple dans telle référence prestigieuse, tel ou tel système de savoir.
Seulement, notre propos n'est pas d'opposer les phénomènes de croyance, mais de souligner qu'au-delà des distinctions, des cadres de référence, il existe un point commun, le point du développement humain.
Et celui-là peut être saisi le plus objectivement qui soit. En ce sens qu'il devient un étalon de mesure ultime pour non seulement passer au crible l'action, y compris lorsqu'il s'agit de décisions politiques, mais aussi pour ériger un comportement. Et ce dans la moindre action, à commencer par une pensée, un regard, un souffle, un pas, qui conserve, affine, disperse, dissous, pour renforcer ou amoindrir selon des buts, leurs moyens et leurs formes venant chercher dans les cadres et les cercles de référence les limites nécessaires pour dessiner et vivre l'action.
C'est là tout l'objectif de notre méthode d'estimation du soi du point de vue du développement.
- Notes:
- 1.- Quine WV, Philosophie de la logique, Paris, Aubier, 1975, p. 26.
- 2.- Phénoménologie de l'esprit, préface, Aubier, trad. Hyppolite de l'édition Lasson 1937, tome 1, 1807, p. 16.
- 3.- Les travaux de Jean Piaget (Le comportement moteur de l'évolution, Paris, Gallimard, 1976) et de Joseph Nuttin (Théorie de la motivation humaine, 1980, seconde édition 1984, 3ème édition PUF, 1991, coll. Psychologie aujourd'hui).
- 4.- Plutôt que le concept de l'auto-organisation trop restrictif. Le concept d'autodéveloppement est en effet un concept plus large que celui de l'auto-organisation en ce que le premier n'a pas comme seul dessein l'équilibre fermée de sa propre organisation, à l'instar des systèmes biologiques premiers que le concept d'homéostasie caractérise (Nuttin, 1980, p. 224-226), car il interagit avec ce qui n'est pas lui. Ce qui implique par exemple de ne pas l'absorber dans l'interaction. L'auto-organisation est donc plutôt la base statique de tout existant. Alors que le développement est son élément dynamique. L'estimation, dans ce cas, interroge le sens de cette dynamique et, précisément, ne peut pas réduire l'humain au vivant. Et donc la société humaine à la société animale... C'est d'ailleurs, semble-t-il, l'objection de Marx à Darwin, même si Marx a lui-même procédé ainsi sur un autre plan en réduisant l'humain à l'histoire, évacuant alors la réalité éternelle, celle justement permettant le développement de toute histoire possible.
- 5.- Par exemple L'individualisme méthodologique de Max Weber (1922) amplifiée par Raymond Boudon (1977), (voir également sur l'apport de ce dernier, l'article de Mohamed Cherkaoui consacré aux "Mécanismes générateurs", in L'acteur et ses raisons, PUF, 2000, p. 130). Sans oublier La théorie de l'action mise au point par Parsons et articulée par François Bourricaud à L'individualisme institutionnel d'Emile Durkheim (1977, Puf).
- 6.- Joseph Nuttin, psychologue de la motivation et particulièrement de "l'auto-développement", dont le psychologue de la conduite Maurice Reuchlin se sent proche (1990 p. 10-11) observe ceci à propos du besoin: "Au lieu de dériver d'un stimulus externe, ou d'un déficit, le besoin est inhérent au fonctionnement sur la base de la complémentarité qui caractérise les pôles de l'unité fonctionnelle Individu-Environnement (I-E). Les relations interactionnelles qui constituent le fonctionnement de l'individu ne sont pas de simples données de fait; ce sont des "exigences" fonctionnelles. Ainsi le besoin se définit comme une relation "requise" entre l'individu et le monde, ou plus précisément le besoin est cette relation en tant que requise pour le fonctionnement (optimal) de l'individu. (...). (Op.cit., 1980, p. 105).
- 7.- Émile Durkheim: "Le mot de fonction est employé de deux manières assez différentes. Tantôt il désigne un système de mouvements vitaux, abstraction faite de leurs conséquences, tantôt il exprime le rapport de correspondance qui existe entre ces mouvements et quelque besoin de l'organisme. (...). C'est dans cette seconde acception que nous entendons le mot. (...)" (1893, De la division du travail social, 10ème édition, 1978, PUF, p. 11).
Nous retiendrons une définition du terme fonction chez Robert K. Merton: "(...) Les fonctions sont, parmi les conséquences observées, celles qui contribuent à l'adaptation ou à l'ajustement d'un système donné et les dysfonctions, celles qui gênent l'adaptation ou l'ajustement du système". (Eléments de théorie et de méthode sociologique, 1953, Paris, Armand Colin, 1997 p. 98, 3).
- 8.- La notion de structure signifie ici coordination de fonctions. Selon le soi considéré, celui-ci affiche son action par des traits singuliers, la coordination étant toujours cependant placée sous l'horizon de l'estimation. Voir Durkheim sur ce point précis lorsqu'il étudie la notion de "coordination" dans Formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie. Objet de la recherche, Paris, Puf, 1985, coll. Quadrige, p. 14-15.
- 9.- Reuchlin, Les différences individuelles dans le développement conatif de l'enfant, Paris, Puf, 1990.
- 10.- Weber, Economie et société, 1922, Paris, Agora-Plon, tome 1, Les catégories de la sociologie, chapitre premier, Les concepts fondamentaux de la sociologie, 1995.
- 11.- Boudon, La logique du social, Paris, Pluriel-Hachette, 1979, p. 118.
- 12.- Les travaux et les expériences des psychologues Paul Fraisse (1966, ed 1979, p. 89-90), Joseph Nuttin (op.cit., 1980, p. 157-161) et Maurice Reuchlin (op.cit., 1990, p. 10-11) montrent tous que la motivation ou la conation détient une dimension spécifique, le plaisir d'être cause, qui ne se réduit ni à la biologie ni à l'histoire. Ce qui se corrèle avec toute l'oeuvre de Max Weber, semble-t-il, (par ex. 1922, op.cit.).
- 13.- Marcel Mauss, Essai sur le don. Sociologie et anthropologie, Paris, ed Puf, coll. Quadrige, 1983, p. 204-212.
- 14.- D'où l'importance du jeu bien mis en évidence par Roger Caillois, par exemple dans Les jeux et les hommes, Paris, Folio/Gallimard, 1967.
- 15.- Joseph Nuttin, cité plus haut, dit également à propos du vitalisme: "(...) Note 1: Le caractère inhérent du dynamisme au fonctionnement de l'être vivant n'implique pas que l'intensité d'une motivation soit fonction de la "vitalité" biologique de l'individu. On constate que des personnes biologiquement affaiblies peuvent faire preuve d'un comportement fortement motivé. Les caractéristiques du fonctionnement physiologique ne se transposent pas, point par point, dans le domaine de l'activité psychologique. Chaque forme de fonctionnement suit sa propre courbe de développement et dépend de déterminants plus ou moins spécifiques. C'est ainsi que la détermination à affirmer et maintenir son identité idéologique peut rester intacte chez une personnalité physiologiquement affaiblie, de même que le fonctionnement intellectuel ne diminue pas nécessairement en fonction d'une détérioration physique (...)". Ibid., 1980, p. 107.
- 16.- Nuttin (1980, op.cit.) parle de "l'unité fonctionnelle Individu-Environnement" (par ex, p. 105-107).
- 17.- Antonio R Damasio: 1999, The Feeling of What Happens. Body and Emotion in the Making of Consciousness. New York, édition française Odile Jacob, Paris.
- 18.- Nuttin, 1980, p. 158,159
- 19.- Boudon. Op cit, note 11.
- 20.- Les Echos. Novembre 2000. Article de Peter Schwartz, dans l'Art de la Gestion des Risques, no2, p 10.
- Références bibliographiques:
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- Economie et société, Paris, Plon/Agora, 1995, tome 1, Les catégories de la sociologie. A. Fondements méthodologiques.
- Notice:
- Oulahbib, Lucien-Samir. "Estimer le développement", Esprit critique, vol.04 no.10, Octobre 2002, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org