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Sous la direction de Panagiotis Christias |
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Cet appel à communication est aussi disponible en format PDF: Appel à communication Été 2003 [PDF]
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La sociologie fut longtemps considérée comme le bastion de la modernité. Seule capable de savoir et de dire la réalité sociale, elle entreprit très tôt l'oeuvre qui lui fut destinée: l'émancipation sociale et la rationalisation de la vie communautaire. La raison, seule valeur 'émancipatrice', fut avancée comme le remède à tous les maux. Or tout remède est en même temps un poison, son administration excessive produit l'effet contraire de ce qui est désiré. Ainsi le note Max Weber: la rationalisation de l'activité communautaire n'a point pour conséquence l'universalisation de la connaissance par rapport aux conditions concrètes de vie; elle produit l'effet opposé (Essais sur la théorie de la science, p.363-364). Elle augmente l'irrationnel dans la vie sociale et rend l'homme esclave de processus qui contrôlent sa vie quotidienne sans que lui-même puisse les contrôler ou en être conscient. La rationalisation a pour conséquence l'augmentation de l'irrationnel, l'émancipation de l'homme réduit l'homme en esclavage. À la question: "qu'est-ce que la post-modernité?", quelques mois avant de mourir, Jean-François Lyotard répondit: encore une histoire d'émancipation. Reconnaître ce qui est inhérent à la vie sociale: la volonté de vivre ensemble, le sens commun, l'espace public, agora ou café du marché. Comme le dit Paul Ricoeur, le désenchantement du monde ne concerne pas le monde mais les intellectuels (Introduction in Pierre Bouretz, Les promesses du monde). Ce sont eux qui suivirent et suivent toujours les "voies du désenchantement": le juridique, le politique, l'économique, en ignorant toute autre sphère de l'activité humaine. Revendiquer au nom de la "neutralité axiologique" (Wertfreiheit) la réhabilitation des domaines de l'homme répudiés par la rationalité instrumentale a pour conséquence une mutation dans la façon de considérer le savoir sociologique. La sociologie, en tant qu'instance du savoir social, ne transcende pas le champ social. Elle lui reste inhérente. Ce que nous pouvons appeler immanentisation de l'instance supposée savoir, c'est la conscience que cette instance participe au jeu social, que l'intérêt et les lois qui la régissent ne sont pas indifférentes au reste de la société. L'instance supposée savoir remplit une fonction sociale, participant ainsi au jeu social. Tel est l'enseignement de Max Weber quand il parle d'"intérêt", d'"objet" de la connaissance et de "rapport aux valeurs". À sa suite, Jurgen Habermas parle de la science comme idéologie et Charles Taylor, dans Sources of the Self, d'"évaluations fortes". Autrement dit, la valeur et la véracité de la science ne se définissent pas selon un rapport transcendantal à la Vérité mais selon un rapport immanent à l'ensemble social. Il y va désormais de l'histoire de la réception et de l'influence de l'histoire de la science dite sociale. Selon la première perspective, le résultat concret de la Science ne peut être que le fameux Bêtisier de Bouvard et Pécuchet: un livre où seraient contenues les incroyables bêtises que les scientifiques ont avancées sur l'homme et sur la nature. Tel est d'ailleurs le sens des "paradigmes" selon Kuhn. Le fait que toute la communauté scientifique, dans un moment de l'histoire de la science, se met d'accord pour avancer une "bêtise" ne change rien au fait qu'il s'agit bel et bien d'une bêtise. Parcourant alors l'histoire des notions scientifiques, nous ne lisons que le Bêtisier de Flaubert. Telle fut l'erreur des Modernes: substituer à la Vérité de Dieu la Vérité de la Science. Autrement dit, faire de l'instance supposée savoir une instance transcendantale. Car si la Vérité de Dieu garde toujours le sens et la valeur originels qui lui sont inhérents, la Vérité scientifique ne comporte aucune vérité qui lui soit inhérente, sinon sa propre prise de conscience en tant que Bêtisier. La deuxième perspective est celle de la postmodernité. Nous autres postmodernes, pouvons-nous proposer une véritable alternative, une autre raison, "sensible", comme l'avance Michel Maffesoli, une autre éthique? Cet appel s'adresse, comme l'écrivait Karl Marx dans l'introduction du premier livre de la Critique de l'économie politique, à ceux qui sont capables de penser d'eux-mêmes. Cette unité thématique propose d'explorer le champ social-et-sociologique qui s'ouvre à travers les perspectives que le CeaQ privilégie depuis plus de vingt ans. A l'origine de cette initiative se trouve une volonté de confrontation publique et de dialogue universitaire, voire même un désir caché de lutte d'idées dans le but de revivifier, de revitaliser le champ qui est le nôtre.
Panagiotis Christias
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Pour participer à la rédaction ce dossier thématique, faite parvenir une proposition de communication au Secrétariat de la revue. Votre proposition de communication doit contenir les informations suivantes:
Tous les auteurs désirant participer à la rédaction de la revue Esprit critique doivent consulter la Politique éditoriale afin de connaître les normes de présentation et l'engagement des auteurs. Les articles seront sélectionnés en fonction de leur apport au thème et de leur valeur scientifique par le Comité de rédaction et les responsables du dossier thématique. Date limite pour envoyer votre proposition de communication: 1er mars 2003. Les articles devront être complétés par les auteurs avant le 1er avril 2003.
Ce dossier sera diffusé dans le numéro Été 2003 en juillet 2003.
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