Les communautés gays brésiliennes dans le cyberespace
Par Gisele Marchiori Nussbaumer
Résumé:
Nous articulerons deux univers thématiques: celui de l'homosexualité et celui de la recherche en technologies de communication. Plus spécifiquement, nous analyserons deux communautés virtuelles brésiliennes et des listes de discussion qui leur sont associées. Pour cela, nous partirons de l'idée que les communautés gays dans le cyberespace attirent des individus qui cherchent à partager des identités véritables, difficiles ou impossibles à vivre dans l'ambiance de la vie réelle, et représentent des espaces de problématisation des modèles construits auparavant au sujet de l'homosexualité.
Auteur:
Professeur de l'Université fédérale de Santa Maria/Brésil, doctorante en Communication et culture contemporaines à l'Université fédérale de Bahia et boursière de la CAPES.
Les relations qui s'établissent dans le cyberespace paraissent avoir comme principe organisateur la recherche d'affinités et d'intérêts communs. Divers espaces apparaissent sur le réseau, en général à partir de thèmes fédérateurs. Sur Internet, il est possible, par exemple, non seulement de s'informer, mais aussi de nouer des relations, voyager, s'habiller, enfin, vivre de manière gay. Il est clair que ceci n'est pas un privilège de l'univers homosexuel, mais il est difficile de ne pas être surpris par la quantité d'offres qui s'adresse à celui-ci.
Naviguer dans le cyberespace, c'est avoir la possibilité d'assumer des identités fictives ou d'affirmer des identités vraies, parfois difficiles à supporter dans la vie réelle. C'est ce jeu qui s'établit entre le réel et le virtuel, entre la réalité et la représentation (de soi-même ou de personnages), entre identités et identifications, qui nous aide à comprendre la fascination qu'exercent les sites, les 'chats', les listes de discussion, ainsi que les communautés qui prolifèrent sur le réseau.
En ce qui concerne la communauté gay, le cyberespace représente non seulement un espace supplémentaire destiné aux relations interpersonnelles, mais, souvent, l'unique dans lequel il est possible de vivre des orientations sexuelles différentes des modèles hétéronormatifs. Grâce aux technologies de communication digitale, au travers desquelles il devient possible de transiter entre le milieu virtuel et celui de la vie réelle, les homosexuels exercent, avec plus de tranquillité, le droit de vivre leurs différences, soit pour satisfaire des besoins en relation avec la sociabilité, soit pour effectuer des expériences identitaires ou, même, pouvoir 'sortir du placard' sans risque. La sécurité de l'anonymat, la nécessité de sociabilité, la possibilité de mettre en scène des identités concrètes non assumées, favorisent l'apparition des communautés de manière générale mais, surtout, de celles qui sont considérées comme outsiders (Becker, 1985), comme c'est le cas du public homosexuel - que l'on va nommer ici communauté GLS (gays, lesbiennes et sympathisants).
Le sigle et la scène GLS ont surgi au Brésil au milieu des années quatre-vingt-dix, impulsant une tendance de plus grande visibilité des homosexuels dans le pays. Aujourd'hui, ce sigle est pratiquement synonyme de l'univers homosexuel et - ce qui est significatif - paraît refléter un processus d'ouverture envers le sympathisant. Ainsi, adoptons-nous le sigle GLS[1] comme forme d'identification, en précisant que nous privilégierons cette scène dans notre réflexion.
Dans notre propos, donc, nous articulerons deux univers thématiques: celui de l'homosexualité brésilienne contemporaine et celui de la recherche en technologies de communication, particulièrement en ce qui concerne les reconfigurations identitaires et les formes de sociabilité qu'il est possible de vivre dans le cyberespace. Plus spécifiquement, nous analyserons deux communautés et des listes de discussion qui leur sont associées. Pour cela, nous partirons de l'idée que les communautés virtuelles GLS attirent des individus qui cherchent à partager des identités véritables, difficiles ou impossibles à vivre dans l'ambiance de la vie réelle, et représentent des espaces de problématisation des modèles identitaires construits auparavant au sujet de l'homosexualité.
Les tribus, les communautés et les identités virtuelles
Pour Federico Casalegno (2002), la différence entre communauté et tribu concerne davantage la notion de tribu en tant qu'événement plutôt que groupe fixe. Il s'agit "d'une cristallisation temporelle de personnes qui partagent des plaisirs, des émotions et des moments d'empathie. Un événement, donc, qui se produit avec une régularité propre et selon un rythme changeant, flou". La communauté, selon l'auteur, est formée par des individus qui ont des fonctions et des buts à atteindre. Les tribus sont formées par des personnes qui jouent plusieurs rôles au sein d'associations hétérogènes. Les technologies de communication digitale permettent, en même temps, la formation des communautés et des tribus. Selon Casalegno, des 'K-lines' (Knowledge-Lines) forment des communautés, tandis que les 'S-lines' (lignes de sociabilité) forment des tribus. Ces deux types de réseaux ne s'excluent pas, ils coexistent: "c'est donc dans ce jeu de va-et-vient entre communauté et tribu qui se définissent les rapports communautaires dans le cyberespace" (Casalegno, 2002).
L'expression communauté virtuelle s'est diffusée rapidement et est au coeur des débats à plusiers niveaux. Howard Rheingold, son principal diffuseur, entend les communautés virtuelles comme des "agrégats surgis sur le réseau quand les intervenants d'un débat les mettent en avant en nombre et en sens suffisants pour former des tissus de relations dans le cyberespace" (Rheingold, 1996, p18). Selon l'auteur, une diversité d'expériences sociales a évolué en parallèle avec le réseau et chaque fois que cette technologie devient accessible quelque part, les gens construisent avec elle des communautés virtuelles. Une des explications à ce phénomène est associée au désir de communauté et aux facilités apportées par la communication via les ordinateurs, qui permet une interaction simultanée de manière innovatrice.
Pour Pierre Lévy, une communauté virtuelle est tout simplement un "groupe de personnes qui sont en relation par les moyens du cyberespace. Cela peut aller d'une simple liste de diffusion temporaire par courrier électronique, jusqu'à des communautés virtuelles dont les membres entretiennent des relations intellectuelles, affectives et sociales solides et à long terme" (Lévy, 2002, p75). L'auteur souligne que les communautés virtuelles sont déterritorialisées par nature et réunissent des personnes qui sont intéressées à débattre sur les mêmes thèmes ou qui ont des projets, des passions et des idées en commun, indépendamment des frontières géographiques ou institutionnelles: "on dira que sur le nouveau territoire virtuel, les proximités sont sémantiques et non plus géographiques ou institutionnelles" (Lévy, 2002, p77). Cela ne veut pas dire, toutefois, que les proximités fondées sur l'espace physique ou institutionnel disparaissent; elles sont redéfinies et côtoient d'autres catégories sémantiques, comme la langue, la discipline, la politique ou la sexualité. Comme Rheingold, Lévy croit qu'affinités et amitiés se développent sur le réseau de la même manière qu'en dehors de celui-ci. D'après lui, pour les participants aux communautés virtuelles, les autres membres sont le plus humain possible, car leur style d'écriture et leurs prises de position laissent transparaître leur personnalité.
Les communautés virtuelles qui naissent de la communication via les ordinateurs se caractérisent, souligne Manuel Castells (1999), par la prééminence de l'identité comme principe organisateur. Selon l'auteur, trois formes de construction identitaire déterminent le caractère de ces communautés: la légitimatrice, celle de résistance et celle de projet. Dans sa perspective, les identités destinées à la résistance seraient les plus attirées par l'idée des communautés virtuelles. En ce sens, les personnes qui résistent à la privation de leurs droits et "les mouvements sociaux qui surgissent à partir de la résistance commune à la globalisation, la restructuration du capitalisme, la formation de réseaux organisationnels, l'informationnalisme effréné et le patriarcalisme (...) représentent les sujets potentiels de l'Ere de l'Information" (Castells, 1999, p424).
La nécessité d'établir des liens non transitoires est également désignée comme une caractéristique importante pour la constitution des communautés dans le cyberespace. D'après Sherry Turkle, la notion de communauté ne peut se fortifier dans des espaces transitoires, comme les 'chats', car ils ne permettent pas un "sentiment de permanence expérimenté quand un rôle est assumé, devenant une partie de la vie de l'autre, ce qui est typique de la communauté" (apud Casalegno, 1999, p118). L'auteur soutient qu'une des clés du communautaire est la permanence, le partage d'une histoire, une mémoire. En ce sens, la continuité serait responsable de l'établissement d'une culture on-line qui surgirait du croisement d'expériences virtuelles avec celles du reste de la vie[2]. C'est le cas, par exemple, des conversations en listes de discussion: elles se présentent comme une structure de base qui contribue au développement du sentiment d'appartenance.
Turkle estime que, dans le cyberespace, "nous nous trouvons au seuil entre le réel et le virtuel et, incertains de notre position, nous nous inventons nous-mêmes à mesure que nous progressons" (1997, p13). Les internautes seraient auteurs d'eux-mêmes et les identités virtuelles seraient construites à travers l'interaction sociale et l'interaction avec la machine. Comme les ordinateurs ne se limitent plus seulement à faire des choses pour nous, ils nous influencent, modifient nos façons de penser sur nous-mêmes et les autres; aujourd'hui, les gens recourent explicitement aux ordinateurs dans la recherche d'expériences qui peuvent altérer leurs manières de penser ou affecter leur vie personnelle ou émotionnelle.
En relatant les expériences d'un groupe de discussion de la Well auquel elle a participé, Turkle raconte que le sentiment que leurs identités virtuelles servent pour penser leur moi, était commun chez les membres du groupe. Beaucoup, même, déclaraient que leurs expériences dans l'espace virtuel leur faisaient porter plus d'attention à des aspects de la vie réelle qu'auparavant ils ne remarquaient pas. Un des participants en arriva à caractériser cette expérience comme "une opportunité qui s'offre à nous tous, qui ne sommes pas des acteurs, de jouer [avec] des masques. Et de penser aux masques que nous utilisons au quotidien" (Turkle, 1997, p383).
Francis Jauréguiberry (2000), analysant aussi la question de l'identité dans l'espace virtuel, souligne qu'avec la manipulation identitaire, les individus peuvent superposer une identité virtuelle à leur identité réelle, une identité fantasme à leur identité sociale. D'après l'auteur, comme différents rôles ne peuvent être interprétés dans la société réelle, ils le seraient dans le milieu de l'Internet: "il s'agit en effet, la plupart du temps, de soi focalisant la réalisation de désirs ou de pulsions que la vie réelle n'a pas permis à l'internaute d'expérimenter ou de réaliser" (2000, p138).
Jauréguiberry interprète les expériences identitaires sur l'Internet à partir de deux cas extrêmes: celui de l'enfermement dans le virtuel en fonction du réel social et celui du questionnement du réel à cause du virtuel (l'expérimentation critique des limites du moi). Dans le premier cas, de l'enfermement dans le virtuel en fonction du réel social, obtenant la reconnaissance de ses fantasmes sur le réseau, l'individu court le risque de s'enfermer dans une pratique compulsive d'Internet le conduisant à développer une attitude schizophréno-autistique, à l'image des Otakus, ces adolescents japonais qui en viennent à considérer la vie off line comme secondaire. La construction d'identités virtuelles serait une manière de remplacer le vide qui existe entre la conception survalorisée de soi-même (idéal du moi) et la perception de sa condition réelle (moi). Un autre type d'enfermement est encore possible sur Internet par la dilution du moi dans des cyber-nous communautaires, par la recherche d'une fusion de l'individu dans un ensemble, où ce qui est recherché, "ce n'est pas la connaissance mais la reconnaissance, ce n'est pas la remise en question, mais la valorisation de soi" (Jauréguiberry, 2000, p144). Le second cas de questionnement du réel à cause du virtuel, serait celui dans lequel "l'individu s'essaie à différents 'soi' virtuels, non pas pour s'y perdre, pour s'y oublier, mais au contraire pour mieux se situer et mieux se penser dans sa capacité créatrice" (Jauréguiberry, 2000, p146). Les expériences sur le réseau traduiraient une volonté d'échapper aux images imposées et un désir d'exister différemment. L'internet rendrait possible la reconstruction de la réalité par l'expérimentation d'un désir dans le virtuel. Ceci aiderait l'individu à se repositionner dans le monde, à repenser ses limites, à mieux établir les frontières de son moi et les raisons de ses autres. Dans ce sens, "on peut en effet considérer que les 'soi' virtuels sont tout autant des bases de résistance que des points de fuite, tout autant des actes créatifs que des abandons identitaires" (Jauréguiberry, 2000, p148).
Mais les expérimentations identitaires dans le cyberespace et la multiplication des tribus ou communautés médiatiques ces dernières années peuvent être pensées, aussi, à partir d'une autre proposition, défendue par Michel Maffesoli (1990), selon laquelle une logique de l'identification a remplacé, dans la société post-moderne, la logique de l'identité qui a prévalu pendant la modernité. Dans sa vision, nous vivons un glissement de l'identité en direction de l'identification, un processus dont "chacune des ses manifestations est structurellement ambiguë, d'une part, dans sa pratique, elle est alternative, elle annonce ce qui est en train de naître, d'autre part, dans sa verbalisation, elle peut faire référence à des représentations qu'elle a à sa disposition" (1990, p242).
Selon Maffesoli, c'est seulement parce que le monde doit être ceci ou cela que l'individu doit avoir une identité. Toutefois, dans la contemporanéité, il y aurait besoin de réfléchir au sujet à partir de l'altérité, des autres autour de moi, ou des autres en moi-même. Il faudrait, aussi, considérer que l'individu se construit dans et par la communication. C'est-à-dire, "tout comme il y a des identifications successives en fonction des différents moments de la communication, il peut y avoir des identifications aux diverses facettes de la personne elle-même" (Maffesoli, 1990, p249).
La logique de l'identification proposée par Maffesoli (1990) travaille avec la bipolarité individu (fermé) - personne (ouverte); à l'individu correspondrait l'identité, à la personne l'identification - qui peut être multiple. Dans la perspective maffesolienne, l'identification susciterait une nouvelle forme de sociabilité - l'être-ensemble - qui va en s'appropriant tant l'environnement de la vie réelle que - et peut-être surtout - du virtuel. Si vivre dans le cyberespace conduit à des expérimentations et/ou des reconfigurations identitaires, celles-ci semblent trouver leur origine à partir de motivations provenant plutôt d'une logique fondée sur l'identification que d'une logique fondée sur l'identité. Ou mieux, motivés par l'identification et par la recherche d'émotions collectives identificatrices, les gens réalisent des expériences dans le milieu virtuel.
En outre, ajoute André Lemos (2001), dans l'espace électronique l'identité est ambiguë, décentralisée et multiple. Comme il n'y a pas de certitudes quant au sexe, à la classe ou à la race, ces catégories ne seraient plus aussi déterminantes des formes d'interaction. Pour l'auteur, les communautés virtuelles qui émergent dans le cyberespace "provoquent des émotions collectives identificatrices, non avec l'individu prisonnier d'une identité fermée, mais avec des 'personnes' aux masques divers. Au fond, il s'agit d'une forme de communication très proche de la communion, où les nouvelles technologies agissent comme vecteurs d'agrégation"[3].
Les communautés GLS dans le cyberespace
Comme nous l'avons affirmé au début de cet essai, il est difficile de ne pas être surpris par les espaces qui s'adressent au public GLS sur le réseau, ou par le nombre de communautés virtuelles qui naissent des affinités et des intérêts communs de ce public.
Au Brésil, ce contexte a commencé à se configurer à partir de la création du premier site GLS brésilien. Le Mix Brasil[4] est entré sur le réseau en 1996 et, à partir de 1997, il est devenu accessible par le Portail Universo on Line, un des plus importants du pays. Le Mix offre à ses usagers toute une gamme d'options: photos, forums de discussion, services, annonces personnelles, information via e-mail, service centralisé pour répondre aux suggestions, critiques et opinions, nouvelles sur l'univers gay, entretiens avec des personnes connues, itinéraires gay dans différentes villes du monde et un espace spécifique pour les lesbiennes (Cio).
L'échange[5] (troca-troca) est une des zones du site qui permet le plus de contacts entre les visiteurs car il comporte, outre des forums de discussion, une importante section d'annonces personnelles. En avril 2002, nous avons trouvé sur l'échange plus de 300 annonces dans l'option femme-femme, plus de quatre mille annonces homme-homme, en plus de diverses annonces homme-femme, de groupe ou professionnelles. Ceci démontre que les usagers du site l'utilisent dans une recherche de mise en relation avec des personnes avec qui ils peuvent avoir des affinités.
Le Mix Brasil existait déjà avant l'apparition de son site: "c'est une organisation créée en 1993 avec l'objectif d'établir un forum de discussions pour un groupe de personnes qu'on appelle GLS"[6]. Il s'agit d'une communauté qui s'est considérablement développée en employant des technologies de communication digitale et qui a gagné en notoriété, justement, après avoir créé et maintenu le premier site GLS brésilien sur l'internet: "un exemple de la solidité de ce travail fut le Cyber Lion (prix le plus élevé) décerné au Festival de Cannes de 1999 pour la bannière 'Lesbiennes dans le bavardage'[7], propagande digitale véhiculée sur le site du Mix Brasil" (Trevisan, 2000, p378).
Quant aux usagers du site, l'équipe de Mix a mis en oeuvre, en 2001, une recherche visant à connaître leur profil. Trois cent dix-neuf formulaires furent analysés et, parmi les données obtenues, il est intéressant de noter que plus de la moitié des interviewés avait entre 18 et 30 ans, un niveau d'études supérieur, un accès Internet à la maison, tous les jours, un téléphone mobile, avait voyagé au Brésil ou à l'étranger dans les douze derniers mois, et avait un revenu mensuel supérieur à 4.000 Reais (environ 1380 dollars). Enfin, un public jeune, possédant instruction et pouvoir d'achat, qui représente bien un des paradoxes de la nouvelle scène GLS brésilienne qui, prétendument, réunirait tous les segments de l'univers homosexuel. Prétendument parce que le public que cette scène réunit est, en réalité, une minorité à orientation homosexuelle (ou sympathisante) qui, à cette exception près, ne diffère pas du profil type de l'internaute du monde globalisé, c'est-à-dire, non seulement à prédominance jeune, possédant instruction et pouvoir d'achat, mais également de race blanche et de sexe masculin.
Après quasiment une décennie d'existence, le Mix Brasil continue à être la principale référence liée au public GLS. C'est seulement après la création de son site que d'autres espaces virtuels s'adressant à ce public ont proliféré. La plupart des sites que nous avons aujourd'hui dans le cyberespace s'adressent à l'univers homosexuel soit dans son ensemble, soit par tranches d'âges (comme le E-jovem pour adolescents), par thèmes (comme le Glssite, d'éducation sexuelle), par tribus (comme le Ursos.com, pour bears[8]); d'autres encore sont liés à des événements importants du monde de la vie réelle (comme le site de l'Association de la Parade de la Fierté Gay de São Paulo).
En plus des sites, nous avons des espaces de 'chats' thématiques, qui croissent chaque jour, et des listes de discussion qui réunissent la diversité connectée de la scène GLS: adolescents en phase de découverte, bears, lesbiennes, lesbiennes militantes, juifs, catholiques, avocats, gays de l'Université de São Paulo/USP, ou, simplement, l'univers GLS comme un tout.
Enfin, nous pourrions citer divers espaces du réseau qui ont été occupés par la communauté GLS, que ce soit pour la recherche d'informations, l'exercice de la sociabilité ou des rencontres qui, souvent, sont transférées dans l'environnement de la vie réelle. Toutefois, parmi les différents espaces disponibles, les sites possèdent un caractère moins interactif et les 'chats' plus éphémères; les listes de discussion sont plus durables et, donc, plus adéquates pour traiter de communautés virtuelles.
Les communautés des listes e-jovens et listagls
Les communautés qui apparaissent dans le cyberespace sont créées et se consolident, souvent, au travers des listes de discussion. Parmi les diverses listes thématiques existant sur le réseau, signalons-en deux qui s'adressent au public GLS et qui, à notre avis, peuvent être caractérisées comme des communautés virtuelles: la listagls et la e-jovens (e-jeunes). Ces deux listes, mis à part le fait qu'elles sont parmi les plus connues de ce public, ont en commun d'être GLS, c'est-à-dire de ne privilégier aucun segment de l'univers homosexuel et d'être ouvertes aux sympathisants.
La listagls a été créée en septembre 1996. Elle est abritée par Yahoo Groups, elle est ouverte, publique, mais il est nécessaire de remplir un questionnaire pour garantir son maintien dans la liste. Elle est tournée vers les gays, lesbiennes, bisexuels, transsexuels et sympathisants et se présente comme un espace de réflexion sur des thèmes inhérents à l'homosexualité, tels que les droits humains, la citoyenneté, l'union civile, l'éducation sexuelle, les relations sentimentales, etc.
A la mi-avril 2002, la liste comptait 237 membres et cinq modérateurs, deux d'entre eux étant modérateurs également d'autres listes GLS. La liste est très active et, en janvier de cette même année, a réussi à totaliser 994 messages - 33 messages par jour. Les sujets les plus débattus sur la listagls sont, en général, en rapport avec des événements concrets. Sont relatés des cas d'homophobie, les nouvelles lois, les informations émanant de groupes organisés du mouvement homosexuel, des événements culturels, entre autres. Mais, au-delà de ces thématiques, d'intérêt général et correspondant directement aux objectifs de la liste, sont discutées des questions d'ordre intime, se rapportant à la problématique de l'identité gay et aux préjugés subis par ses membres. C'est le cas, par exemple, du message ci-dessous, où une participante raconte les difficultés à affronter pour assumer son homosexualité ou, comme on dit dans le milieu, pour 'sortir du placard':
C'était lundi mon outing. Non par courage mais par nécessité. J'ai appelé ma mère pour parler et je lui ai dit que j'aimerais réaliser des choses nouvelles cette année, que j'aimerais faire l'expérience d'habiter dans un endroit à moi et pas toute seule, que j'allais appeler une "amie" pour habiter avec elle. J'ai parlé de tout en ayant très peur, car je recevais des réponses négatives depuis déjà longtemps. (...) Note: j'ai 33 ans. Mais elle n'a jamais voulu savoir pourquoi j'étais toujours si seule. Pourquoi je n'avais jamais eu d'amoureux. Elle a commencé à s'étonner quand j'ai été trop liée à cette "amie". Mes amitiés ont toujours été si superficielles, parce que mes amis normales ne connaissaient pas ma sexualité. Elle a deviné mon homosexualité et m'a dit des choses horribles. Pourquoi est-ce que je ne choisis pas un homme? Que je n'ai pas été éduquée ainsi. Que c'est contre la loi de Dieu. C'est contre nature. J'étais une petite fille merveilleuse (maintenant je ne le suis plus). Elle aurait préféré ne jamais naître. Elle préférerait être morte plutôt que de vivre cette situation. Je suis une traître qui l'a attaquée par derrière...Quand va-t-elle voir que je suis toujours la même, seulement un peu plus sincère?
Ce type de message est bien accueilli et déchaîne d'innombrables autres messages de soutien et de solidarité. Des récits semblables circulent, mettant en évidence des difficultés communes aux différents membres de la liste, telles que le moment où ils décident d'assumer leur homosexualité auprès de leur famille, leurs amis ou au travail.
Comme la listagls réunit des personnalités de l'univers homosexuel, les messages recherchant des personnes disposées à accorder des entretiens sur les media sont également récurrents, découlant, en général, d'un fait important qui implique cette communauté. Dans ce sens, la listagls devient un point de référence pour les formateurs d'opinion. Le message ci-après, véhiculé sur la liste après la mort de la chanteuse Cassia Eller, est un exemple de cette situation:
La Revue Isto É Gente est à la recherche de couples de gays et lesbiennes pour un sujet sur leur quotidien. L'accroche est le cas Cassia-Eugênia-Chicão, qui a ouvert un espace de plus à la discussion sur les droits des homosexuels, et surtout des couples qui vivent ensemble. Ceux qui souhaitent apporter leur contribution à la cause peuvent entrer en contact avec (...) Il est intéressant de rappeler que Isto É a toujours eu beaucoup de sympathie pour le mouvement GLS dans le pays, donnant même un grand espace au Mix.
La mort de Cassia Eller a été le sujet le plus important de la liste en janvier 2002. Ceci parce que la chanteuse, lesbienne assumée et en effet considérée comme une icône du public gay, vivait avec sa compagne (Eugênia) depuis 13 ans et a laissé un fils (Chicão) de 8 ans. La majorité des messages tournait autour des droits de sa compagne et surtout autour du droit de garde du fils de la chanteuse. Il y a eu sur la liste une véritable mobilisation autour de cet événement qui, finalement, a mis en lumière des questions importantes pour la communauté gay, comme l'union civile, les droits du compagnon en cas de décès, la visibilité de personnalités gays et l'expérience des familles homoparentales dans le pays.
Les membres de la listagls, de manière générale, comprennent et utilisent l'internet comme un outil de communication qui aide à la lutte pour les droits des homosexuels dans la société, tant individuellement qu'à travers des institutions ou des ONG auxquelles ils sont liés. Il est courant qu'à partir des dénonciations faites dans la liste, il résulte un envoi de messages de contestation aux media, sociétés ou organismes publics. Et les listes de discussion ne sont pas les seules à être perçues comme des espaces pour le développement d'un militantisme électronique; d'autres environnements du réseau servent aussi ce but, comme l'atteste ce message:
Quand on dit que l'internaute est multiplicateur d'informations, ce n'est pas une plaisanterie. L'autre jour j'ai reçu un e-mail d'un gay demandant l'autorisation de reproduire un de mes articles dans un petit journal qu'il faisait. Ça y est!!! ces mots qui étaient restreints à l'écran de l'ordinateur étaient déjà sur le papier et circulaient chez des gens qui peut-être n'avaient pas d'e-mail. Autre exemple: un autre article, également publié sur le site, attira l'attention d'une journaliste d'un portail destiné aux femmes. Résultat: ces mots, initialement destinés au public GLBT, ont donné une belle interview sur un portail hétéro et ont aidé à conscientiser de nombreuses femmes sur les préjugés et discriminations. Même si tous les groupes ne sont pas encore en état d'accéder à internet, si la majorité de la population GLBT est également loin de cette ressource, il y a aura toujours quelqu'un qui y accédera (...) L'internet, s'il est bien utilisé, est un outil d'information puissant.
Notre présence en tant que membre de la listagls, pendant plus d'un an, nous laisse à penser que la majeure partie de ses participants utilise de fait son identité réelle. Une grande partie d'entre eux signe les messages postés avec leur prénom, et, souvent, leur nom; ceci quand ils n'ajoutent pas leur lien avec une institution, un numéro de ICQ (I Seek You) ou une adresse de page personnelle.
Enfin, la listagls est une des listes de discussion les plus connues du public gay brésilien. Et comme, outre le débat, il émerge de la liste des actions concrètes en faveur des droits des GLBT, celle-ci est fréquemment citée dans d'autres listes comme exemple à suivre.
L'autre liste GLS que nous mettrons en avant est la e-jovens (e-jeunes), fondée en août 2001 sur Yahoo. La liste se présente comme "la communauté la plus jeune qui se forme sur l'internet - Ici vous allez pouvoir vous amarrer à la galère mix la plus jeune de l'internet!!". Elle est considérée, de manière informelle, comme un canal de communication rattaché au site E-jovem, à savoir un site où il suffit de cliquer pour découvrir que "être gay est beaucoup plus légal que vous ne le pensez!".
La e-jovens comptait 471 membres mi-avril 2002 et est arrivée à 2.362 messages en janvier de cette même année - 79 par jour. Répondant à un nouveau membre de la liste, sur le pourquoi du nom e-jovens, le modérateur explique:
E-jovem est un nom qui a été inventé pour simplifier le traitement de notre public. "E-jovem" signifie "adolescent gay"... C'est une dérivation de "e-mail". On peut donc dire que "e-jeunes" signifie jeunes d'une génération électronique, qui se découvrent à travers des communautés virtuelles et l'écran de l'ordinateur. Ça nous correspond bien, non?
D'après ce que nous pouvons percevoir depuis notre inscription dans la liste, en février 2002, la liste e-jovens est composée surtout d'adolescents. Au contraire de ce qui se passe sur la listagls, les messages à point de vue personnel y sont plus communs que les messages sur les droits homosexuels ou autres sujets en rapport avec la militance ou les engagements dans la société de manière générale, ce qui paraît typique de la génération qui constitue la liste. Rares également sont les membres qui signent de leurs noms complets: sur e-jovens règnent les surnoms - les nicks.
La liste fonctionne comme un lieu de rencontre, d'échange d'expériences. Ses membres racontent leur quotidien, dialoguent avec des personnes avec qui ils ont des affinités et cherchent à rencontrer de nouveaux amis virtuels. Pour beaucoup, la liste constitue l'unique espace de contact avec d'autres jeunes, comme le montrent certains messages:
Je suis nouveau sur la liste. Je n'étais pas sûr du tout mais je suis heureux de venir m'arrêter ici sur la liste. Ça me semblait le dernier espoir. Je ne supportais plus de continuer comme ça. Je n'ai jamais pu m'assumer comme personne. C'est tellement bon maintenant d'au moins participer à une liste comme ça.
Ma mère est toujours après moi, elle râle que je reste trop sur internet, elle dit aussi que je l'utilise mal, elle pense qu'internet doit être utilisé seulement pour lire des informations, faire des recherches...(je pense qu'elle croit encore au père Noël). Elle déteste les forums de discussion, ces e-mails sans importance...la pauvre, elle ne sait pas que c'est la seule façon que j'ai d'avoir une conversation avec des gens comme moi... Je ne sais pas ce que je deviendrais si je n'avais plus internet. Tous les jours elle est un peu plus après moi et me demande ce que je fais tant que ça... (sourires)... un jour je la laisserai lire ces e-mails...là elle va tout comprendre!
Apparaissent fréquemment sur la liste des doutes concernant l'orientation sexuelle, ainsi que des commentaires sur les préjugés qui affectent les personnes hors du modèle hétéro-normatif dominant. Il est intéressant de souligner que la question est presque toujours débattue avec une grande liberté, c'est-à-dire que ce n'est pas parce que le public-cible de la liste est constitué majoritairement d'adolescents homosexuels, que tous les membres sont (ou se sentent) obligés de conserver cette orientation. Comme nous pouvons l'observer dans le message qui suit, des questionnements au sujet de sa propre sexualité font partie de l'univers thématique des e-jovens.
Je viens essayer de comprendre comment on devient hétérosexuel, bisexuel, homosexuel, car j'aimerais me positionner dans un de ces noms, si nombreux... Je viens essayer de comprendre ce qui différencie un garçon qui aime d'autres garçons d'un qui aime les filles. (...) Je crois que la pire chose est que la société oblige à choisir un côté. Même si vous ne savez pas lequel, vous êtes contraint de choisir. C'est là qu'on se sent mal. C'est là que l'indécision devient difficile, regrettablement difficile, froide et cruelle...Pourquoi ne pouvons-nous pas rester en haut du mur pour voir les deux côtés qu'il sépare???(...)Moi j'aime les garçons et les filles... c'est ainsi et va toujours être ainsi.
Si pour les générations précédentes il est important de se définir, de s'assumer, pour les e-jeunes l'important semble être d'expérimenter. Dans la liste, nombreux sont ceux qui aiment des garçons et des filles et sont prêts à défendre leur différence.
La référence à des homosexuels connus, surtout du monde artistique, est assez commune aussi. Outre la chanteuse Cassia Eller, plusieurs autres idoles sont citées fréquemment sur l'e-jovens. Comme il s'agit d'une liste d'adolescents, une des idoles à laquelle les membres de la liste s'identifient le plus est le chanteur Júnior (du duo brésilien Sandy et Júnior), même si son orientation sexuelle n'est pas de notoriété publique. Il y a même eu dans la liste la proposition d'une campagne pour que Júnior apparaisse dans la revue G Magazine (qui s'adresse au public gay), comme le montre le dialogue ci-après:
C'est sûr, il est gay, mais ce que je voudrais vraiment (outre qu'il l'assume publiquement), c'est qu'il apparaisse dans G quand il aura eu 18 ans, parce que je crois que maintenant il a 17 ans, non?
Il vient d'avoir 18 ans...Nous allons faire une campagne pour que G fasse un article sur lui?? Ecrivez!! Campagne Junior dans G 2002!!
Les participants de l'e-jovens s'exposent ouvertement sur la liste, commentent leur relation avec leur famille, leurs amis hétérosexuels et leurs camarades d'école. Ils partagent leurs doutes sur le préservatif, l'épilation, la taille du pénis; racontent leurs aventures, draguent et se rencontrent dans la vie réelle, surtout ceux qui habitent São Paulo. En outre, ils discutent par le ICQ et échangent les numéros de téléphone.
La liste offre un portrait de la nouvelle génération GLS sur l'internet, ses membres sont des e-jeunes, comme ils se nomment eux-mêmes, qui ont grandi avec les technologies de communication digitale.
Conclusion
Notre participation dans les listes e-jovens et listagls nous amène à les considérer comme des communautés virtuelles, comme des "groupes de personnes qui sont en relation à travers le cyberespace" (Lévy, 2002, p75), ou, comme nous le citions précédemment, comme des "agrégats surgis sur le réseau quand les intervenants d'un débat les mettent en avant en nombre et en sens suffisants pour former des tissus de relations dans le cyberespace" (Rheingold, 1996, p18). Sur les deux listes, les personnes se réunissent à partir d'intérêts communs, se mettent en relation de manière continue et partagent un sentiment d'appartenance - ils forment une communauté et en deviennent partie intégrante.
Les deux listes forment des communautés, sont constituées par des individus qui ont des buts à atteindre; mais sont constituées aussi par des personnes qui jouent plusieurs rôles au sein de plusieurs tribus hétérogènes. On voit dans les deux listes des va et vient entre la notion de communauté et de tribu.
Un accompagnement attentif des listes permet de percevoir quelques unes des caractéristiques de certains participants, justement par la façon dont ils s'expriment et à travers leurs prises de position dans les divers débats. Comme dans la vie réelle, nous en avons de plus grincheux, sensibles, militants. Les disputes qui surviennent de temps en temps ne menacent pas l'existence de ces communautés.
La socialité en contrepoint à la sociabilité, comme un ensemble de pratiques quotidiennes qui échappe au contrôle social rigide, est également présente dans les deux listes, en étant plus évidente sur l'e-jovens que sur la listagls. L'intérêt commun fonctionne comme moyen d'établir un contact avec l'altérité, la logique de l'identification prédomine par rapport à l'identité. L'homosexualité qui, au départ, est partagée par tous, motive l'être-ensemble et fait que ces communautés savent s'identifier, à travers leurs symboles, idoles ou vocabulaire propre qui apparaissent constamment dans les messages. Les expériences individuelles sont comprises comme des expériences à partager, l'identification suscite l'être-ensemble.
Dans l'espace des listes, les membres peuvent vivre pleinement leurs orientations sexuelles, que ce soit pour satisfaire des besoins en rapport avec la sociabilité, pour effectuer des expériences identitaires ou, même, pour pouvoir 'sortir du placard' sans risques - au contraire, avec un soutien total. Participer aux listes signifie avoir la possibilité, surtout, d'affirmer des identités véritables parfois difficiles à supporter dans la vie réelle. Ceci parce que même si les membres utilisent de fausses identités, ils semblent refléter des personnages d'eux-mêmes. Les listes rendent possible l'expérimentation d'un désir réel dans la forme du virtuel et ceci aide les participants à se repositionner dans le monde. Ainsi, les identités virtuelles assumées ou affirmées sont "plus des actes créatifs que des abandons identitaires" (Jauréguiberry, 2000, p148). Un autre fait important est l'intérêt à donner une continuité à l'expérience de connaissance mutuelle en dehors du réseau: les listes apparaissent ainsi comme des espaces complémentaires à celui de la vie réelle.
Dans les communautés de la listagls et de l'e-jovens, les participants ont la possibilité d'assumer diverses facettes de leurs propres identités, ainsi que de problématiser les discours existant au sujet de l'univers dont ils font partie. Les membres des deux listes semblent, dans leur majorité, ne pas être en adéquation avec la logique de la société moderne, rationnelle, homogénéisatrice et individualiste. Dans le cas de la listagls, cette non adéquation débouche principalement sur le débat, la solidarité et l'e-militantisme; l'e-jovens débouche sur une plus grande expérimentation identitaire et une identification avec la communauté alternative d'appartenance.
Gisele Marchiori Nussbaumer
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- Notes:
- 1.- Il existe également le sigle GLBT (gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels), mais nous voyons qu'il est plus restreint au mouvement homosexuel.
- 2.- Sherry Turkle suggère l'utilisation de l'expression 'reste de la vie' dans la mesure où les activités que nous réalisons à travers l'internet sont également concrètes et réelles, c'est-à-dire, font partie de la vie réelle.
- 3.- <http://www.facom.ufba.br/ciberpesquisa/lemos/artigos.html>.
- 4.- 'Bolachas no bate-papo'
- 5.- Les Bears sont des homosexuels généralement plutôt poilus et gros. Il y a même ce qu'ils appellent la "philosophie Bear": "soyez qui vous êtes".
- Références bibliographiques:
Becker, Howard. Outsiders: études de sociologie de la déviance. Paris: Métailié, 1985.
Casalegno, Federico. "Sherry Turkle: fronteiras do real e do virtual" (entrevue). Revista FAMECOS. Porto Alegre. n.11. dezembro de 1999.
Casalegno, Federico. Entre tribalisme et communautés; des configurations sociales émergeantes dans le cyberespace. Posté le 11.04.2023 à 23 h 05.
Castells, Manuel. O poder da identidade. v.2. 2.ed. São Paulo: Paz e Terra, 1999.
Jaureguiberry, Francis. "Le moi, le soi et Internet". Sociologie et Sociétés. v.32. no.2. Quebec, 2000.
Lemos, André. Bodynet e netcyborgs: sociabilidade e novas tecnologias na cultura contemporânea. Brasilia: Compós, 2001 (http://www.facom.ufba.br/ciberpesquisa/lemos/artigos.html).
Lévy, Pierre. Cibercultura. São Paulo: Ed. 34, 1999.
Lévy, Pierre Cyberdémocratie. Paris: Odile-Jacob, 2002
Maffesoli, Michel. Au creux des apparences. Pour une éthique de l'esthétique. Paris: Plon, 1990.
Maffesoli Michel. Le temps des tribus. Le déclin de l'individualisme dans les sociétés de masse. Paris: Méridiens Klincksieck, 1988.
Rheingold, Howard. A comunidade virtual. Lisboa: Editora Gradiva, 1996.
Trevisan, João Silvério. Devassos no paraíso. A homossexualidade no Brasil, da colônia à atualidade. 3 ed. Rio de Janeiro: Record, 2000.
Turkle, Sherry. A vida no ecrã. A identidade na era da internet. Lisboa: Relógio D'Agua, 1997.
- Notice:
- Marchiori Nussbaumer, Gisele. "Les communautés gays brésiliennes dans le cyberespace", Esprit critique, Automne 2003, Vol.05, No.04, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org