Esprit critique - Revue internationale de sociologie et de sciences sociales
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Automne 2003 - Vol.05, No.04
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Dossier thématique
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Article
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Réseau: technologie de l'esprit et néo-militantisme
Par Eytan Ellenberg

Résumé:
Le néo-militantisme qui entend lutter notamment contre les méfaits engendrés par la mondialisation se configure en réseau. Ce procédé organisationnel rend compte d'une technologie de l'esprit qui mobilise ses adhérents par l'imaginaire social associé au concept du réseau: flexibilité, mobilité et démocratie. Cet article analyse l'impact de cette configuration réticulaire sur l'identité de ces mouvements. Dans cette optique, se construit également une relation particulière à Internet. Internet devient un nouveau paradigme organisationnel, une source de pouvoir, mais ne peut réussir à lui seul à créer une identité stable et mobilisatrice. Tout au long de cet article, nous évaluerons la portée de ce type d'identité réticulaire et les dérives qu'elle provoque.

Auteur:
Médecin de Santé Publique, spécialisé dans la gestion des risques et en sciences politiques, Espace éthique AP-HP.

Remerciements:
L'auteur remercie Patrice Dubosc et Pierre Musso pour leurs précieux conseils.


Introduction

          Les revendications de flexibilité, mobilité et démocratie de la part des néo-militants trouvent dans le concept de réseau tout un imaginaire satisfaisant. Aux réseaux financiers techniques, froids, quadrillant la société pour mieux faire circuler leurs intérêts financiers, les mouvements anti-mondialisation répondent par des réseaux humains où se déploient savoir et liberté. Face au capitalisme mondial dont les nouveaux militants pensent déceler une emprise réticulaire sur la société, la critique répond par une configuration réticulaire à laquelle elle attribue un caractère positif. Ce procédé organisationnel rend-il compte de l'émergence d'une identité stable et mobilisatrice? Serait-ce simplement une technologie de l'esprit, c'est-à-dire un procédé de raisonnement dans une "société en réseaux" (Sfez, 1990; Castells, 1998)? Quelle est la place du réseau Internet dans cette optique? Représente-t-il un nouveau paradigme organisationnel ou un simple appui structurel? Quelles sont les dérives d'une telle configuration?

Le réseau comme identité

Technologie de l'esprit

          Alain Touraine a identifié dans toute analyse des mouvements sociaux trois éléments: leur identité, leur adversaire et le projet social développé. Cet article s'attache à analyser l'identité du néo-militantisme et plus spécifiquement de ceux qui entendent "lutter contre la mondialisation". Une nouvelle forme de militantisme émerge et se caractérise par une configuration en réseau. La fluidité, la décentralisation, la volonté démocratique sont autant de caractéristiques prêtées au réseau et dont le néo-militantisme se pare. Dans la suite de Boltanski et Chiapello (1999), nous pouvons dire que le néo-militantisme apparaît non plus comme une critique sociale par plans mais une critique sociale par projets. "La participation aux nouveaux mouvements sociaux tend à être très fluide, les participants s'engageant et se désengageant en fonction des évolutions du contexte politique et des circonstances. En découlent des contraintes auxquelles les nouveaux mouvements sociaux répondent par une structure organisationnelle originale, marquée par le rejet des partis et des syndicats au profit d'organisations décentralisées, à petite échelle, anti-hiérarchiques et permettant la démocratie directe." (Fillieule et Péchu, 1993, p. 133). Les qualités prêtées au réseau sont des procédés de raisonnement permettant l'organisation et l'action. Pour Sfez (1990, p. 377), les "technologies de l'esprit" sont ces nouveaux "procédés canoniquesde raisonnement" qui aident à théoriser une pratique à l'ère de la religion communicationnelle. Le réseau - en tant que technologie de l'esprit - est, selon Musso qui a développé ce concept en s'appuyant sur la philosophie de Saint-Simon: "une structure composée d'éléments en interaction (...) interconnexion instable et transitoire (...) Grâce au réseau tout est lien, transition et passage." (Musso, 1998, p. 43-44).

          Les mouvements s'appuient également sur Internet pour asseoir le caractère réticulaire mais, de fait, le réseau est une symbolique identitaire en tant qu'elle entend construire le fonctionnement de ce type de structures et qu'elle constitue une "matrice de transition" entre deux mondes: celui soumis à la mondialisation néo-libérale et un autre monde qui "est possible" (voir Plate-forme de l'Association pour la taxation des transactions financières et aide au citoyen - ATTAC). Les critiques en réseau et par projet s'allient, ainsi "l'activité vise à générer des projets où à s'intégrer à des projets initiés par d'autres. Mais le projet n'ayant pas d'existence hors de la rencontre (puisque, n'étant pas inscrit une fois pour toutes dans une institution ou un environnement, il se présente en action, à faire, et non sous la forme de ce qui serait déjà là); l'activité par excellence consiste à s'insérer dans des réseaux et à les explorer, pour rompre son isolement et avoir des chances de rencontrer des personnes ou de frayer avec des choses dont le rapprochement est susceptible d'engendrer un projet (...) C'est précisément parce que le projet est une forme transitoire qu'il est ajusté à un monde en réseau: la succession des projets en multipliant les connexions et en faisant proliférer les liens, a pour effet d'étendre les réseaux." (Boltanski et Chiapello, 1999, p.166-167). L'ancienne critique et l'organisation qui en découlait se caractérisaient, entre autres, par une hiérarchie et une identité collective forte se traduisant par une adhésion dont l'exemple le plus caractéristique reste le syndicat. Ceci ne semble plus convenir au néo-militantisme, ainsi "l'adhésion n'est donc plus forcément synonyme de renforcement d'une identité collective, elle devient tout à fait secondaire et ne détermine plus les conditions de la mobilisation. (...) L'engagement militant ne se traduit plus par une adhésion inconditionnelle à une organisation hiérarchique installée dans le global et la permanence. Il est davantage envisagé selon des dispositions de durée déterminée, au sein de structures de taille modeste, organisées en réseau et portant des revendications spécifiques et limitées. Contrairement au monde associatif civique d'allégeance qui voit dans l'organisation pyramidale, hiérarchique et planifiée de ses groupements une des conditions nécessaires au maintien de son identité et de ses objectifs, le militantisme par projets considère cette forme de structuration comme contraire à l'idéal d'ouverture à partir duquel il se construit." (Granjon, 2001, p.30). C'est ainsi que le néo-militantisme veut passer du pyramidal hiérarchique au réticulaire erratique (Granjon, 2001, p.33) comme pour signifier une transition du militantisme d'une certaine verticalité rigide à une horizontalité flexible.

          Castells résume son ouvrage sur le pouvoir de l'identité en consacrant la nouvelle forme d'organisation des mouvements sociaux: "la seconde force - et la principale - que nous avons repéré dans notre voyage au pays des mouvements sociaux, c'est une forme d'organisation et d'intervention décentralisée, en réseaux, caractéristique des nouveaux activismes sociaux, qui reflète et contrarie en même temps la logique de mise en réseaux propre à la domination dans la société informationnelle. C'est évident pour l'environnementalisme, construit autour de réseaux nationaux et internationaux rassemblant des initiatives décentralisées. Mais c'est vrai aussi, je l'ai montré, pour le mouvement des femmes, les rebelles contre l'ordre mondial et les fondamentalistes religieux. (...) C'est cette légèreté du réseau de changement social et cette absence de centre qui rendent si difficiles à percevoir et à identifier les nouveaux projets en gestation. Notre vision de l'histoire s'est tant habituée aux bataillons disciplinés, drapeaux annonçant la couleur, proclamations du changement dûment prévues, que nous sommes perdus face à l'insaisissable omniprésence de ces déplacements de symboles opérés très progressivement au sein de réseaux multiformes, loin des hautes sphères du pouvoir. C'est dans ces humbles ruelles du système social, réseaux alternatifs électroniques ou groupes de base de la résistance communautaire, que j'ai perçu les germes d'une société nouvelle, semées dans les champs de l'histoire par le pouvoir de l'identité." (Castells, 1999, p.435).

          Le réseau semble ainsi émerger comme la symbolique d'un monde qui fait peur: les réseaux de la mondialisation et les réseaux terroristes. Catégoriser l'adversaire - ici la mondialisation néo-libérale - par un réseau maléfique qui soumet la société n'empêche nullement ces militants d'opter pour une configuration réticulaire présageant ce que l'on pourrait appeler une "guerre des réseaux": réseaux sociaux contre réseaux financiers. La figure du réseau ainsi posée est double, telle les deux faces de Janus qui s'opposent dans un combat pour un monde plus juste.

          L'identité réticulaire comme nouveau fonctionnement du militantisme s'associe donc à une critique adaptée par projets. L'organisation en réseau s'appuie également sur un imaginaire lié au concept de réseau (Musso, 1998) que l'on a pu retrouver de façon flagrante avec le développement d'Internet! Flexibilité, mobilité, mais surtout démocratie. Sfez (1990, p380) nous rappelle que le réseau - en tant que technologie de l'esprit - renvoie également à la métaphore de l'arbre dans certaines expressions comme "être branché ou se brancher", et c'est aussi ce que l'on retrouve dans l'organisation en réseau du néo-militantisme.

Connexion, in ou off?

          Aguiton (1998, p.137), dans son analyse des mouvements des chômeurs en France fait rimer organisation en réseau avec mobilité et démocratie: "le système des réseaux autorise une grande mobilité: certains peuvent se réunir autour d'un projet, puis se séparer dès lors qu'il est réalisé, pour se retrouver ensuite sur un autre. Qui n'est pas d'accord ne participe pas de ce réseau ou à ce projet. C'est une démocratie du choix de l'action et non du choix collectif qui détermine ce que font ensemble tel ou tel individu, telle et telle structure. Le choix d'agir ou non revient à chacun ou chacune; ce qui inaugure une forme de démocratie particulière, différente de celle à laquelle on est habitué. Au plan associatif, à la différence du plan syndical, les individus assument exclusivement ce qu'ils font et non ce que fait ou décide l'organisation". On le voit, c'est in ou off sur l'organisation à laquelle on est intéressé, se connecter sur Internet ou militer devient équivalent. "Se brancher" ou "se débrancher" à souhait, sans contraintes: "le soutien à certaines causes limitées et circonscrites semble compter plus que l'adhésion formelle à une organisation, que l'on envisage sans peine de quitter dès l'instant où elle ne conviendrait plus. Plus l'organisation se montre informelle, peu structurée et égalitaire, plus elle séduit". (Barthélemy, 1994, p. 113). Se brancher par intermittence, c'est la possibilité de s'accrocher à d'autres manifestations, ainsi "une forme d'organisation est symbolique de cette situation: le réseau, un système souple, ou l'on travaille ensemble tout en gardant son identité." (Aguiton et Bensaïd, 1997, p. 200). Finalement, c'est là où résident force et faiblesse de ce type de mouvements: la mobilisation facile et rapide sur un projet précis, mais parallèlement une difficulté d'adhésion sur le long terme. Ce qui découle aisément de cette réflexion est le nécessaire caractère symbolique du projet de mobilisation; c'est par là également que se rencontrent certaines dérives: anti-américanisme, antisionisme voire judéophobie (Taguieff, 2002) et des violences répétées aux différentes réunions du G8.

          Décentralisation rime ici avec absence de contrôle: "Ce modèle d'organisation très décentralisé est difficile à contrôler parce qu'il diffère profondément des principes régissant les institutions et les multinationales qu'il prend pour cibles. Il répond à la concentration globale par une nébuleuse fragmentée, à la mondialisation par son propre ancrage local, à la consolidation du pouvoir par un éparpillement radical du pouvoir". (Klein, 2001)

Réseaux et violences

          Une problématique découle donc de cette organisation réticulaire: celle de la violence. Nous reprenons les données du Rapport sur la sécurité intérieure de la Suisse 2001 (Office fédéral de la Police, DJFP, 2002) qui souligne les violences perpétrées par les groupes anti-mondialistes lors du congrès de Davos. En premier lieu, le rapport souligne la création de réseaux liés à l'extrême gauche: "on constate dans les milieux de l'extrême gauche une tendance à créer de nouveaux réseaux qui s'engagent en particulier contre la répression étatique et la répression d'autres autorités. Ainsi, on trouve parmi les plus notables des alliances ad hoc agissant de concert avec les manifestations anti-mondialisation à l'étranger." Première remarque globale, mais qui sonne juste dans notre travail. Ce sont les "épisodes de violence en marge du World Economic Forum de Davos, fin janvier 2001, [qui] montrent le potentiel du milieu de l'extrême gauche."

          Les actes de vandalisme ont causé des dégâts matériels avoisinant les 700'000 francs suisses. Les dégâts furent aussi "virtuels" lorsque "début 2001, un groupe de pirates informatiques s'est introduit, via Internet, dans le système du Forum économique mondial de Davos. Les pirates ont réussi à accéder à des donnés confidentielles, telles que des adresses privées, des numéros de téléphone, des adresses électroniques, des numéros de cartes de crédit et des mots de passe de personnes qui participaient au World Economic Forum." Le rapport souligne également les tournures plus dramatiques des manifestations à Göteborg ou à Gênes où les forces de l'ordre ont été à l'origine de la mort d'une personne, causant également plusieurs blessés. Il souligne également - et cela est inquiétant - qu'"outre la grande majorité des manifestants pacifiques, des personnes et des groupes extrêmement violents pourraient à l'avenir et de plus en plus souvent, utiliser ces manifestations à mauvais escient pour servir leurs causes. Par conséquent, le risque que les prochaines manifestations contre la mondialisation soient aussi accompagnées de violence semble élevé." C'est bien l'inconvénient de ce type d'organisation en réseau: des groupes se connectent avec le minimum de lien possible, sur une revendication commune et font ainsi partie de la structure organisatrice de l'événement ou du contre-événement. Finalement lorsque Taguieff (2002) demande à ces mouvements d'extrême gauche de "balayer" devant leurs portes en ce qui concerne les alliances avec des mouvements judéophobes, nous pouvons rajouter qu'il est important également, en vue de l'instauration d'une "critique saine", qu'ils s'investissent à couper leurs "liens pervers".

Favoriser l'individu?

          Le modèle néo-libéral, idéologiquement présenté dans les différents discours anti-mondialisation, fait ressortir, en première analyse, la notion d'individualisme en concurrence. L'individualisme - idéologie selon laquelle l'individu devient la valeur par excellence - est ainsi considéré positivement ou négativement selon le contexte et le producteur du discours. Cette notion se retrouve également dans le réseau comme organisation militante. Ainsi, le concept même du réseau met en valeur l'individu, le lieu comme source et arrivée de liens. "Distancié, labile, réticulaire, le militantisme par projets se fonde sur des implications personnelles, électives, singulières et toujours circonstanciées qui relèvent d'un choix réversible et non d'une appartenance subie. Ce qui caractérise le modèle de la critique sociale par projets, c'est donc l'intégration des processus d'individuation au centre même du dispositif d'engagement." (Granjon, 2001, p.38). à la critique d'une mondialisation qui éclate la société, rendant les forts plus forts et les faibles plus faibles, le mouvement anti-mondialisation - par son organisation propre - répond par un individualisme engendré par les différences de savoir et d'utilisation de la technique qui sépare et laisse de côté certains militants. Ici aussi, l'individu devient une valeur. Pour le capitalisme, il est synonyme de concurrence; pour la critique, celui de savoir. Cette individualisation caractéristique de la nouvelle forme d'organisation des mouvements sociaux reflète aussi un manque d'identité collective. Ainsi, les "anciens" mouvements sociaux se caractérisent par une forte identité collective et bien que nous défendions l'idée d'une identité réticulaire, celle-ci ne saurait se comparer par exemple à l'identité d'un syndicat. Ceci tient au fait que le concept même de réseau introduit la notion de groupements d'identités. Les identités sont multiples, disparates, floues. Le néo-militant ne veut plus se laisser imposer une identité et le réseau lui permet d'évacuer cette difficulté. Ainsi, "ce n'est plus le réseau de groupements qui constitue le cadre de l'engagement, c'est au contraire de plus en plus les individus eux-mêmes qui créent des réseaux. C'est dans une capacité individuelle et collective à agir que les militants attendent de voir se réaliser une identité qu'ils refusent de se voir assigner par avance" (Granjon, 2001, p.39).

          L'individu est devenu expertise et apport à l'organisation, non en tant que simple nombre anonyme d'un groupement, mais comme sujet apportant ses idées. De fait, cette individualisation devient vite élitiste, séparant plus qu'elle ne regroupe. L'individualisme est clairement retrouvé par Granjon dans sa thèse sur la place des réseaux télématiques dans le néo-militantisme. L'individualité forte, ce grand (Boltanski et Chiapello, 1999) "du monde associatif civique distancié est donc typiquement un pourvoyeur d'information, un initiateur d'actions tout à la fois noeud et commutateur de réseaux, un traducteur muni de compétences spécifiques. Son atout principal est son expérience des acteurs intervenant au sein du projet qu'il supporte et soutient. Dans le monde en réseau de la critique sociale par projets, l'importance du capital relationnel est primordiale." (Granjon, 2001, p.51-52). Si l'individu devient primordial dans le néo-militantisme, parallèlement à une faiblesse de l'identité collective, cela peut se comprendre, selon Granjon, par une identité transversale car multi-organisationnelle et multi-projets. Le militant n'est plus rattaché à une seule organisation, participant de sa présence au nombre, formant une identité collective claire et facilement reconnaissable; il est aujourd'hui un peu ici, un peu là; "s'il se développe des liaisons accrues entre organisations, l'on constate également un phénomène pour le moins intéressant de multi-participations individuelles (émergence de militants multipositionnés). L'un et l'autre de ces processus profilent alors un ensemble d'interconnexions qui témoigne d'une reconfiguration de l'action revendicative et décrit le passage d'un régime de segmentation superposée (réseaux de sociabilité qui ne se recoupent pas) à celui d'un pluralisme maillé où les affiliations à divers groupes volontaires sont génératrices de mixité sociale. Cette polyvalence militante conduit alors à l'émergence d'identités transversales et singulières." (Granjon, 2001, p.61)

          La volonté d'organisation en réseau affaiblit l'identité collective. Les liens sont soit de l'ordre de la connexion Internet, peu enclins à favoriser une cohésion efficace, soit in ou off, au besoin, selon l'envie et favorisant donc peu l'instauration d'une identité collective. Le néo-militantisme devient une raison d'être en soi, occultant dès lors les causes de l'engagement. Le néo-militant lutte un peu pour les sans-papiers, contre le chômage, la mondialisation, etc., mais sans se fixer. Au cours de son travail, Granjon a rencontré nombre d'adhérents qui participaient à plusieurs luttes en même temps et a retrouvé, derrière la "transitivité des adhésions, des participations et des personnes, [qui] serait révélatrice du déploiement de réseaux d'individus dont la force de cohésion est proportionnelle au dynamisme des actions auxquelles ils sont censés prendre part." (Granjon, 2001, p.61-62). C'est la multiplication des flux et des liens qui assure ainsi la dynamique du réseau. Finalement, peu importent les actions que l'on mène et les groupes que l'on supporte, l'important est de militer. La figure du réseau semble avoir créé des militants prêts à tout défendre sur un clic de souris, ce qui rend compte également de la faible importance du contre-projet sociétal dans la mesure où il est plus important et plus facile de se mobiliser contre un adversaire souvent caricaturé que de réfléchir sur des propositions concrètes et chronophages, nécessitant des compétences souvent peu disponibles.

          Mais individualisation rime souvent avec exclusion. En effet, le savoir qui permet d'être un grand du mouvement est facteur d'exclusion. Pour exemple, ce courrier électronique repris par Granjon (2001, p. 35) et qui se résume dans son objet:

"Les intellos et les autres
Tout le monde a certainement sa place au coeur du débat, mais plus on avance et plus j'ai l'impression d'être "larguée" lorsque les échanges prennent un ton technique. Je m'aperçois qu'il me manque une foule de connaissances sur le monde de la finance et l'économie pour participer à la discussion. J'ai compris en vous lisant les uns et les autres, que l'essentiel est justement dans ce volet technique et que les idées généreuses ne suffisent pas pour participer à l'élaboration de la T(axe) T(obin). Je continue néanmoins à vous lire avec intérêt, j'apprends une foule de choses même si je ne comprends pas tout! Suis-je la seule dans ce cas?..."

          À la critique de l'individualisation, des processus d'exclusion, le mouvement répond par un système fondé sur l'individu et "conformément aux dynamiques de l'engagement distancié qui s'incarnent dans ces dispositifs de communication sur réseaux, l'expression individuelle, singulière et multiple devient donc le régime général d'intervention et la condition d'élaboration de celle, plus vaste, du collectif, qui se construit en partie sous les yeux des contributeurs." (Granjon, 2001, p.145). La critique de l'individualisme du système capitaliste néo-libéral est ainsi permise contre ces mouvements! Étonnant renversement...

          Pour conclure cette première partie, disons qu'il nous est permis de douter de l'efficacité de ce type d'organisation réticulaire en tant qu'elle ne permet pas de créer une identité forte et, ne peut être du coup à l'origine de mouvements stabilisés sur le long terme.

Internet, paradigme pour une nouvelle forme d'association

Un nouveau paradigme organisationnel

          Le réseau des réseaux peut être compris comme le nouveau paradigme structurel des mouvements sociaux. En effet, la forme nouvelle d'organisation des mouvements sociaux se voulant en réseau, Internet devient la technique de communication appropriée. C'est la technique au service de l'humain. Granjon (2001, p. 12) émet l'hypothèse suivante: "les pratiques de communication liées aux technologies de l'Internet se présentent, selon nous, comme la traduction techno-logique d'un type précis d'engagement militant." Petrella (1998, p.73) ajoute qu'Internet fût peut-être le déclencheur d'une idée de la mondialité. Internet deviendrait alors paradigme structurel mais aussi révélateur d'une société mondialisée: "il n'y a pas de doute qu'Internet fait partie de ces moments symboliques d'éveil des consciences en ce qui concerne l'ère de la mondialité de la condition humaine." Avec Internet, on prend conscience d'un monde réticulaire et on s'organise pour le combattre. Internet devient une véritable matrice de réflexion, autant révélatrice qu'organisatrice.

          Internet est considéré par ces mouvements comme reproduisant leur propre structure, "l'esprit frontière" caractéristique d'Internet convient à merveille aux "hommes libres" qui s'expriment par eux-mêmes et disent ce qu'ils ont à dire sans médiation ni contrôle de l'État. Plus important: la structure en réseaux d'Internet reproduit exactement celle, autonome et spontanée, des groupes de la milice et des patriotes en général, qui n'ont pas de limites ni de plan défini, mais partagent un objectif, un sentiment et avant tout un ennemi. C'est principalement par Internet (...) que le mouvement s'étend et s'organise." (Castells, 1999, p.116). Renversement intéressant où c'est Internet, fétiche de la nouvelle économie - car représentant "tous les traits de l'objet désiré: la télécommunication parfaite, dotée de tous ses attributs: l'ubiquité, l'invisibilité et le double" (Sfez, 2002, p.143) -, brandi par les marchés avant l'éclatement de sa "bulle", qui est utilisé par les plus âpres critiques de la mondialisation! Granjon souligne fort justement que le néo-militantisme et Internet partageraient "un imaginaire social dont les principes fondateurs sont réglés sur le mythe de l'auto-organisation et de la participation active." (Granjon, 2001, p.11.). Il cite d'ailleurs (p80) un militant d'AC! (Agir ensemble contre le chômage): "Internet a pratiquement la forme de ce qu'on est en tant que réseau". Ainsi, "un consensus se dégage au sein de ces mouvements sur la nécessité de bâtir un pouvoir de décision fondé sur la communauté - que ce soit au niveau des syndicats, des quartiers, des collectifs anarchistes ou de l'autogouvernement aborigène - pour contrer la puissance des multinationales. En dépit de ce terreau commun, ces diverses campagnes n'ont pas réussi à se fondre en un mouvement unique, même si elles sont étroitement liées l'une à l'autre, tout comme les hot links relient leurs différents sites sur le web. Cette analogie n'est pas seulement une coïncidence, elle reflète les changements intervenus dans les modes d'organisation politique. Même si les observateurs ont souvent mis en avant le rôle joué par Internet, ils ont rarement compris que la technologie de communication qui facilite les campagnes façonne à son tour le mouvement à sa propre image. Grâce au Net, les mobilisations peuvent s'effectuer avec un minimum de bureaucratie et de hiérarchie; les manifestes péniblement mis au point passent peu à peu au second plan et sont remplacés par une culture où intervient un échange d'informations incessant, peu structuré et parfois compulsif. Ce qui est né dans les rues de Seattle, c'est un modèle d'activiste qui reflète les itinéraires décentralisés et interconnectés d'Internet - un Internet vivant." (Klein,2001).

          L'Internet serait aussi considéré comme un vecteur de démocratisation où "il apparaît que c'est dans le domaine de la politique symbolique et le développement de mobilisations autour de problèmes précis par des groupes et individus extérieurs au système politique central, que la nouvelle communication électronique pourrait avoir les effets les plus spectaculaires. L'impact de cette nouveauté sur la démocratie semble peu clair. (...) Si la représentation et la prise de décision politique parvenaient à trouver un mode de relation avec ces nouvelles formes d'intervention des citoyens conscients sans céder à une élite technologiquement chevronnée, il deviendrait possible de reconstruire une société civile de type nouveau, ce qui enracinerait la démocratie à la base, via l'électronique. Le développement de la politique symbolique et de la mobilisation politique autour de causes non politiques par des moyens électroniques ou non est la troisième grande tendance qui pourrait contribuer à reconstruire la démocratie dans la société en réseaux." (Castells, 1999, p.423).

          L'idéologie d'un changement social par Internet persiste tout de même, mais elle passe, pour Castells, par la mise en relation des réseaux d'en haut avec les réseaux d'en bas. Finalement, la critique anti-mondialisation peine à échapper à un certain déterminisme technique comme nous le dit Sfez, "accouplée à la "technique", la prétendue "révolution" met la charge de la preuve sur la technique comme cause de révolution" (Sfez, 2002, p. 41).

Personnalités de l'Internet militant

          Boltanski et Chiapello, puis après eux Granjon, identifient l'individu militant connexionniste ou mailleur. Celui dont "une des activités dominantes est d'assurer la circulation de l'information, condition nécessaire de cette flexibilité tant recherchée. (...) Nous avons pu repérer trois niveaux d'intercession, c'est-à-dire trois types de fonctions médiatrices correspondant à des pratiques de dispatching de l'information plus ou moins élaborées. Elles sont mises en place par des classes différentes de militants-médiateurs que nous avons répertoriées sous les dénominations suivantes: les passeurs, les filtreurs et les interprètes." (Granjon, 2001, p.123). L'individu est donc noeud et producteur de flux du réseau-militant. Les passeurs "se contentent de faire circuler, sans commentaire et sans modification autre que formelle, l'information dont ils disposent, selon des trajectoires inédites, le plus souvent non prévues par les instances émettrices originales." (p.124).

          Les filtreurs "entendent aussi cibler leurs interventions et se livrer au préalable à des opérations de sélection de l'information (essentiellement en ligne) qui tend à devenir pléthorique. Les filtreurs s'assignent donc comme cadre d'exercice de soulager les militants-internautes menacés par l'inflation des données et de leur faciliter la gestion et l'appropriation de l'information transmise." (p.131).

          Tandis que les interprètes "sont avant tout des aides cognitives qui se distinguent par la qualité scientifique de leurs discours et la pertinence de leurs commentaires. Ils évaluent l'information mise à disposition sur les listes de diffusion, effectuent des recoupements avec d'autres sources et d'autres types d'écrits, mettent en perspective, font émerger des problématiques" (p.137).

          Internet apparaît alors comme un paradigme structurel, comme aide à l'organisation et comme structurant des profils de militants. Ceci montre l'importance accordée au réseau des réseaux dans le néo-militantisme. En résumé, "passeurs, filtreurs et interprètes sont donc tous de nouveaux mailleurs, susceptibles d'asseoir le fonctionnement des agents du monde associatif civique distancié." (Granjon, 2001, p.138). Ce découpage catégoriel s'inspire peut-être de Machlup (voir Mattelart, 1999, p. 164-165) qui, dressant l'inventaire des différents types de "communicateurs" ou de "producteurs de connaissance", en dénombrait six: "le transporteur (transporter), qui livre le message sans rien y changer; le transformateur (transformer), qui change la forme du message (comme la ou le sténographe); le processeur (processor), qui change forme et contenu, mais seulement en suivant des procédures de routine (réarrangement, combinaisons, calculs), tel un comptable préparant des bilans, par exemple; l'interprète (interpreter), qui change forme et contenu en utilisant son imagination, comme par exemple le traducteur; l'analyseur (analyser), qui recourt à son propre jugement et à sa propre intuition en plus des procédures acceptées de telle façon que le message transmis ressemblera peu ou pas au message reçu; le créateur original (original creator) qui, d'une réserve d'information reçue de messages de tout type, y ajoute son génie d'inventeur et son imagination créatrice, faisant en sorte qu'il n'y ait que très peu en commun entre ce qu'il a reçu des autres et ce qu'il communique." C'est tout un système de fonctionnement de ce type de militantisme qui se met en place avec une individualisation du savoir mais surtout de compétences - qu'elles soient intellectuelles ou techniques.

          La technique ici employée n'est pas toujours au "parfum" du militantisme fonctionnel car son utilisation requiert des compétences techniques; revendiquer une place dans le circuit est parfois difficile, générant des exclusions, résultats bien entendu inverses de ce que cherchent les néo-militants. Pour Klein (2001), pas de doute, cela existe: "Cette décentralisation radicale dissimule une hiérarchie fondée sur ceux qui comprennent et contrôlent les réseaux informatiques reliant les activistes entre eux - ce que Jesse Jirsh, fondateur du réseau anarchiste Tao Communication, appelle "une 'ad-hocratie ' de fondus de l'informatique"."

          Cette critique est pourtant développée par les militants eux-mêmes qui utilisent Internet comme paradigme, outil de révolution sociale, mais s'aperçoivent finalement de ses limites. Ainsi, "ce qui est apparemment rejeté par les militants du monde associatif civique distancié depuis la critique sociale par projets, c'est donc l'ensemble des pratiques électroniques qui tendraient à favoriser les divergences, freineraient la transmission de l'information et attenteraient finalement aux impératifs d'utilité et de fluidité profilant l'archétype du militantisme fonctionnel." (Granjon, 2001, p.140). Internet ramenait avec lui, dans sa valise imaginaire, cette fluidité et cet impact social, mais la chute est douloureuse. Internet ne crée pas une identité ni les liens physiques nécessaires à tout mouvement de protestation. Mauvaise pioche? Finalement le tautisme de Sfez (1990) ressurgit: on croit trouver dans ces technologies de la communication la parfaite communion, alors qu'en réalité elle provoque individualisme et exclusion.

Source de pouvoir

Internet est l'outil le plus puissant de la boîte à outils de la résistance (Tony Uniper, Friends of the Earth, cité in. N. Klein, 2002, p. 463)

          Internet représente une aide pour le savoir, ce pouvoir qui reste à reconquérir. "Le réseau des réseaux semble donc être à même de renforcer les logiques d'expertise et les capacités d'analyse caractérisant une partie du répertoire d'action de la critique sociale par projets." (Granjon, 2001, p.87).

          L'Internet et les réseaux électroniques sont les moyens techniques mis au service de ces réseaux sociaux (le mouvement zapatiste est même qualifié par Castells de premier mouvement de guérilla informationnelle). Internet permet, pour ces mouvements, la transmission rapide des informations. Ainsi, "par l'usage intensif d'Internet, les zapatistes ont communiqué instantanément l'information et leurs appels dans le monde entier et ont élaboré un réseau de groupes de soutien. Celui-ci a contribué à l'émergence d'un mouvement d'opinion international qui a rendu littéralement impossible au gouvernement mexicain de recourir à la répression massive." (Castells, 1999, p.103). Internet "synonyme" de résistance... L'Internet fonctionne pour ces mouvements comme forum, plate-forme stratégique et est devenu, de par sa configuration, un paradigme structurel. De surcroît, il est considéré comme une arme de combat mais aussi de développement: "Internet a été l'une des plus grandes raisons qui ont permis à la Milice de s'étendre plus vite que tout autre groupe d'incitation à la haine dans l'histoire. L'absence de centre organisé a été plus que compensée par l'instantanéité de la communication et le potentiel de ce nouveau médium en matière de circulation des rumeurs. N'importe quel membre de milice au fin fond du Montana muni d'un ordinateur et d'un modem a pu s'intégrer à un réseau planétaire où l'on partagerait ses pensées, ses aspirations, ses stratégies d'organisation et ses peurs - une vraie famille planétaire" (Stern, 1997, p. 228). Internet ne semble pas, selon l'avis de Granjon, créateur de réseaux sociaux, mais pourrait apparaître comme renforcement de réseaux existants. Les réseaux ne créent donc pas de communication et les liens ainsi établis ne sont que virtuels. Simplement quant un réseau social déjà établi vient à utiliser Internet, il ne fait que renforcer les liens: "les formes de militantisme exprimées sur l'Internet ne se constituent donc pas directement à partir des réseaux télématiques, mais bien en référence à la force du social qu'investit la technique et imprime une homologie structurelle aux liens qui se tissent entre les réseaux sociaux militants et les réseaux télématiques." (Granjon, 2001, p.158). Au terme de son étude, Granjon souligne finalement que les néo-militants n'appréhendent Internet, pour la plupart d'entre eux, que comme une technique qui aide au militantisme: "la "performance" technique n'apparaît légitime que dans la mesure où elle est dictée et justifiée par une nécessité de nature militante. Les militants-internautes ont ainsi, pour la plupart, une approche strictement fonctionnelle de l'Internet. (...) Appréhendant les objets techniques sous l'angle exclusif de leurs usages, ils considèrent ceux-ci comme de vulgaires ustensiles inertes, qui, sans la médiation et la force des "logiques sociales" s'en emparant ne seraient finalement porteurs d'aucune prescription." (Granjon, 2001, p.159). Même si son utilisation proprement dite reste purement technique, l'imaginaire social associé à Internet rejaillit pourtant dans les discours des militants.

Aide organisationnelle

          Nous avons analysé l'impact du réseau comme identité collective et trouvé une relative faiblesse par le biais même de ce concept; force est de constater qu'Internet - réseau des réseaux - n'en est pas plus efficace. Granjon a souligné que "les technologies de l'Internet fournissent de nouveaux appuis conventionnels de l'action somme toute assez efficaces, mais insuffisants pour générer de nouvelles identités militantes qui d'ailleurs ne sont pas spécifiquement recherchées." Internet est peut-être plus simplement une aide à l'organisation. Ainsi, "l'Internet est alors apparu très rapidement comme le dispositif technique salvateur permettant de s'adapter au mieux aux exigences d'une coordination flexible. (...) Appui logistique apporté par les réseaux télématiques." (Granjon, 2001, p.79). Cette aide est semble-t-il importante, voire primordiale, dans l'idée organisationnelle que se font les militants. En fait, "le réseau des réseaux permet d'abord une amélioration des performances organisationnelles à différents niveaux." (Granjon, 2001, p.82). Son apport est double: porteur d'un imaginaire social, mais aussi aide à l'organisation / prothèse technique. Internet reste, pour le néo-militant, une aide précieuse et "le réseau des réseaux apparaît alors comme un élément central du dispositif général d'action collective qui structure pour partie l'organisation revendicative et détermine les occasions d'agir en commun". (p.82). Internet rime donc pour les néo-militants avec fluidité, flexibilité et démocratie: "L'Internet offre, de ce point de vue, l'opportunité d'un engagement marqué du sceau de la flexibilité et dégagé des contraintes d'un militantisme "sous tutelle"." (p.153). Castells nous rappelle que c'est par l'entremise d'Internet que le sous-commandant Marcos, le leader des zapatistes du Chiapas, s'adressa au monde et aux médias, du fond de la forêt Lacandon lors de sa retraite en février 1995 (Castells, 1998, p. 27).

Conclusion

          Tout au long de ce parcours au sein de l'identité du néo-militantisme, nous avons pu faire ressurgir le concept de "technologie de l'esprit" comme procédé de mobilisation. Boltanski et Chiapello (1999) ont bien montré que la critique du capitalisme s'est le plus souvent "homogénéisée" dans sa configuration, s'adaptant à chaque "nouvel esprit du capitalisme". Dans une appréhension réticulaire de ce nouvel esprit, les militants anti-mondialisation se configurent également en réseau, dans une sorte d'"isomorphisme de combat" entre deux figures antagonistes du réseau. La structure réticulaire pèche pourtant par son faible pouvoir d'identité, les dérives qu'elle entraîne et l'attachement parfois contradictoire à Internet.

Eytan Ellenberg

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Boltanski L., Chiapello E., Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999.

Castells M., La société en réseaux, Fayard, 1998.

Castells M., Le pouvoir de l'identité, Fayard, 1999.

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Office fédéral de la Police DJFP, Rapport sur la sécurité intérieure de la Suisse 2001, juillet 2002.

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Taguieff, La nouvelle judéophobie, Mille et une nuits, 2002.


Notice:
Ellenberg, Eytan. "Réseau: technologie de l'esprit et néo-militantisme", Esprit critique, Automne 2003, Vol.05, No.04, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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