Esprit critique - Revue électronique de sociologie
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Vol.04 No.04 - Avril 2002
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Numéro thématique - Printemps 2002
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L'intervention sociologique
Sous la direction de Orazio Maria Valastro
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Articles
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L'intervention sociologique dans les PME familiales: une construction épistémique de savoirs locaux.
Par Philippe Scieur

Résumé:
La recherche sociologique dans les PME familiales est peu développée et les quelques approches qui s'y intéressent procèdent de manière déductive. A partir de ce constat, nous avons élaboré une méthodologie de l'intervention sociologique, essentiellement inductive, qui s'inspire de la socio-anthropologie, et qui permet d'une part de répondre à une demande de gestionnaires de mieux comprendre et organiser leur entreprise et d'autre part de produire de la connaissance scientifique et de l'intelligibilité par rapport au social qui s'y construit. Cette démarche génère diverses interrogations d'ordre praxéologique et épistémique auxquelles nous tentons d'apporter une réponse. L'enjeu est clairement d'inscrire une manière de faire la sociologie, dans une réflexion qui questionne le sens de cette discipline scientifique.

1. Introduction.

      Au regard du processus heuristique que constitue la recherche dans les PME (petites et moyennes entreprises) familiales, et des différentes phases qui le composent, l'intervention sociologique réalisée dans ces entreprises produit de l'information, des connaissances et des effets d'intelligibilité pour l'observateur externe. Mais cette méthode de l'intervention sociologique ne vise pas uniquement la production de savoirs, elle se donne aussi comme objet de produire du changement dans l'organisation. Se posent alors les questions de l'effectivité de ce changement et des formes qu'il prend, des liens de causalité entre l'intervention et la transformation organisationnelle concrète, et des conditions qui assurent une scientificité au processus de recherche appliquée. Pour tenter de répondre à ces interrogations d'ordre praxéologique, trois thèmes sont abordés successivement: une présentation de la méthode de l'intervention sociologique dans les entreprises, une étude des transformations organisationnelles issues des interventions réalisées et enfin une mise en perspective épistémologique de l'ensemble du processus et de ses résultats.

2. Une méthode d'intervention en entreprises.

2.1. Justification de la méthode.

      Un principe majeur est à prendre en compte pour saisir la nature de la méthodologie que nous utilisons. D'abord, l'intervention met en oeuvre un dispositif qui relève successivement de l'audit préalable à l'acte de consultance et de la recherche scientifique. La dimension (fondamentale, selon nous) de recherche repose sur la nécessité suivante: construire un dispositif de recueil et de traitement des données susceptible, dans la PME familiale, de rendre intelligible la manière dont les acteurs construisent de l'action collective et d'en exprimer l'originalité du fonctionnement. Ce positionnement se démarque clairement de considérations heuristiques courantes, qui organisent la manière d'appréhender ces petites et moyennes entités productrices de biens ou de services. En effet, de nombreuses perceptions théoriques classiques sont élaborées sur le mode "par défaut": elles envisagent la structure "PME" soit comme une copie miniaturisée de la grande entreprise, soit comme sa vassale en totale subordination ou soit encore comme un élément interdépendant d'un système réticulaire d'organisations agencé sous la forme d'un district[1]. En conséquence, les méthodologies utilisées s'inscrivent dans une démarche essentiellement déductive, qui laisse finalement peu de place à l'hypothèse - pourtant féconde - de l'originalité d'un social qui se construit au sein de l'entreprise, de manière endogène. C'est en fonction de cette dernière proposition analytique que nous avons choisi une option méthodologique qui se caractérise par la référence à un processus inductif, à portée pragmatique qui puise sa légitimité à la fois dans la sociologie et l'anthropologie. Globalement, la démarche repose sur trois grands moments: la négociation de la convention, un processus soutenu et interactif de recueil des données et la production de deux documents distincts dans leur nature et leur forme, soit un rapport ingénieriste et une analyse scientifique à vocation compréhensive[2].

2.2. Description de la méthode.

      La négociation de la convention permet de définir le cadre et les modalités de l'intervention. Généralement, l'initiative de la première rencontre est prise par l'entreprise, qui connaît, par l'intermédiaire de plusieurs canaux de communication différents (structures d'interface, notoriété, réseaux relationnels...), le type d'activités et de services de notre université. La négociation porte sur la nature de l'intervention, qui est à la fois recherche, action sociale et action organisationnelle. Cette distinction clarifie à l'entame du processus les finalités de l'intervention qui recouvrent les champs scientifique, praxéologique et managérial. Cette multiplicité d'objets sous-tend que les attendus des acteurs sont divers, comme par exemple l'explicitation du fonctionnement de la PME, la définition et la recommandation d'éventuels changements de type normatif, autant dans le registre formel (règlement, procédure...) que dans l'informel (stratégie, culture...), ou encore la production d'un savoir scientifique, objet qui intéresse essentiellement le chercheur. La convention permet aussi de circonscrire la marge de manoeuvre de l'intervenant, qui se doit d'être maximale malgré le rapport contractuel qu'il noue avec le commanditaire. Après un accord relatif aux modalités concrètes (échéanciers, émoluments...), et une relecture commune de son contenu quelques semaines plus tard, la convention est finalisée. Elle inclut un suivi des transformations au sein de l'action organisée, suivi qui peut durer deux ans.

      Cet accord autorise la mise en oeuvre de l'étape suivante, le processus interactif de recueil des données. Cette phase vise à obtenir un maximum de données issues de trois types de sources: la littérature grise (les documents internes comme les procès verbaux de réunions, les réglementations...), l'observation directe (notamment l'organisation spatiale de l'entreprise, les formes relationnelles) et surtout les entretiens. Ces derniers, de type compréhensif, sont collectifs et individuels, organisés sur un mode séquentiel. La démarche débute par une rencontre avec l'ensemble du personnel concerné afin de présenter le cadre et les modalités de l'intervention, dont les règles éthiques de confidentialité et d'anonymat dans le rapport final[3]. Ensuite, une première série d'interviews individuelles d'une heure environ permet le recueil, d'une part d'informations sur les pratiques culturelles, les rapports relationnels et les formes structurelles de l'organisation, et d'autre part d'une série de propositions concrètes d'amélioration du système global qu'est la PME. Trois semaines plus tard, une nouvelle rencontre est mise sur pied, plus courte (20 minutes) à partir d'un bilan des aspirations professionnelles de chacun. C'est l'occasion pour l'intervenant de tester de premières hypothèses empiriques et de constituer un document synthèse individualisé, outil de gestion des ressources humaines. Plus l'intervention avance, plus les rencontres avec le personnel sont informelles, au gré des visites dans l'entreprise, plus l'intervenant s'imprègne de la réalité.

      D'un point de vue contractuel, l'intervention se termine par la remise au commanditaire d'un rapport final, qui se positionne sur un plan descriptif et analytique, rédigé sous une forme ingénieriste. Il est toujours discuté avec le commanditaire et amène parfois à l'organisation d'une séance de restitution complète ou partielle à destination du personnel. Ce travail de traduction n'est pas aisé comme le souligne Bultez (1990:99) "[...] l'incidence des retombées pratiques de la recherche peut ne s'avérer substantielle qu'au terme d'une longue période d'investissement en théories et modèles, suivie souvent d'efforts de longue haleine de traduction en résultats communicables sous forme, par exemple, de règles décisionnelles simples".

      Cependant, l'intervention sociologique ne se termine pas là. Observateur privilégié d'une situation de transformation de l'entreprise, le sociologue reste en veille analytique, ce qui est d'autant plus aisé qu'il a cessé d'être un intervenant direct sur le système organisationnel et qu'il a négocié dans la convention cette possibilité de suivre l'évolution de l'organisation, souvent d'ailleurs pendant deux ans (cf. supra).

3. Une étude praxéologique des transformations organisationnelles.

      Les changements observables dans l'organisation se situent à plusieurs moments chronologiquement différents et portent sur des registres aussi distincts que les sentiments, les représentations, les structures fonctionnelles et les formes de l'action collective. Ces changements sont clairement influencés par le rôle construit en situation par le sociologue qui interagit avec les autres acteurs de l'organisation. Nous en repérons quatre types.

      Le premier tient à l'effet d'annonce de l'intervention et concerne les attentes des différents acteurs. En réalité, cet effet d'annonce crée souvent dans les PME un sentiment général équivoque, tension entre insécurité et sécurité. Le sentiment d'insécurité se justifie par la perception de l'intervention par nombre d'individus comme une forme d'évaluation formalisée de leur travail, ce qui va à l'encontre des pratiques culturelles habituelles[4] et comme une restriction potentielle de zones d'incertitude qu'ils contrôlent. Le sentiment de sécurité repose lui sur la méthodologie de l'intervention, supposée rigoureuse et rationnelle (donc objective), perception liée au statut universitaire de l'intervenant[5] et à son arsenal de méthodes.

      La deuxième forme de changement observable se situe au moment de l'entretien. La mise en contexte spécifique à l'interview, avec le guide d'entretien comme médiateur, permet à l'individu de mobiliser sa clairvoyance organisationnelle, c'est-à-dire sa capacité à composer mentalement une analyse organisée de son entreprise. De plus, la confrontation cognitive, lors du deuxième entretien, entre l'intervenant qui soumet ses premières hypothèses empiriques et le membre du personnel, est susceptible de générer chez ce dernier une modélisation représentative, phénomène déclencheur de nouveaux comportements.

      La troisième forme de changement tient aux décisions concrètes de transformation de l'action organisée prises par le directeur de la PME, qui concernent la structure relationnelle, fonctionnelle et culturelle. Les changements apportés, comme le souligne Alter (2001) à l'égard du processus d'innovation, comportent une part d'imprévisible et de désordre. Une autre forme d'action collective se met en place, à partir de nouvelles règles, formelles comme informelles. Le sociologue, à l'affût, peut alors analyser ces transformations et la manière dont les individus et les collectifs se les approprient et les concrétisent au coeur de l'action sociale. Là se situe la quatrième forme de transformation, qui tient finalement de l'apprentissage culturel[6], un apprentissage individualisé ou collectif qui se distancie du changement prescrit parce qu'il est incarné, concret et stochastique.

4. Mise en perspective épistémologique de l'ensemble du processus et des résultats.

      Comme nous venons de le montrer, l'intervention sociologique, outre des changements de type pragmatique qui ressortissent à la gestion, suscite des changements organisationnels qui constituent aussi dans le processus méthodologique que nous avons élaboré dans les PME familiales un objet d'étude. Ainsi, l'intervention cible la production scientifique de connaissances en référence à une orientation épistémologique précise, la Grounded Theory de Glaser et Strauss (1967, 1995). Le principe central de ce modèle peut se résumer de la sorte: la théorie se construit sur les faits en provenance du terrain, et nécessite d'une part des mécanismes réguliers de validation empirique des savoirs produits[7] et d'autre part l'usage d'une analyse comparative à des fins d'accroissement de son pouvoir explicatif. Cette dernière condition induit que la production d'un savoir sociologique intelligible, pour reprendre le concept de Passeron (1991, 1995), nécessite la mise en tension comparée de plusieurs analyses monographiques à l'aide de théories existantes[8] sans pour autant viser la généralisation universelle des propositions analytiques qui en seraient issues[9]. La théorie n'est pas alors réfutable au sens de l'épistémologie institutionnelle de Popper parce que l'on peut toujours formuler des énoncés singuliers qui témoignent d'une réalité observée, susceptible de l'invalider.

      Le sociologue se concentre donc davantage sur la rigueur de l'exercice comparatif et la nécessité de la preuve que sur la supposée exactitude positiviste de sa théorie[10]. Sa tâche ne consiste pas à mieux connaître la situation concrète que les gens qui y sont engagés. Il doit créer, ce que ces acteurs ne peuvent réaliser, c'est-à-dire "des catégories générales, assorties de leurs propriétés, capables de rendre compte de situation et de problèmes spécifiques" (Glaser, Strauss, 1995:194).

5. Conclusions: praxéologie, méthodologie, épistémologie.

      En proposant comme titre à cette contribution "L'intervention sociologique dans les PME familiales: une construction épistémique de savoirs locaux", nous avons souhaité montrer que l'intervention dans un espace réduit comme la PME familiale peut produire des connaissances scientifiques, si plusieurs conditions sont respectées. Une posture inductive permet de saisir localement la manière dont les acteurs (y compris l'intervenant) du système organisationnel construisent de l'ordre, provoquent du désordre, du flou. La prise en compte de la spécificité des logiques d'action particulières à chaque entreprise permet de fournir au commanditaire de l'intervention une radioscopie susceptible de l'interroger sur ses pratiques et de l'aider à prendre des décisions opérationnelles. Les trois fonctions de la sociologie selon Berthelot (1996), utilité, caution et médiation[11] sont alors remplies. Mais la tâche du sociologue n'est pas terminée. Le dispositif qu'il privilégie lui permet d'observer les changements en cours et d'inclure ces données nouvelles dans son matériau. La démarche est praxéologique (Ferréol, 1997), l'étude devient diachronique. Soucieux de construire un savoir à portée explicative dans le registre des sciences sociales, l'intervenant se mue en chercheur, producteur de connaissances à partir de théories et de concepts qu'il mobilise. En comparant ses analyses réalisées sur plusieurs entreprises, il tente de proposer des catégories compréhensives[12] qui élargissent la portée de ses résultats. Il produit ainsi de l'intelligibilité du social, qui reste modeste et en conformité maximale avec la réalité, qui se fonde sur un positionnement épistémologique à tendance constructiviste, résolument non poppérien.

      Notre objet était de poser une réflexion sur l'inscription du connaître dans l'agir (Berthelot, 1996) par le biais de l'intervention sociologique dans les PME, que nous pratiquons régulièrement. Mais l'enjeu était aussi de fonder épistémologiquement cette sociologie de terrain, sans doute trop distante des sphères académiques comme le soulignent opportunément Vrancken et Kuty (2001). La difficulté qu'elle révèle se situe dans la rigueur nécessaire à l'accomplissement d'un travail sociologique fait de tensions entre distanciation et empathie du chercheur, subjectivation et objectivation du processus méthodologique. Le métier de sociologue passe alors, sans doute, par l'apprentissage de la gestion médiatrice de ces tensions.

Philippe Scieur

Notes:
1.- cf. notamment: Amiot, Michel. Les misères du patronat. Le monde des petites et moyennes entreprises industrielles et de leurs patrons. Paris: L'Harmattan, 1991, Collection "Logiques sociales", 268 pages. Benko, Georges. Lipietz Alain (eds). Les régions qui gagnent. Districts et réseaux: les nouveaux paradigmes de la géographie économique. Paris: Presses Universitaires de France, 1992, Collection Economie en liberté, 424 pages.
2.- Pour plus d'explications, cf. Scieur, Philippe. Polynomie et désarroi. Contribution à une sociologie des petites et moyennes entreprises. Louvain-la-Neuve: CIACO développer sigle, 2000, Université Catholique de Louvain, Faculté des sciences économiques, sociales et politiques, Nouvelle série-no355, 370 pages.
3.- Comme le souligne Enriquez (2001), le positionnement éthique de l'intervention demande une implication qui fait état de sympathie et une volonté de ne pas nuire.
4.- Nous avons relevé (Scieur, 2000) comme une des caractéristiques culturelles majeures dans les petites et moyennes entreprises familiales l'absence d'évaluation formelle du personnel.
5.- Il importe pour l'intervenant de tenter de comprendre ce qui justifie réellement la sollicitation du commanditaire. Plusieurs hypothèses non mutuellement exclusives sont crédibles: la légitimation d'une décision déjà prise ou à prendre, un effet de mode, la résolution d'un problème, le désarroi qui rend le gestionnaire incapable d'arbitrer entre plusieurs logiques d'action. Cf. Scieur, Philippe. "La PME et l'expert en formation: la construction d'une relation", in Garant, Michèle. Scieur, Philippe (eds). Organisations et systèmes de formation. Bruxelles: De Boeck Université, Collection Management, p. 149-167.
6.- Parler d'apprentissage culturel signifie que les gens peuvent, selon les circonstances, les expériences ou les situations, modifier ou faire évoluer leur système de représentations et construire de nouvelles identités individuelles ou communautaires (Sainsaulieu, 1997; Segrestin, 1996).
7.- L'impératif de restitution développé par M. Crozier et E. Friedberg (1977, 1993) comme le critère de vraisemblance développé par F. Dubet (1994:229-236) relèvent de cet exercice de vérification et de validation. La distinction entre ces deux exigences épistémologiques - la restitution et la vraisemblance - tient essentiellement au moment historique de leur convocation durant le processus de production scientifique. Ainsi, la restitution, non exempte d'ailleurs d'une mise en scène presque didactique, est réalisée à la fin du processus, alors que la vraisemblance est inscrite au plus profond de la méthode de l'intervention sociologique parce qu'elle est productrice de sens au cours de la rencontre avec les groupes d'acteurs, parce qu'elle renvoie à leur expérience.
8.- Par exemple, l'analyse stratégique de Crozier et Friedberg ou encore l'analyse culturaliste proposée par Sainsaulieu.
9.- Cf Bouvier (2000) pour le développement de la comparaison en socio-anthropologie. Chez nombre d'autres auteurs de ce courant épistémologique, la généralisation n'est pas une fin en soi mais est plutôt considérée comme un moyen d'élargir la portée de la théorie.
10.- Comme le souligne avec opportunité Lassave (1998:180), en référence à Passeron (1990) et Berthelot (1990), "le principe de véridicité de ces sciences (celles qui expliquent les agissements humains) repose donc sur la qualité logique du raisonnement interprétatif en son adéquation aux faits construits selon des méthodes aussi distinctes que l'observation empathique et l'analyse statistique et selon des schèmes logiques aussi divers que ceux propres à la cause, à la fonction, à la structure, au sens, à l'action, ou à la dialectique".
11.- En appliquant les trois fonctions selon Berthelot (1996) à notre questionnement, comme productrice de savoirs, les sciences sociales fournissent des instruments de connaissance, de diagnostic ou d'appréciation aux décideurs des organisations, et assurent ainsi une fonction d'utilité et éventuellement une fonction de caution lorsqu'elles sont mobilisées dans les argumentaires. Mais l'extériorité du chercheur vis-à-vis de l'action, inhérente à ces deux fonctions, se réduit lorsqu'il est "directement mobilisé pour intervenir sur des situations concrètes" (Berthelot, 1996:219). Son travail alors est de problématiser l'existant aux yeux des acteurs concernés et de faire partager ses interrogations (critiques) par une médiation communicationnelle.
12.- Par exemple, l'analyse posée sur un plan organisationnel dans les PME (Scieur, 2000) a permis de dégager une forme sociale, la polynomie, qui génère chez le sujet une expérience particulière et ordinaire appelée "désarroi". Nous entendons par là l'expérience culturelle du sujet de distanciation subjective et critique par rapport à cette polynomie, qui provoque son incapacité d'arbitrer entre les différents référentiels et d'agir alors que le contexte de l'action le nécessite.
Références bibliographiques:

Alter, Norbert. L'innovation ordinaire. Paris: Presses Universitaires de France, 2001, Deuxième édition, Collection Sociologies, 278 p.

Berthelot, Jean-Michel. L'intelligence du social. Paris: Presses universitaires de France, 1990, Collection Sociologie d'aujourd'hui, 249 p.

Berthelot, Jean-Michel. Les vertus de l'incertitude. Le travail de l'analyse dans les sciences sociales. Paris: Presses Universitaires de France, 1996, Collection Sociologie d'aujourd'hui, 271 p.

Bouvier, Pierre. La socio-anthropologie. Paris: Armand Colin, 2000, Collection U, 222 p.

Bultez, Alain. "Développer la recherche en gestion pour améliorer l'enseignement", Revue française de gestion, no78, 1990, p. 98-104.

Crozier, Michel. Friedberg, Erhard. L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective. Paris: Seuil, 1977, Collection Points Politique, 500 p.

Dubet, François. Sociologie de l'expérience. Paris: Seuil, 1994, Collection La couleur des idées, 273 p.

Enriquez, Eugène. "L'éthique de l'intervenant.", in Vrancken, Didier. Kuty, Olgierd (eds). La sociologie et l'intervention. Enjeux et perspectives. Bruxelles: De Boeck Université, 2001, Collection Ouvertures Sociologiques, p. 299-310.

Ferréol, Gilles (ed.). Dictionnaire de sociologie. Paris:Armand Colin, 1997, Deuxième édition, Collection Cursus, 300 p.

Friedberg, Erhard. Le pouvoir et la règle. Dynamique de l'action organisée. Paris: Seuil, 1993, Collection Sociologie, 405 p.

Garant, Michèle. Scieur, Philippe (eds). Organisations et systèmes de formation. Bruxelles: De Boeck Université, 2002, Collection Management, 252 p.

Glaser, Barney. Strauss, Anselm. The Discovery of Grounded Theory: Strategies for Qualitative Research, Chicago: Aldine de Gruyter, 1967.

Glaser, Barney. Strauss, Anselm. "La production de la théorie à partir des données.", Enquête, no1, 1995, p. 183-195.

Passeron, Jean-Claude. Le raisonnement sociologique. L'espace non-poppérien du raisonnement naturel. Paris: Nathan, 1991, Collection Essais & Recherches, 408 p.

Passeron, Jean-Claude. "L'espace mental de l'enquête (I). La transformation de l'information sur le monde dans les sciences sociales.", Enquête, no1, 1995, p. 13-42.

Lassave, Pierre. "Retour sur les liens entre sciences sociales et littérature", Cahiers internationaux de Sociologie, volume CIV, 1998, p. 167-183.

Sainsaulieu, Renaud. Sociologie de l'entreprise. Organisation, culture et développement. Paris: Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques & Dalloz, 1997, Deuxième édition, Collection Amphithéâtre, 477 p.

Segrestin, Denis. Sociologie de l'entreprise. Paris: Armand Colin, 1996, Deuxième édition, Collection U, 223 p.

Vrancken, Didier. Kuty, Olgierd (eds). La sociologie et l'intervention. Enjeux et perspectives. Bruxelles: De Boeck Université, 2001, Collection Ouvertures sociologiques, 357 p.

Récentes publications de l'auteur:

Garant, Michèle. Scieur, Philippe (eds). Organisations et systèmes de formation. Bruxelles: De Boeck Université, 2002, Collection Management, 252 pages.

Scieur, Philippe. "La dynamique d'apprentissage culturel comme enjeu stratégique. Le cas de la transformation d'un département d'une multinationale en une PME familiale", in Charlier, Jean-Emile. Moens Frédéric (eds.). Modernités et recomposition locale du sens. Mons: Edition des Facultés universitaires catholiques de Mons, 1999, p. 256-269.

Notice:
Scieur, Philippe. "L'intervention sociologique dans les PME familiales: une construction épistémique de savoirs locaux.", Esprit critique, vol.04 no.04, Avril 2002, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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