Les évolutions de l'école contemporaine au 
                cours de ces dernières années. 
                Par Claude Faessel 
                
Résumé:
Le monde éducatif a de tout temps chahuté la 
                cinquième république avec une pointe en 1968. Les enseignants 
                ont été stabilisés dans leur position administrative par la résorption 
                de l'auxiliariat et amélioration de leur conditions d'exercice 
                par professionnalisation de la fonction et revalorisation de cette 
                dernière (avec plus ou moins de bonheur). Le paysage syndical 
                s'est reconstitué mais l'exercice du métier voit l'enseignant 
                fragilisé.
				
      Les familles de leur 
            côté sont marquées par une nouvelle composition avec tissage de 
            nouveaux liens et une modification des rôles au sein des familles. 
            
      La décentralisation 
            par contre, a engendré une nouvelle logique administrative et 
            comptable. La massification a généré un nouveau rapport à l'école 
            qui devient plus sensible aux problèmes de la société. 
            
      Les établissement, 
            malgré les soubresauts créés par les grèves fortes des collèges de 
            la région parisienne et celles des étudiants, sont en 
            restructuration. La fonction de l'enseignant est complètement revue 
            dans les chartes du XXI ème siècle. 
            
      A l'époque où se 
            prépare le XXI ème siècle, c'est un regard sur l'évolution de 
            l'école sous l'angle du primaire et du secondaire (centré plus 
            particulièrement sur la deuxième moitié des années 90) qui est porté 
            dans cet article. Cette évolution est resituée à l'aune des 
            différents acteurs du mouvement éducatif sans oublier un retour en 
            arrière dans le temps. 
            
1. L'éducation nationale, l'enfant turbulent de 
            la V ème République: 
            
      Le mouvement 
            universitaire, depuis la création de la cinquième république en 
            France le 28/09/1958, est lié à la politique nationale. C'est 
            jusqu'en 1962, un bastion de l'opposition à la guerre d'Algérie. Ce 
            sera par la suite, comme dans de nombreux pays, un bastion de 
            l'opposition à la guerre du Vietnam.
				
      Des institutions 
            importantes aussi bien chez les étudiants comme le ou les UNEF [1], la 
            MNEF [2], que 
            chez les enseignants comme la FEN [3] qui 
            est leur principal syndicat, se comportent comme de véritables 
            contre-pouvoirs, au point qu'une certaine droite accusera le 
            ministre Haby, initiateur du collège unique d'avoir fait une réforme 
            sous la pression de la FEN. Lorsque la FEN éclata entre une FEN 
            maintenue et que la FSU [4] 
            devenue premier syndicat des enseignants prit le relais de 
            l'opposition, c'est Claude Allègre, ministre de l'éducation qui 
            engagea un bras de fer avec le SNES [5], 
            composant principal de la FSU pour reprendre, à ses dires, son 
            autonomie d'action. La Société des Agrégés est occultée de la liste 
            officielle des contre-pouvoirs qui ont leurs entrées au ministère. 
            C'est un mouvement corporatiste infiltré dans les rouages de 
            l'administration centrale qui a un poids très lourd et qui agit sans 
            faire parler de lui. 
            
      Depuis la vague 
            déferlante de 1968 (où pour première fois dans l'histoire de la Ve 
            république, se sont manifestés les lycéens à travers les CAL [6]), 
            plusieurs mouvements ont défrayé la chronique. En mars 1975 ce sont 
            des manifestations de lycéens contre la réforme Haby (Présidence de 
            Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac premier ministre). Toujours 
            en mars mais en 1984 manifestations de 500 000 personnes pour 
            l'enseignement libre alors qu'Alain Savary, ministre de l'éducation 
            (Présidence de François Mitterrand, Pierre Mauroy premier ministre) 
            propose un service public unifié et laïque d'éducation nationale, le 
            SPULEN, incluant l'enseignement confessionnel. La réplique survient 
            près de deux mois après: manifestations de 150 000 personnes pour 
            l'enseignement laïque et contre manifestation deux mois après de 1 
            400 000 personnes pour l'enseignement libre. Alain Savary 
            démissionne après l'abandon de son projet de loi. En 1986, se 
            déroulent des manifestations d'étudiants contre la loi Devaquet 
            (Présidence de François Mitterrand, Jacques Chirac premier 
            ministre). Au cours d'affrontements avec la police, Malik Oussekine 
            est tué. Devaquet démissionne. Fin 1987 face au "Plan d'urgence" 
            Jospin (Présidence de François Mitterrand, Michel Rocard premier 
            ministre), les lycéens descendent dans les rues de Paris. En 
            décembre1993 (Présidence de François Mitterrand, Edouard Balladur 
            premier ministre) eu lieu une manifestation contre le projet de 
            révision de la loi Falloux, environ 700 000 personnes (projet cassé 
            le 13-1-2023). En septembre 1994, F. Bayrou, Ministre de 
            l'Education, réglemente le port des insignes religieux ostentatoires 
            à l'école (Présidence de François Mitterrand, Edouard Balladur 
            premier ministre). C'est ainsi qu'en février 1999 le conseil de 
            discipline d'un établissement peut décider du renvoi de deux élèves 
            portant le foulard islamique. 
            
      En 1995, pendant les 
            grèves de l'automne, les enseignants se sont ralliés au mouvement 
            pour la défense de la sécurité sociale. 
            
      Après le changement 
            de gouvernement de 1997, l'année suivante a été riche en mouvements. 
            De février à mai suite à de phénomènes de violence, le département 
            de la Seine St Denis surtout a connu des grèves et manifestations 
            dures. L'automne 98 a vu éclore le mouvement lycéen et la grève dans 
            les IUT. Les départements d'outre mer ont eux aussi été touchés 
            (avril 1998) comme l'indique la dépêche suivante: "Toutes les 
            écoles, collèges et lycées de Guadeloupe sont fermées depuis jeudi 
            dernier par suite d'une grèves des enseignants, constitués en 
            intersyndicale, qui se plaignent de la surcharge de leurs classes et 
            revendiquent la création de 169 postes. Les portails de toutes les 
            écoles de l'archipel ont été cadenassées par les grévistes, qui 
            occupent le siège du rectorat à Pointe-à-pitre depuis jeudi 
            dernier." [7] 
            
2. Les enseignants: 
            
2.1 Une recomposition syndicale: 
            
      Les forces de droite 
            ont tenté de créer une confédération syndicale ouvrière dite 
            indépendante, la CSL [8] en 
            1977. Elle prenait la suite de la CFT [9] 
            fondée en 1959 et d'inspiration gaulliste. Elle s'appuie sur la 
            défense de l'emploi et l'idée de la cogestion ouvrière. L'UNI [10] 
            créé en 1968 en apparaît comme la branche universitaire. 
            
      Le paysage syndical 
            français reste cependant axé à gauche. 
            
      La CGT rassemble les 
            enseignants du technique. 
            
      Eclatement de la 
            puissante FEN qui regroupait différents niveaux de corps 
            d'enseignants et organisé autours de quelques tendances à 
            connotation politique: le SNI composé des enseignants du primaire et 
            PEGC dirigé par la tendance UID (à caractère socialiste), le SNES 
            composés des enseignants du secondaire (maîtres auxiliaires, 
            certifiés, agrégés, adjoints d'enseignements) dirigé par la tendance 
            UA [11]
            (communiste) et le SNE-Sup [12] de 
            même tendance. La direction de la FEN est quand à elle dirigée par 
            UID. Cette dernière, tente d'exclure la tendance concurrente UA. Il 
            en ressort une rupture avec conservation d'une FEN amoindrie 
            constituée essentiellement par l'ancien SNI et naissance d'un 
            nouveau syndicat (printemps 1992) mais aussi d'un nouveau 
            syndicalisme avec la FSU composée essentiellement d'une partie du 
            SNI, du SNES et SNE-Sup. La tendance Ecole émancipée du temps de la 
            FEN, rejoint le nouveau syndicat. Les élections professionnelles le 
            feront apparaître comme premier syndicat des enseignants. 
            
      Ce dernier apparaît 
            en même temps que se produisent des dissidences dans d'autres 
            centrales syndicales comme la CFDT (naissance de Sud-PTT), des 
            recentrages syndicaux comme à FO. Un nouveau syndicalisme semble se 
            créer combinant revendication et responsabilité. 
            
2.2 Plan de résorption de l'auxiliariat: 
            
      Depuis la mise en 
            place des IUFM, la formation des enseignants est normalisée. Des 
            efforts avaient été réalisés pour réduire les catégories 
            d'enseignants (mise en extinction de corps comme les adjoints 
            d'enseignement et PEGC) et résorber les maîtres auxiliaires employés 
            généreusement à une époque de grand besoin. En 1995, un concours 
            spécifique leur est ouvert pour un cinquième des postes ouvert aux 
            autres catégories. La mobilité des enseignants est plutôt assurée 
            par des titulaires-remplaçants ou titulaires académiques. 
            
2.3 Revalorisation des enseignants: 
            
      C'est Lionel Jospin, 
            alors Ministre de l'Education, qui au début des années 90 lança un 
            plan de revalorisation des enseignants. Il mit sur pied un ensemble 
            de mesures de concernant l'évolution de carrière et les salaires. 
            Cet ensemble de mesures s'accompagnait d'un contrat implicite dans 
            lequel les enseignants devaient en contre partie être plus 
            performant, accepter l'hétérogénéité et la pédagogie différenciée 
            qui en découlait. Bien entendu, les orientations pédagogiques 
            étaient fournies, le comment faire absent. 
            
      Chaque corps 
            d'enseignement est hiérarchisé. L'évolution dans la carrière 
            s'effectue en fonction de l'ancienneté et de la notation 
            administrative et pédagogique. Le personnel gravit donc des échelons 
            auxquels sont associés des indices permettant une comparaison entre 
            corps. En effet, chaque point d'indice représente une valeur 
            monétaire identique pour tout corps [13]. 
            
      Ces deux dernières 
            notations sont fonction de l'ancienneté dans le corps. Ainsi, un 
            enseignant reconnu comme excellent, ne peut avoir une note de 20/20 
            surtout s'il est débutant. Une forme d'assouplissement est prévue: 
            les notes sont mises dans une fourchette comprise entre un minimum 
            et un maximum. La règle générale consiste à attribuer dans les cas 
            classiques la note moyenne de l'échelon. Lorsque l'enseignant est 
            stable dans son poste, il passe plus facilement à la notation 
            maximum de l'échelon. 
            
      Chaque corps possède 
            11 échelons (sauf les maîtres auxiliaires) à gravir à partir du 
            premier. La durée maximum de séjour dans un échelon est fixée dans 
            le tableau d'avancement. Plus l'on monte en échelon, plus la durée 
            de passage s'accroît. En fonction de sa notation et de son 
            ancienneté dans l'échelon, l'enseignement peut passer à l'échelon 
            suivant plus rapidement. Il existe donc un passage dit au grand 
            choix à la moitié du temps requis pour 25% (ou 1/7e) des titulaires, 
            à la moitié du temps requis augmenté généralement d'un an pour 
            environ un autre quart (passage au petit choix), les autres passant 
            à l'ancienneté. 
           
      Suivant le moment 
            dans l'évolution de la carrière, il y a nécessité de demander une 
            inspection pour pouvoir bénéficier d'un passage anticipé à l'échelon 
            supérieur. 
            
      Ainsi les 
            instituteurs du primaire terminent au 11e échelon à l'indice 512, 
            les maîtres auxiliaires (les seuls à terminer au 8e échelon) au 
            mieux à l'indice 504, les PEGC du secondaire au 11e à l'indice 537, 
            les certifiés à l'indice 655, les bi-admissibles à 685, les agrégés 
            à 818. Ainsi plus on monte dans la hiérarchie scolaire (école, 
            collège, lycée), plus on est diplômé et plus on gagne (mis à part 
            les maîtres auxiliaires). 
            
      Après le plan de 
            résorption de l'auxiliariat (intégration des maîtres auxiliaires et 
            adjoints d'enseignement, corps à statut transitoire), de nouvelles 
            perspectives de carrière sont proposées aux enseignants. Des hors 
            classes sont créées et accessibles en fonction de l'ancienneté. 
            Ainsi la hors classe des PEGC les amène à l'indice 655 (au lieu de 
            537), indice de fin de carrière d'un certifié. Ils avaient bénéficié 
            en 1981, d'un abaissement de l'obligation de service hebdomadaire de 
            21 heures à 18 H. Il y a donc bien là une revalorisation du corps 
            des PEGC. Elle sera temporisée par un quota annuel dégressif qui ne 
            permettra qu'à une minorité d'en bénéficier. Il y aura même une hors 
            classe exceptionnelle qui permet d'atteindre l'indice 731 d'un 
            certifié hors classe. 
            
      De même sera créée 
            une hors classe pour les certifiés (indice terminal 731 comme déjà 
            dit) et une hors classe pour les agrégés allant jusqu'à l'échelon 
            960). Pour ces deux dernières catégories, la revalorisation sera 
            vraiment efficace. 
            
      Un nouveau corps 
            pour le primaire vient cohabiter avec le corps des instituteurs. 
            C'est celui des professeurs d'école qui sont issus de la 
            transformation des écoles normales en IUFM. La logique d'avancement 
            des PE est telle qu'au bout de 4 ans 6mois, un PE atteint le 5e 
            échelon avec un indice de 436 alors qu'instituteur doit arriver au 
            9e échelon pour atteindre (avec 17 ans d'ancienneté) l'indice 438. 
            Par contre les instituteurs partent à la retraite, sauf exception, à 
            l'âge de 55 ans contrairement aux autres corps. Une fin de carrière 
            pour les PE se fait à l'indice 655 pour la classe normale et 780 
            pour la hors classe. 
            
      La cohabitation de 
            ces deux corps au sein de l'école primaire a donc créé des 
            rancoeurs. C'est pourquoi, l'intégration des instituteurs dans le 
            corps des professeurs d'école par examen ou décision administrative 
            a due être mise en place. Cette intégration n'inclue pas de 
            reconstitution de carrière (sauf pour les lauréats des concours 
            externes) et se fait en fonction de l'ancienneté. A l'heure 
            actuelle, chaque instituteur peut espérer atteindre la classe 
            normale des PE lors de son départ à la retraite. Claude Allègre, 
            Ministre de l'Education s'y engage. Toute une frange d'instituteur 
            est partie est la retraite sans pouvoir bénéficier d'une 
            revalorisation. La revendication majeure du SNU-ipp (branche 
            syndicale de la FSU) est l'intégration de tous les instituteurs dans 
            le corps des PE.
			
      Pour améliorer 
            l'avancement des PEGC, une possibilité d'intégration dans le corps 
            des certifiés leur est offerte. Le décret 68 autorise les titulaires 
            d'une licence à passer dans le corps des certifiés avec 
            reconstruction de carrière. Le décret 93 (mis en place par Jack 
            Lang, ministre de l'Education Nationale) autorise les non diplômés à 
            intégrer le corps des certifiés sans reconstruction de carrière. 
            Cependant les critères sont administratifs (accord de l'inspecteur 
            de la discipline concernée) et surtout liés à l'ancienneté. Ainsi 
            les PEGC qui ont profité de ces décrets avaient donc une ancienneté 
            certaine et se sont vu couper des possibilités d'atteindre les hors 
            classes de leur nouveau corps, même lorsqu'il y a reconstitution de 
            carrière. En effet cette dernière minore l'ancienneté réelle, et ils 
            ont renoncé à celle de leur ancien corps qu'il auraient peut-être 
            atteint en raison de la forte diminution des effectifs de ce corps 
            (départ à la retraite, intégration dans d'autres corps). 
            
      De la même façon, 
            les certifiés peuvent être intégrés dans le corps des agrégés mais 
            le poids non négligeable de ce corps auprès du ministère a fait que 
            les nouveaux intégrés ne peuvent bénéficier des mêmes avantages que 
            les vrais agrégés. Faut-il y voir le pouvoir occulte de la Société 
            des Agrégés ? 
            
      Notons que depuis 
            1981, les réajustements de salaire liés notamment à la hausse du 
            coup de la vie ne touche guère les fonctionnaires. Face à la 
            dévaluation du pouvoir d'achat des enseignants, la seule évolution 
            salariale restante est celle liée aux promotions de carrière. Elles 
            ont donc une acuité plus forte. 
            
      Il en résulte que 
            les revalorisations des parcours sont limités (à cause de la loi de 
            l'ancienneté) et ont généré pour la majorité de ceux qui en ont 
            bénéficié de grandes frustrations. Seule une petite minorité a pu 
            bénéficier d'une revalorisation réelle. Ceux pour qui la 
            revalorisation a été payante sont les certifiés et agrégés, 
            c'est-à-dire ceux qui en avaient le moins besoin et ceux qui sont 
            considérés comme l'élite des enseignants. 
            
      En ce qui concerne 
            la revalorisation morale, elle tarde à venir. Considérés un temps 
            avec le corps des fonctionnaires dont ils font partie, comme des 
            "nantis" et des "privilégiés", ils ont courbé l'échine et se sont 
            tus. Aucun ministre n'est parvenu à faire remonter leur aura. De 
            récents sondages laissent à penser que la majorité des français ont 
            une opinion favorable du corps enseignant. 
            
      Une enquête de 1996 
            réalisée par la SOFRES et commandée par la FSU indique que 74 % des 
            français jugent le travail des enseignants assez ou très 
            satisfaisant, 52% considèrent que l'enseignement fonctionne assez ou 
            très bien. C'est ce que confirme l'hebdomadaire Mariane dans un 
            article provocateur "Les profs, ces héros" (no 56, mai 1998). 
            
      Par contre le corps 
            enseignant perçoit son ministre actuel qui a succédé à un ministre 
            incolore, comme un fossoyeur de leur identité, autoritaire et 
            méprisant. Chacune de ses interventions est mal perçue et la liste 
            des expressions assassines qui lui sont attribuées s'allonge. 
            
      Claude Allègre était 
            le bras droit de Lionel Jospin lorsque ce dernier alors Ministre de 
            l'Education à lancé la revalorisation des enseignants. Plusieurs 
            années après devenu lui-même Ministre de l'Education, il leur 
            reproche de ne pas avoir honoré leur contrat implicite par lequel 
            ils se devaient d'être plus performant. Il manifestait déjà ses 
            attentes au début de la revalorisation par des rapports basés sur 
            l'idée que l'on pouvait faire du neuf avec du vieux. 
            
      C'est pourquoi, 
            devenu Ministre, il tente de lancer la vindicte populaire contre ses 
            administrés par des petites phrases assassines visant à décrier le 
            corps enseignant. Une fracture irrémédiable semble naître entre le 
            corps enseignant que l'on voudrait moteur de l'évolution et son 
            ministre initiateur du changement. 
            
      Les grèves perlées 
            du mois de février 1999 contre les fermeture de poste, ont généré le 
            15 mars une mobilisation des enseignants contre leur ministre et un 
            violent désir le voir partir. 
            
      Dans les réformes 
            qu'il propose, rejetées par les syndicats, avec la "Charte de 
            l'école du XXIe siècle" Claude Allègre cherche à rassurer les 
            enseignants: "Vous restez les maîtres de vos classes. C'est à vous 
            et à vous seul qu'il incombe de conduire et de piloter 
            l'enseignement ... Nous vous donnons plus de souplesse, dans 
            l'organisation de votre temps, ... Enfin, nous revalorisons le 
            statut des enseignants [14]. 
            ... cette charte traduit notre confiance et notre respect à l'égard 
            de tous les enseignants ...". (extraits de la lettre 
            d'accompagnement de la charte en date du 5 mars 1999, adressée à 
            tous les enseignants). 
            
2.4 Professionnalisation de la fonction: 
            
      Les enseignants du 
            primaire étaient traditionnellement formés par les Ecoles normales. 
            Ceux du second degré, hormis les PEGC [15], 
            corps en voie d'extinction par arrêt du recrutement, étaient peu 
            formés à l'enseignement. 
            
      La création des 
            IUFM [16] 
            permet de canaliser dans une même institution les futurs 
            enseignants. Comme sa dénomination ne l'indique pas, l'IUFM est 
            chargé de former des professeurs. Dorénavant, il n'y aura plus que 
            des professeurs y compris dans le primaire où est créé le corps des 
            professeurs d'école (PE) chargé de replacer les instituteurs. Tout 
            enseignant est titulaire du niveau bac plus trois (trois enfants ou 
            une licence). Une culture commune est dispensée à tout futur 
            enseignant en complément de leur éventuelle spécialité. 
            
      Les missions fixées 
            par la formation initiale consistent à faire du nouvel enseignant 
            quelqu'un qui connaît l'historique de ce qu'il enseigne, les grand 
            débats qui animent la ou les disciplines, les enjeux 
            épistémologiques. Il sait situer la culture disciplinaire par 
            rapport aux divers champs de la connaissance. Il sait qu'il aura 
            besoin d'une formation permanente tout au long de sa carrière. Il 
            est capable de concevoir, préparer, mettre en oeuvre et évaluer des 
            séquences d'enseignement qui s'inscrivent de manière cohérente dans 
            un projet pédagogique annuel ou pluriannuel. Il sait conduire sa 
            classe et créer dans la classe les conditions favorables à la 
            réussite de tous. 
            
      L'enseignant exerce 
            sa responsabilité dans l'établissement en prenant en compte ses 
            caractéristiques ainsi que celles du public qui lui est confié. Il 
            s'implique dans le projet d'établissement et accepte de travailler 
            avec les autres membres de la communauté éducative relevant de corps 
            différents (police, gendarmerie, santé, justice...). "La formation 
            initiale du professeur doit s'inscrire dans une double finalité: la 
            première est de conduire le futur professeur à prendre la mesure de 
            sa responsabilité en l'aidant à identifier toutes les dimensions du 
            métier ; la seconde est de lui donner le goût et la capacité de 
            poursuivre sa formation, pour lui permettre à la fois de suivre les 
            évolutions du système éducatif et de sa discipline, et d'adapter son 
            action aux élèves, très divers, qui lui seront confiés au cours de 
            sa carrière". [17] 
            
2.5 Fragilité des enseignants: 
            
      "Un instituteur 
            d'une école primaire de Montpellier a été condamné à une amande de 3 
            000 F avec sursis par le tribunal pour avoir donné un coup de pied 
            aux fesses." (La Provence du 25/11/98). 
  			
      Depuis l'affaire du 
            sang contaminé et le MonikaGate, ni un président, ni un ministre ne 
            sont à l'abri de la justice, encore moins un enseignant. 
            
      Deux cas liés au 
            département des Bouches du Rhône sont très chargés en symbolique. Il 
            s'agit du cas de Mme Luongo, directrice d'école à Fos sur mer, mise 
            en examen dans le cadre des affaires de pédophilie. Les soupçons 
            portaient sur un des ses adjoints. Alertée, elle a pris contact avec 
            les parties concernées. Prise en contradiction entre la tradition 
            administrative qui consiste à éviter de faire "des vagues" et la 
            vindicte populaire qui réclamait des coupables, elle a été mise en 
            examen pour avoir tardé à alerter la justice. 
            
      Jean-Claude Colson, 
            directeur d'école, a été mis en examen en raison d'un accident 
            mortel lié à une sortie scolaire. Il lui a entre autre été reproché 
            de ne pas avoir vérifié l'état du car ayant servi à effectué la 
            sortie scolaire. Depuis beaucoup d'écoles du département boycottent 
            les sorties scolaires. 
            
      Corse-matin du 11 
            mars 1999 titrait "La directrice au piquet" à propos de la 
            condamnation d'une directrice d'école de Calvi après plainte des 
            parents pour un accident arrivé à un élève dans la cours d'école 
            lors d'une récréation, la surveillance étant assurée normalement. 
            
      C'est un précédent 
            qui semble attribuer aux enseignants une responsabilité totale. 
            
3. Les familles: 
            
3.1 Une évolution de la notion de couple: 
            
      Selon une étude de 
            l'INSEE, la notion de couple a évolué depuis la fin de la guerre 
            avec un point de rupture situé en 1972. Au cours des années 50 et 
            soixante, la notion de couple rimait avec mariage, et précocité. 
            
      Les mariages sont 
            devenus moins fréquents et plus tardifs. La cohabitation qui 
            concernait principalement les veufs et divorcés devient un prélude 
            au mariage avant de devenir un mode de vie à part entière. En 1990, 
            90% des couples étaient constitués de deux conjoints mariés. 
            Cependant, depuis 1993, le divorce ne fait que croître. La fragilité 
            croissante du couple brouille les repères. 
            
3.2 Une nouvelle composition familiale: 
            
      Les repères 
            familiaux sont plus complexes et moins lisibles. La ventilation de 
            l'autorité nécessaire à l'éducation se disperse autours de plusieurs 
            acteurs. La temporalité de cette déposition n'est plus permanente. 
            Ainsi, un dépositaire de l'autorité peut l'être à un moment donné, 
            ne plus l'être à un autre moment. 
            
      Dans les pays 
            nordiques (INSEE première no 493, octobre 1996) les enfants restent 
            plus longtemps sous le toit familial. Il rassemble naturellement 
            plus d'acteurs familiaux différents que dans les pays du Sud ou 
            l'autonomie est plus grande. 
            
3.3 Des familles monoparentales et 
            recomposées: 
            
      La désunion marquée 
            jadis par le divorce prend de nouvelles formes depuis quelques 
            années. Le divorce en progression (multiplié par 2,8 entre 1970 et 
            1985) commence à baisser à partir de cette dernière date. 
            
      Les familles se 
            séparent alors sans divorce ou forment de nouvelles unions pouvant 
            générer de nouvelles familles. Le lien familial peut alors être 
            rompu avec le parent qui n'a pas la garde de l'enfant ou maintenu. 
            Dans ce dernier cas, la nouvelle union offre une nouvelle 
            belle-famille avec des beaux-parents, beaux-grand-parents, 
            demi-frères et demi-soeurs. On obtient alors des familles 
            "structurées en réseaux" (Le Gall D., Martin C., L'instabilité 
            conjugale et la recomposition familiale, in La famille: l'état des 
            savoirs, Editions La découverte, Paris, 1992). Le remariage vient 
            parfois institutionnaliser ces recompositions. 
            
      La référence 
            traditionnelle à la famille nucléaire rend plus flou les rôles et 
            devoirs des différents acteurs. Le non-parent n'est plus détenteur 
            de l'autorité naturelle que déférait la famille nucléaire au couple 
            géniteur. C'est dans la négociation, en fonction des rapports des 
            enfants avec leurs gardiens que se forgent les relations d'autorité. 
            
      Lorsqu'il y a 
            séparation d'avec le conjoint sans constitution de nouvelle union, 
            on parle de famille monoparentale. En France, la reforme du divorce 
            de 1975 et la reconnaissance de cet état de fait par la politique 
            familiale (allocations familiales aux parents isolés) a facilité ce 
            type d'évolution. 
            
3.4 Une disparité des rôles et statuts: 
            
      Dans tous les cas de 
            désunion, le problème de la distance entre modèle familial nucléaire 
            et le nouveau type de famille créé, génère un flou et la difficile 
            lisibilité des devoirs et rôles de chacun, engendre une perte des 
            repères traditionnels. Par la suite les repères des familles 
            traditionnelles sont remis en question. 
            
      C'est bien lorsque 
            la lisibilité s'estompe que l'on repense les modèles et qu'ils se 
            retrouvent mis à mal et perdent eux aussi de leur lisibilité. 
            
3.5 Des stratégies différentes: 
				
      Les ambitions 
            scolaires des parents ne sont pas les mêmes envers les garçons que 
            les filles. Les parents préfèrent une formation technique ou 
            scientifique pour les garçons et acceptent des études plus poussées 
            pour les filles. La réussite ou la non réussite affectent plus les 
            familles à faible niveau d'instruction et est plus marquée pour les 
            garçons que pour les filles. 
            
      Pour les milieux 
            aisés les modèles culturels auxquels se réfèrent les projets 
            scolaires reflètent un soucis d'efficacité plus marqué pour les 
            garçons valorisant les qualités personnelles (effort, dynamisme, 
            sens moral). Pour les parents de niveau culturel plus faible ou 
            moins aisés, sont privilégiées des qualités plus relationnelles, 
            ambition ou débrouillardise. Pour ces derniers sont valorisés pour 
            les filles les qualités traditionnelles de l'image de la femme: 
            charme et sens de la famille. 
            
      Les mères au foyers 
            préfèrent la respectabilité (Duru-Bellat M., Jarousse J-P, Le 
            masculin et le féminin dans les modèles éducatifs des parents in 
            Economie et statistique, no 293 - 3, 1996). 
            
      Zéroulou Z. [18] 
            avait montré que la réussite des enfants d'immigrés tenait dans la 
            mobilisation familiale autours d'un projet scolaire. 
            
      C'est ce que 
            confirme Malika Gouirir dans son intervention au colloque "Défendre 
            et transformer l'Ecole pour tous" (Marseille, 3-4-5 octobre 1997) 
            intitulée "Ouled El Kharij: les enfants de l'etranger, de la 
            trajectoire des pères au devenir des enfants". Il montre que suivant 
            l'ambition d'intégration en France ou le désir de retour dans le 
            pays d'origine (Maroc) se jouait l'investissement des parents dans 
            un projet de réussite scolaire pour leurs enfants: "C'est à cette 
            condition que l'on peut espérer comprendre complètement tout à la 
            fois le cursus scolaire, les engagements professionnels, les choix 
            matrimoniaux des enfants en les rapportant à l'investissement 
            éducatif et aux moyens mis en oeuvre par le père pour conserver et 
            améliorer la position sociale de sa "famille" notamment dans son 
            groupe de parenté. Le recours au système scolaire est inégal selon 
            les familles et différencié au sein des fratries selon le type de 
            capital à reproduire et selon les positions dans chacun des deux 
            espaces nationaux (Maroc, France)". 
            
      Pour Rochex J-Y, 
            c'est le sens que l'élève donne à sa scolarité plus qu'une 
            différence de capital culturel qui produirait l'échec ou la 
            réussite [19]. 
            
4. La décentralisation (Gaston Deferre): 
            
      Introduite par le 
            Ministre de l'intérieur au début des années 1980, l'administration 
            financière des différents secteurs de l'école relève dorénavant de 
            sources différentes. Ainsi l'enseignement primaire est financé par 
            les municipalités et relève administrativement des inspections 
            académiques sous tutelle du Ministère de l'Education. 
            
4.1 Des responsabilités délocalisées: 
            
      Les collèges sont 
            financés par les conseils régionaux et sous gestion administrative 
            des rectorats sous tutelle du ministère de l'éducation. 
            
      Les lycées 
            professionnels et généraux sont eux financés par les conseils 
            régionaux et sous gestion administrative des recteurs. 
            
      Le personnel 
            enseignant est payé par le ministère de l'éducation. 
            
      Ces différents 
            acteurs/payeurs participent financièrement aux activités 
            pédagogiques et ont tendance à imposer des activités et du personnel 
            de leur choix avec des soucis plus proche de la politique locale que 
            de la pédagogie, sous couvert du bien de l'enfant, placé, 
            rappelons-le par la loi d'orientation de 1989, au centre du 
            processus éducatif. 
            
      Ainsi dans les 
            écoles maternelles et primaires, les subventions de fonctionnement 
            relèvent de la municipalité ce qui n'est pas sans dérive possible 
            (voir la municipalité de Vitrolles). Cette dernière est propriétaire 
            des locaux. Le personnel enseignant relève pédagogiquement de 
            l'inspection académique via l'inspecteur départemental. Il cohabite 
            avec du personnel municipal. Le problème, pour la direction de 
            l'école consiste à gérer du personnel qui ne relève pas de son 
            autorité. 
            
      En dehors des heures 
            scolaires, la municipalité, détentrice des locaux, est libre de les 
            prêter à toute association. Les différentes options de gestion du 
            temps scolaire permettent de faire intervenir du personnel hors 
            Education nationale pour des activités éducatives. L'enfant se 
            retrouve pris en charge du matin au soir sans interruption, ce qui 
            n'est pas toujours à son bénéfice mais satisfait un électorat à 
            charmer lors d'élections locales de type municipal. Ainsi au nom des 
            rythmes scolaires, on risque de saturer l'enfant d'activités tout au 
            long de la journée. 
            
      L'ingérence d'un 
            gérant politique dans l'activité pédagogique représente une déviance 
            possible que les états nord-américains et anglo-saxons connaissent. 
            C'est le sens des interventions d'Agnès Van Zanten au colloque 
            Défendre et transformer l'école pour tous (1997) sous le titre 
            Libéralisme et managérialisme dans les systèmes d'enseignement: une 
            comparaison France-Angleterre et au congrès du SNU-ipp 13 (BdR, 
            1998). 
            
      La renaissance de 
            pouvoirs locaux (municipaux, départementaux, régionaux) dus à la 
            décentralisation fait apparaître de nouvelles féodalités [20] et 
            de nouveaux seigneurs. 
            
4.2 Une nouvelle logique administrative: 
            
      A la logique de 
            l'égalité républicaine est substituée celle de l'équité. Son 
            principe réside en la discrimination positive. Les établissement 
            reconnus comme en difficultés disposerons de moyens supplémentaires. 
            La quadrature des budgets nécessite de prendre ces moyens sur les 
            établissement qui sont considérés comme étant bien lotis. 
            
      C'est alors la 
            naissance des ZEP [21] en 
            1982 sous l'impulsion d'Alain Savary, ministre de l'époque. Une 
            première carte apparaît en 1983. Chaque ZEP a des caractéristiques 
            spécifiques. Il peut s'agir d'écoles isolées dans un territoire 
            rural démuni aussi bien que d'une commune de banlieue. Entre ces 
            deux extrêmes, il existe tout une variété de situations. Dans tous 
            les cas de figure y dominent les inégalités sociales et l'échec 
            scolaire. 
            
      La ZEP est conçue à 
            son origine non seulement comme un apport de moyens supplémentaires 
            mais aussi comme un état transitoire devant mener à la sortie de 
            ZEP. Il s'est avéré par la suite que les établissement classés en 
            ZEP prennent en compte le confort apporté par les moyens 
            supplémentaires qu'ils considèrent par la suite comme la normalité. 
            Une sortie de ZEP correspondrait alors à leurs yeux à une régression 
            voire à un désaveu des actions accomplies et en cours. 
            
      En 1990, Lionel 
            Jospin, ministre de l'Education Nationale de l'époque, entreprend de 
            dynamiser à nouveau les ZEP, faisant progresser leur nombre de 363 
            en 1983 à 544 en créant une indemnité spéciale d'enseignement dans 
            ces zones. 
            
      En 1992, Jack Lang, 
            ministre de l'Education Nationale à l'époque, introduit 
            principalement dans les lycées le label d'établissements sensibles. 
            
      En 1995, François 
            Bayrou, ministre de l'Education Nationale de l'époque, adopte deux 
            plans pour lutter contre la violence et renforce les aides dans les 
            zones sensibles. 
			
      En 1998, Ségolène 
            Royal, ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, annonce une 
            relance des ZEP et présente en Février 1999 une nouvelle carte 
            annonçant un nombre important de sorties de ZEP (environ 600) 
            assorties de mesures d'accompagnement et encore plus d'entrées 
            (environ 1 600). Ce redéploiement est peut-être du à l'action des 
            lycéens de l'automne 1998. 
            
      De nombreuses 
            actions se sont engagées au coup par coup dans les ZEP sans 
            véritable plan d'action et sans lendemains. 
            
      Il en ressort 
            cependant que, malgré la prime d'enseignement dans ces zones offerte 
            aux professeurs, les ZEP restent les lieux privilégiés de première 
            nomination pour les enseignants débutants et que le personnel n'y 
            est absolument pas stable, alors que la logique imposerait que ce 
            soient les professeurs les plus expérimentés qui y enseignent et 
            forment un noyau stable. 
            
      Avec la politique 
            volontariste des ZEP, s'est développée, toujours sur le principe de 
            la discrimination positive, la globalisation des moyens 
            d'enseignement au niveau des académies et la distribution 
            différentielle de ces mêmes moyens. C'est l'équation insoluble de la 
            DGH [22 ]
            que connaissent les établissements secondaires chaque année aux 
            alentours du mois de décembre. 
            
      Cette DGH s'inscrit, 
            au fur et à mesure que se rapproche l'échéance de la monnaie unique 
            en 1999 associée à la réduction des déficits budgétaires qu'elle 
            impose de façon arbitraire, dans une politique d'innovation à moyens 
            constants. Cette option revient à pronostiquer que les changements 
            peuvent s'effectuer à partir de l'existant en faisant alors surgir 
            les ressources internes inexploitées en les optimisant. Faut-il 
            comprendre qu'il s'agit d'une manière déguisée de changer de cap 
            sans s'en donner les moyens ? 
            
      La politique des ZEP 
            devait être appuyée par une politique de la ville. Cette dernière 
            ayant fait bien trop souvent défaut, les dés se retrouvent pipés. Un 
            désenchantement fait alors place à l'enthousiasme du départ. 
            
5. Un nouveau rapport à l'école: 
            
      L'école et 
            l'enseignant jouissaient d'une douceur harmonieuse. Elle 
            correspondait à un consensus entre parents et institution où chacun 
            y trouvait ses repères. 
            
      L'école à niveaux 
            assurait à chaque couche sociale une ascension claire. L'école 
            primaire correspondait aux couches laborieuses, et offrait aux 
            meilleurs élèves la possibilité d'atteindre le primaire supérieur. 
            Le lycée était réservé aux couches supérieures. Le diplôme était 
            reconnu comme gage de réussite sociale. 
            
      Le système scolaire 
            était parfaitement clair et un consensus en assurait le 
            fonctionnement. 
			
      C'est dans les 
            années 1980-90 que la demande sociale de formation s'accroît et 
            particulièrement dans les familles populaires en raison des effets 
            de la crise des années 70. Une volonté des pouvoirs publics d'élever 
            le niveau de formation s'exprime à travers l'objectif des 80% de 
            jeunes au niveau bac. Dès lors la question scolaire devient d'une 
            extrême sensibilité. 
            
      Les familles 
            s'impliquent de plus en plus dans les structures scolaires. Le 
            Nouvel Observateur (no 1557, septembre 1994) titre en couverture et 
            y consacre un dossier: "Comment mieux travailler à l'école. Douze 
            conseil pour aider à apprendre". 
            
      L'école hérite de 
            structures périmées particulièrement au collège où il existe 
            différents paliers de sortie. Il seront au cours des années 80-90 
            déplacés. Ainsi le taux d'élèves entrant en seconde passe de 38% en 
            1981 à 57% en 1991. Plus d'élèves entrent en 6e et c'est au lycée 
            que la demande d'école s'engouffre le plus, passant de la 6e à la 
            2e. Le collège unique, voir le bac pour tous continuent à générer 
            des inégalités sociales. Plus l'accès se généralise, plus les 
            frontières de la ségrégation se déplacent. 
            
      Ainsi le sens de 
            l'école s'amenuise. Si le diplôme contribue toujours à la réussite 
            sociale et si son absence est un handicap, les diplômes les plus 
            utiles deviennent les plus longs à obtenir. Le rendement des études 
            est reporté à plus tard, dans un avenir plus lointain. 
            L'investissement familial est de plus en plus lourd et nécessite 
            chez certaines familles une très forte mobilisation. 
            
      D'autre part la 
            fonction de l'école devient plus floue. Elle est chargée de former 
            la personnalité, de fournir une culture commune et d'amener à un bon 
            métier (depuis la loi d'orientation de 1989). Mais toutes ces 
            aspiration deviennent contradictoires contribuant à brouiller ce que 
            l'on en attend et ce que l'on y fait. Les motivations sont alors 
            diverses. Si certains y trouvent du plaisir, d'autres y cherchent de 
            l'utilitaire. L'épanouissement de l'individu entre en contradiction 
            avec les contraintes scolaires. 
            
      La motivation 
            culturelle au travail est de plus en plus difficile avec la 
            diversification des publics. L'école n'a plus le monopole de la 
            diffusion du savoir. Elle véhicule un savoir scolaire qui n'est pas 
            reconnu par tous. Il en va de même des règles scolaires. 
            L'apprentissage n'est plus toujours considéré comme le travail de 
            l'élève mais plutôt comme celui de l'enseignant. "Pour les 
            enseignants comme pour les enfants qui réussissent, les cours, les 
            leçons ont du sens en tant que tels. Pour les enfants des milieux 
            dits défavorisés, nous savons que c'est loin d'être le cas. 
            Apprendre à l'école, c'est avant tout pour eux l'activité du 
            professeur, pas la leur. " Pour comprendre, il faut que le prof 
            m'explique. Je ne comprends pas tout seul". Ils considèrent qu'ils 
            ne peuvent pas apprendre par une activité intellectuelle 
            personnelle. Si le prof explique bien, l'élève sait. Par contre, si 
            le prof explique mal, l'élève ne sait pas. Ceux qui sont en échec 
            disent d'ailleurs: "L'école m'a pas appris, le prof m'a pas appris". 
            Cela génère un profond ressentiment contre l'institution en général 
            et l'enseignant en particulier." (Charlot B., Interview dans 
            l'édition électronique de la revue Pour du SNUIPP, janvier 1999). 
            Tout est remis entre les mains de l'enseignant. Ce dernier se 
            plaindra des familles qui ne suivent pas leurs enfants et de 
            l'absence du nécessaire travail à la maison. 
			
      L'école à deux 
            niveaux [23] 
            (ou trois) formait des acteurs de leurs destinées, elle ne forme 
            plus que des individus. La motivation première de l'élève n'étant 
            plus présente, l'enseignant est investi d'un nouveau rôle. C'est à 
            lui qu'incombe la tâche de créer la motivation. Il doit séduire par 
            les activités qu'il propose, fixer les objectifs, travailler sous 
            forme de contrat et de projets. Ceci relève de capacités qui 
            dépassent celle que manifestait l'enseignant il y a trente ans. Il 
            doit faire à la fois office de pédagogue, de psychologue ou 
            d'assistante sociale. Ceci contribue à le fragiliser, rend son rôle 
            moins clair et contribue à jeter le trouble et le doute. Face à 
            cette crise, la politique d'établissement est apparue comme un moyen 
            de recentrer les motivations. Cependant, particulièrement dans les 
            établissement des milieux populaires, la logique administrative 
            obéissant à des impératifs budgétaires, a contribué à en casser la 
            dynamique en brisant les équipes qui s'étaient constituées et les 
            projets qui allaient de pair. 
            
      L'école est 
            traversée par tous les problèmes de société, chômage, paupérisation, 
            politique, religieux. Ce dernier point a été stigmatisé par le 
            problème du foulard islamique. C'est ce que manifeste le sondage 
            effectué par la SOFRES à la demande SNUIPP auprès des instituteurs 
            et professeurs d'école (Janvier 1999): "La société est d'abord 
            perçue comme de plus en plus exigeante vis à vis de l'école pour 82% 
            des instituteurs. Les problèmes d'échec scolaire, aux????2?i??¨i`i`iquels ils sont 
            de plus en plus sensibles, sont à leurs yeux directement le produit 
            de la société actuelle, c'est-à-dire le manque de disponibilité des 
            familles (77%) et la situation sociale des familles (67%). Autrement 
            dit: la société exporte ses fractures vers une école qui n'y est pas 
            forcément préparée. ... Le résultat le plus visible aux yeux des 
            enseignants est la dégradation perçue du comportement des enfants. 
            Par rapport à il y a dix ou quinze ans, 68% les jugent plus 
            violents, moins disciplinés (84%), mais aussi plus inquiets (42%). 
            En revanche, 56% jugent les enfants du même niveau qu'il y a dix ou 
            quinze ans. Face à ces problèmes, les enseignants renvoient 
            clairement les parents face à leurs responsabilités." (compte rendu 
            de la SOFRES, Site Web du SNUIPP, 1999). 
            
6. Les établissements: 
            
6.1 La culture de référence: 
            
      L'école est chargée 
            de transmettre une culture scolaire que les couches sociales 
            moyennes reconnaissent comme proche de la leur. Or l'école et le 
            collège sont ouverts à une masse importante d'élèves issus des 
            couches populaires qui, eux, ne la reconnaissent pas comme la leur. 
            
      Claude Allègre, 
            ministre de l'Education depuis 1997, prétend dans un interview au 
            Nouvel Observateur (article intitulé "Oui, l'ordinateur va 
            révolutionner l'école" que la machine et le cyber-espace peuvent 
            tout révolutionner. Faudrait-il alors que les élèves issus des 
            couches populaires se sentent en phase avec la cyberculture , ce qui 
            n'est pas impossible puisqu'il semble que plus on soit jeune, plus 
            on y te????2?i??¨i`i`ind. Mais alors il faudrait qu'ils puissent la réinvestir dans 
            le milieu de vie ambiant car c'est l'environnement social, 
            l'environnement de vie, qui détermine pour chaque individu ce qui 
            est norme culturelle. Le plan du ministre ne pourrait éviter de 
            tomber à l'eau que s'il se greffait dans les familles populaires une 
            cyberculture comme il s'y est greffée une culture télévisuelle. 
            C'est ce que le plan Informatique Pour Tous voulait créer en 
            s'ouvrant aux milieux associatifs implantés dans les milieux 
            populaires. 
			
      L'environnement 
            peut-il donner un sens à la culture scolaire ? C'est le cas des 
            familles immigrées qui se mobilisent autours d'un projet scolaire de 
            l'un des leurs (Zerroulou Z., La réussite scolaire des enfants 
            d'immigrés. L'approche en termes de mobilisation, in Revue Française 
            de Sociologie, XXIX, 1988). 
            
      L'école n'est plus 
            la source unique de transmission de savoirs, l'environnement y 
            supplée largement, particulièrement les médias populaires comme les 
            radio locales, télévisions (câblées ou non) ou télévision étrangères 
            (captées par parabole). 
            
6.2 La charte de l'école du XXIe siècle: 
            
      Elle est centrée de 
            réussite scolaire pour tous. L'idée de laïcité comme celle de 
            citoyenneté demeurent des références essentielles. 
            
      Les trois points 
            principaux en sont: 
			
            
"Elaborer progressivement et collectivement de nouveaux 
            programmes pour des temps nouveaux, centrés sur le thème apprendre à 
            parler, lire, écrire, compter, articulant tous les contenus et les 
            grandes orientations pédagogiques. 
            
            Mettre progressivement en place des rythmes scolaires adaptés à 
            ceux de l'enfant. L'organisation de la journée scolaire doit tenir 
            compte des nouvelles conditions sociales et permettre l'émergence 
            d'une vraie égalité des chances. 
            
            Repenser "le métier de professeur d'école en permettant une plus 
            grande autonomie dans les choix pédagogiques et en intégrant le 
            travail en équipe, ce qui nécessitera des évolutions de la formation 
            initiale et continue des enseignants." (Bâtir l'école du XXIe 
            siècle, Ministère de l'Education nationale, Mission de la 
            communication, Paris, 1999). 
            6.3 Les collèges: 
            
6.3.1 Le nouveau collège: 
            
      Le bilan du nouveau 
            collège (comme nous l'avons déjà vu) fait apparaître une difficulté 
            à enseigner le civisme. 
            
      La mise en place 
            d'une éducation à l'orientation mobilise tous les acteurs du 
            collège. Elle pousse à construire un projet professionnel aux élèves 
            en difficultés, c'est-à-dire à ceux qui ont le plus de mal à le 
            concevoir et en dispense les meilleurs élèves, c'est-à-dire ceux qui 
            pourraient le mieux le concevoir. Comment peut-on alors espérer 
            concrétiser quelque chose de sérieux ? Nous en arrivons au paradoxe 
            où ceux qui en ont le moins les moyens sont ceux qui y sont le plus 
            incités. 
            
      Claude Allègre, 
            ministre de l'Education, a demandé une réflexion 
            
6.3.2 Le collège se rebiffe ou la grève du 
            93: 
            
      Le collège de 
            l'hétérogénéité devient ingérable devant la monté de la violence au 
            point que tout un département (le 93, Seine-Saint-Denis) se lance 
            dans la grève. La liste des collèges touchés par les arrêts de 
            travail est impressionnante au cours des mois de mars avril et mai: 
            collège Jean-Vigo d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), collège 
            Elsa-Triolet de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), lycée professionnel 
            Pierre- Mendès-France de Ris-Orangis (Essonne), collège Pablo-Neruda 
            de Grigny (Essonne), lycée Romain-Rolland de Goussainville 
            (Val-d'Oise), collège Louise-Michel de Clichy- sous-Bois 
            (Seine-Saint-Denis) pour n'en citer que quelques uns. 
            
      Dès la rentrée de 
            septembre 1997 le ministère lance un audit sur le département de 
            Seine-Saint-Denis, afin d'identifier les difficultés et de proposer 
            des orientations "susceptibles d'améliorer la réussite des enfants 
            issus des milieux défavorisés" confié au recteur Fortier. Son 
            rapport est alarmant. 
            
      Il y note que la 
            Seine-Saint-Denis "cumule de manière exacerbée les handicaps sociaux 
            de cette fin de siècle". Le département détient, entre autres 
            records, celui du nombre de RMistes, de la proportion d'étrangers, 
            du nombre de logements sociaux ou encore du taux de chômage. A cela 
            s'ajoute une forte concentration aussi bien dans les cités que dans 
            les écoles: 24 des 111 collèges du département accueillent plus de 
            800 élèves, la plupart recevant près de 50% d'élèves au-dessus de 
            leurs capacités d'accueil. 
            
      Il note que ce 
            "mal-accueil", associé à la violence et à la malnutrition, fait de 
            l'obligation scolaire "une sorte d'épreuve". "Mesure-t-on l'effort 
            que réalise un collégien qui est le seul de la famille à se lever 
            tôt pour aller travailler ?". En face de ces enfants, l'institution 
            scolaire met des profs "jeunes et inexpérimentés", dont beaucoup 
            s'efforcent de quitter le département le plus vite possible. Les 
            équipes pédagogiques sont instables. 
            
      Le rapport souligne 
            l'importance de l'absentéisme et le nombre record de postes non 
            pourvus: il manque environ 200 chefs d'établissement adjoints, 
            conseillers principaux d'éducation, assistantes sociales et 
            infirmières, faute de candidats. 
            
      Il lui apparaît que 
            sont réunies toutes les conditions d'un "retard massif dès l'école 
            primaire". 
            
      En novembre un plan 
            de lutte gouvernemental contre la violence est mis sur pied. Il y 
            inclut la quasi-totalité du département de la Seine-Saint-Denis, qui 
            "pose un problème d'ampleur nationale". Le ministre annonce la 
            création de plusieurs centaines de postes d'infirmières, 
            d'assistantes sociales et de surveillants, ainsi que l'affectation 
            de plusieurs milliers d'emplois-jeunes dans les sites sensibles. 
            
      Le collège 
            Louise-Michel de Clichy-sous-Bois se met en grève le 22 janvier pour 
            protester contre la montée de la violence et le manque de moyens. 
            Deux élèves sont blessés à l'arme blanche dans le collège lors d'une 
            bagarre provoquée par l'intrusion d'une dizaine de jeunes extérieurs 
            à l'établissement. Dans la bousculade, des surveillants sont frappés 
            par des élèves. 
            
      Le personnel du 
            collège Pierre-Sémard de Bobigny vote le 5 février une grève 
            reconductible. Les enseignants soulignent la baisse constante du 
            niveau scolaire observé lors des tests d'évaluation à l'entrée en 
            sixième, la multiplication des exclusions temporaires d'élèves, les 
            violences physiques et les insultes dont ils font l'objet. 
            
      Des informations 
            contradictoires émanant de Ségolène Royal, ministre déléguée à 
            l'Enseignement Scolaire et de Claude Allègre, ministre de 
            l'Education Nationale, contribuent au dépôt de préavis de grève 
            d'une dizaine de collèges, soutenus par le SNES (syndicat proche 
            élus des communistes et très majoritaire dans le département) 
            
      Le plan de 
            rattrapage est présenté par Claude Allègre le 2 mars. Le 13 mars, 
            plus de 2 000 parents et enseignants manifestent devant le ministère 
            de l'Education à Paris. Le mouvement de grève touche une quarantaine 
            d'établissements du département 93. 
            
      Après trois 
            manifestations le mouvement s'étend au primaire. La cinquième 
            manifestation rassemble à Paris plus de 10 000 professeurs et 
            lycéens. 
            
      Début avril, à 
            l'issue d'une nouvelle table ronde, les principaux syndicats 
            estiment que les nouvelles propositions du ministre permettent 
            d'engager la négociation. L'assemblée générale des établissements 
            les juge en revanche "dérisoires", et se prononce pour la poursuite 
            de la grève. A Paris, des lycéens de Seine-Saint-Denis occupent 
            pacifiquement le lycée Henri-IV, "symbole, expliquent-ils, de la 
            réussite qu'on nous refuse". 
            
      Le mouvement 
            continuera en mai. 
            
6.4 Les lycées: 
            
6.4.1 La consultation nationale: 
            
      La consultation 
            "Quels savoirs enseigner dans les lycées ?" a débuté le 23 janvier 
            1998 par la diffusion de trois questionnaires différents adressés à 
            2,3 millions de lycéens, 238 000 professeurs, et à 4 044 lycées 
            d'enseignement général, technologique et professionnel (dont 1 411 
            établissements privés sous contrat). 
            
      78% des élèves de 
            lycées publics, 52% des enseignants y ont répondu ou 
            individuellement ou collectivement. Tous les établissements ont 
            apporté une contribution spécifique. 
            
      Les parents 
            d'élèves, tardivement associés à la consultation, y ont peu 
            participé. 
            
      Ce sera l'occasion 
            pour Philippe Mérieux de faire des propositions. 
            
6.4.2 Les projets pour le lycée: 
            
      Les propositions de 
            Philippe Mérieux qui a l'aval du Ministère, portent sur les points 
            suivants: 
            
      Il est créé un lycée 
            unique regroupant filières générales, technologiques et 
            professionnelles. Cette dernière serait organisée autour de trois 
            champs: les services, la production et l'artisanat et les métiers 
            d'arts. 
            
      Les programmes 
            seront allégés et pensés sous forme de retour à l'essentiel. 
            
      Il développera une 
            culture commune à toutes les filières comprenant des savoir-faire 
            sociaux et un ensemble de connaissances. Un approfondissement à 
            l'informatique est prévu. La culture scientifique et technique, les 
            maths sont présentes dans toutes les filières, les langues 
            indispensables. 
            
      La seconde générale 
            et technologique reste une classe de détermination. Une initiation 
            systématique aux sciences économiques et sociales, aux sciences 
            technologiques industrielles et tertiaires doit être fournie. La 
            culture informatique et artistique sont ajoutés. 
            
      Les élèves auront 
            accès à des permanences d'aide individualisée. 
            
      Le décloisonnement 
            des disciplines sera à pratiquer. 
            
      De courtes séquences 
            de découvertes de l'entreprise sont encouragées. 
            
      Le lycée 
            professionnel doit organiser la formation continue des adultes. 
            
      Le baccalauréat 
            subsiste avec une épreuve tridisciplinaire. Une épreuve anticipée a 
            lieu en première. 
            
      L'élève est soumis à 
            35 heures d'obligations scolaires hebdomadaires maximum. 
            
      Le service des 
            enseignants inclus 15 heures de cours hebdomadaires et 4 heures 
            d'activités pédagogiques. Ils bénéficient de 35 heures annuelles de 
            formation. 
            
      Enseignants et 
            surtout élèves sont plus associés à la vie de l'établissement. 
            Certaines salles seront ouvertes le mercredi, samedi journée et 
            pendant les vacances. 
            
6.4.3 La charte du lycée du XXIe siècle: 
            
      Elle reprend les 
            grands axes des propositions de Philippe Mérieux. 
            
      Le lycée du XXIe 
            siècle est celui du changement. Il inclue trois voies les voies 
            professionnelle, générale et technologique placées sur un pied 
            d'égalité. 
            
      Les heures de cours 
            varient de 26 à 30 h. 
            
      Il est institué une 
            aide individualisée en Seconde et des Travaux Personnels Encadrés en 
            Première et en Terminale permettant une aide au plus en difficulté 
            et une expression de la personnalité. Les effectifs seront réduits. 
            
      La pédagogie 
            différenciée est maintenue. L'interdisciplinarité sera privilégiée, 
            les nouvelles technologies éducatives favorisant son introduction. 
            
      Les programmes 
            seront redéfinis dans une optique moins encyclopédique. Les 
            enseignants seront associés à leur évaluation. Leur service sera 
            redéfini sans augmentation des obligations de service. 
            
      L'éducation civique 
            sera amplifiée et fera l'objet d'un contrôle au baccalauréat. Une 
            pratique citoyenne sera développée à travers l'exercice de la 
            démocratie et l'institution d'un Conseil de la vie lycéenne. Les 
            enseignements artistiques seront développés ainsi que les langues. 
            
      Le baccalauréat 
            reste l'examen final du lycée et constitue l'examen d'entrée à 
            l'université. Quelques épreuves anticipées pouront se dérouler en 
            classe de première et le rôle du dossier scolaire pourra être revu. 
            
6.4.4 Le mouvement lycéen: 
            
      A l'automne 1998, un 
            mouvement jette les lycéens dans la grève. Il traversera les 
            vacances de la Toussaint qui permettront à toutes les parties de 
            poser. Bénéficiant de la sympathie de l'opinion publique, les 
            lycéens seront probablement victimes de la violence d'une jeunesse 
            des banlieues qu'ils ne parviendront pas à contenir. 
            
      Leurs revendications 
            concernent leurs conditions de travail et de vie au sein de 
            l'établissement. Ils réclament des mesures immédiates. Le lycée 
            n'étant qu'une étape transitoire, passage pour trois ans, une 
            revendication satisfaite ne peut apparaître pour les instigateurs 
            que si elle l'est à très court terme, ce dernier étant optimisé dans 
            l'immédiat. 
            
      Ce qui frappera 
            l'opinion est leur extrême maturité. Cela est peut-être du au fait 
            que la majorité (à 18 ans en France) traverse le cursus lycéen et 
          que ces derniers se sentent concernés par la crédibilité et la 
            responsabilisation, notions qui permettent une bonne intégration au 
            statut d'adulte. 
            
Conclusion: 
            
      Le statut de 
            l'enseignant, transmetteur de savoir face à des élèves réceptifs, a 
            profondément été remodelé par la politique volontariste de 
            démocratisation de l'enseignement mis en route par la cinquième 
            république. L'enseignant du XXI ème siècle n'est plus enfermé dans 
            sa classe, il n'est plus le seul acteur éducatif mais devient le 
            coordonnateur des différents intervenants. 
            
      Cette transformation 
            ne s'est pas faite sans heurt. Face à un public diversifié, maniant 
            des stratégies différentes, l'enseignant a du affronter 
            l'hétérogénéité sans référents bien précis. Il a vu l'émergence dans 
            l'école des contradictions sociales et a du y faire face de façon 
            solitaire, ce qui contribue à rendre de moins en moins lisible la 
            tâche à accomplir. Acceptant le primat de l'hétérogénéité, sa 
            fragilisation sociale, aucune ligne de conduite à tenir ne paraît 
            émerger. C'est donc un travail sur corde raide à accomplir dont le 
            sens n'est plus évident. C'est pourquoi il se sent abandonné et se 
            révolte par des actions de grève. 
                
      Les perspectives offertes 
                  par l'administration ne pourront faire l'économie d'un débat 
                  public. Des associations indépendantes ou syndicales organisent 
                  des colloques. Ce n'est qu'un premier pas vers le débat public, 
                  qui pour l'instant ne reste réservé qu'à un public bien averti. 
                  A quand le vrai débat ?
              
                
                
                
              
              
              
                - Notes: 
                - 1.- 
            Union Nationale des Etudiants de France, syndicat étudiant. 
			- 2.- 
            Mutuelle Nationale des Etudiants de France. 
            - 3.- 
            fédération de l'Education nationale, premier syndicat d'enseignant, 
            issu de la rupture de la CGT en CGT maintenu et CGT-FO. 
            - 4.- 
            Fédération Syndicale Unitaire, actuellement premier syndicat 
            d'enseignants. 
            - 5.- 
            Syndicat national de l'Enseignement Secondaire, issu de la FEN et 
            constituant le noyau de la FSU. 
            - 6.- 
            Comité d'Action Lycéen. 
            - 7.- 
            Dépèche AFP (FP 281218 AVR 98).
            - 8.- 
            Confédération des Syndicats Libres 
            - 9.- 
            Confédération Française du Travail 
            - 10.- 
            Union Nationale Inter-Universitaire 
            - 11.- 
            Unité-Action 
            - 12.- 
            Syndicat national des Enseignants du Supérieur 
            - 13.- 
            La valeur du point d'indice est d'environ 27,36 F au 01/04/2023 (à 
            multiplier par l'indice pour le calcul du salaire brut. 
			- 14.- 
            Souligné dans le texte original. 
            - 15.- 
            Professeur d'Enseignement Général de Collège, corps issu de celui 
            des instituteurs après formation spéciale à l'Ecole Normale. Ce 
            corps est en voie d'extinction par arrêt du recrutement et 
            disparition des Ecoles Normales. 
            - 16.- 
            Institut Universitaire de Formation des Maîtres. 
			- 17.- 
            Mission du professeur exerçant en collège, en lycée d'enseignement 
            général et technologique ou en lycée professionnel, Circulaire no 
            97-123 du 23-5-97 / BO du 29 05 97, pp. 1571-1576) 
            - 18.- 
            ZERROULOU Z., La réussite scolaire des enfants d'immigrés. 
            L'approche en termes de mobilisation, in Revue Française de 
            Sociologie, XXIX, 1988.  
				  - 19.- 
            Rochex J-Y, Pourquoi certains élèves défavorisés réussissent-ils ? 
            in Sciences Humaines, no 44, novembre 1994 Bautier E., Charlot B., 
            Rochex J-Y, Ecoles et savoirs dans les banlieues et ailleurs, Armand 
            Colin, Paris, 1992
            - 20.- 
            Certaines écoles financées par la région, refusent des élèves parce 
            que les parents payent leurs impôts dans une autre région. 
            - 21.- 
            Zone d'Education Prioritaire. 
            - 22.- 
            Dotation Globale Horaire qui fixe les moyens dont dispose chaque 
            établissement en fonction d'une estimation de l'effectif scolaire de 
            la prochaine rentrée. Lorsqu'elle est fixée, les chefs 
            d'établissement ne peuvent obtenir que des réaménagements mineurs. 
			- 23.- 
            Voir L'Ecole capitaliste en France, Baudelot C., Establet R., 
            Maspéro, Paris, 1971
              
              
                - Notice: 
                - Faessel, 
            Claude. "Les évolutions de l'école contemporaine au cours de ces 
            dernières années.", Esprit critique, vol.03, no.02, Février 
            2001, consulté sur Internet: 
        http://www.espritcritique.org