Les évolutions de l'école contemporaine au
cours de ces dernières années.
Par Claude Faessel
Résumé:
Le monde éducatif a de tout temps chahuté la
cinquième république avec une pointe en 1968. Les enseignants
ont été stabilisés dans leur position administrative par la résorption
de l'auxiliariat et amélioration de leur conditions d'exercice
par professionnalisation de la fonction et revalorisation de cette
dernière (avec plus ou moins de bonheur). Le paysage syndical
s'est reconstitué mais l'exercice du métier voit l'enseignant
fragilisé.
Les familles de leur
côté sont marquées par une nouvelle composition avec tissage de
nouveaux liens et une modification des rôles au sein des familles.
La décentralisation
par contre, a engendré une nouvelle logique administrative et
comptable. La massification a généré un nouveau rapport à l'école
qui devient plus sensible aux problèmes de la société.
Les établissement,
malgré les soubresauts créés par les grèves fortes des collèges de
la région parisienne et celles des étudiants, sont en
restructuration. La fonction de l'enseignant est complètement revue
dans les chartes du XXI ème siècle.
A l'époque où se
prépare le XXI ème siècle, c'est un regard sur l'évolution de
l'école sous l'angle du primaire et du secondaire (centré plus
particulièrement sur la deuxième moitié des années 90) qui est porté
dans cet article. Cette évolution est resituée à l'aune des
différents acteurs du mouvement éducatif sans oublier un retour en
arrière dans le temps.
1. L'éducation nationale, l'enfant turbulent de
la V ème République:
Le mouvement
universitaire, depuis la création de la cinquième république en
France le 28/09/1958, est lié à la politique nationale. C'est
jusqu'en 1962, un bastion de l'opposition à la guerre d'Algérie. Ce
sera par la suite, comme dans de nombreux pays, un bastion de
l'opposition à la guerre du Vietnam.
Des institutions
importantes aussi bien chez les étudiants comme le ou les UNEF [1], la
MNEF [2], que
chez les enseignants comme la FEN [3] qui
est leur principal syndicat, se comportent comme de véritables
contre-pouvoirs, au point qu'une certaine droite accusera le
ministre Haby, initiateur du collège unique d'avoir fait une réforme
sous la pression de la FEN. Lorsque la FEN éclata entre une FEN
maintenue et que la FSU [4]
devenue premier syndicat des enseignants prit le relais de
l'opposition, c'est Claude Allègre, ministre de l'éducation qui
engagea un bras de fer avec le SNES [5],
composant principal de la FSU pour reprendre, à ses dires, son
autonomie d'action. La Société des Agrégés est occultée de la liste
officielle des contre-pouvoirs qui ont leurs entrées au ministère.
C'est un mouvement corporatiste infiltré dans les rouages de
l'administration centrale qui a un poids très lourd et qui agit sans
faire parler de lui.
Depuis la vague
déferlante de 1968 (où pour première fois dans l'histoire de la Ve
république, se sont manifestés les lycéens à travers les CAL [6]),
plusieurs mouvements ont défrayé la chronique. En mars 1975 ce sont
des manifestations de lycéens contre la réforme Haby (Présidence de
Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac premier ministre). Toujours
en mars mais en 1984 manifestations de 500 000 personnes pour
l'enseignement libre alors qu'Alain Savary, ministre de l'éducation
(Présidence de François Mitterrand, Pierre Mauroy premier ministre)
propose un service public unifié et laïque d'éducation nationale, le
SPULEN, incluant l'enseignement confessionnel. La réplique survient
près de deux mois après: manifestations de 150 000 personnes pour
l'enseignement laïque et contre manifestation deux mois après de 1
400 000 personnes pour l'enseignement libre. Alain Savary
démissionne après l'abandon de son projet de loi. En 1986, se
déroulent des manifestations d'étudiants contre la loi Devaquet
(Présidence de François Mitterrand, Jacques Chirac premier
ministre). Au cours d'affrontements avec la police, Malik Oussekine
est tué. Devaquet démissionne. Fin 1987 face au "Plan d'urgence"
Jospin (Présidence de François Mitterrand, Michel Rocard premier
ministre), les lycéens descendent dans les rues de Paris. En
décembre1993 (Présidence de François Mitterrand, Edouard Balladur
premier ministre) eu lieu une manifestation contre le projet de
révision de la loi Falloux, environ 700 000 personnes (projet cassé
le 13-1-2023). En septembre 1994, F. Bayrou, Ministre de
l'Education, réglemente le port des insignes religieux ostentatoires
à l'école (Présidence de François Mitterrand, Edouard Balladur
premier ministre). C'est ainsi qu'en février 1999 le conseil de
discipline d'un établissement peut décider du renvoi de deux élèves
portant le foulard islamique.
En 1995, pendant les
grèves de l'automne, les enseignants se sont ralliés au mouvement
pour la défense de la sécurité sociale.
Après le changement
de gouvernement de 1997, l'année suivante a été riche en mouvements.
De février à mai suite à de phénomènes de violence, le département
de la Seine St Denis surtout a connu des grèves et manifestations
dures. L'automne 98 a vu éclore le mouvement lycéen et la grève dans
les IUT. Les départements d'outre mer ont eux aussi été touchés
(avril 1998) comme l'indique la dépêche suivante: "Toutes les
écoles, collèges et lycées de Guadeloupe sont fermées depuis jeudi
dernier par suite d'une grèves des enseignants, constitués en
intersyndicale, qui se plaignent de la surcharge de leurs classes et
revendiquent la création de 169 postes. Les portails de toutes les
écoles de l'archipel ont été cadenassées par les grévistes, qui
occupent le siège du rectorat à Pointe-à-pitre depuis jeudi
dernier." [7]
2. Les enseignants:
2.1 Une recomposition syndicale:
Les forces de droite
ont tenté de créer une confédération syndicale ouvrière dite
indépendante, la CSL [8] en
1977. Elle prenait la suite de la CFT [9]
fondée en 1959 et d'inspiration gaulliste. Elle s'appuie sur la
défense de l'emploi et l'idée de la cogestion ouvrière. L'UNI [10]
créé en 1968 en apparaît comme la branche universitaire.
Le paysage syndical
français reste cependant axé à gauche.
La CGT rassemble les
enseignants du technique.
Eclatement de la
puissante FEN qui regroupait différents niveaux de corps
d'enseignants et organisé autours de quelques tendances à
connotation politique: le SNI composé des enseignants du primaire et
PEGC dirigé par la tendance UID (à caractère socialiste), le SNES
composés des enseignants du secondaire (maîtres auxiliaires,
certifiés, agrégés, adjoints d'enseignements) dirigé par la tendance
UA [11]
(communiste) et le SNE-Sup [12] de
même tendance. La direction de la FEN est quand à elle dirigée par
UID. Cette dernière, tente d'exclure la tendance concurrente UA. Il
en ressort une rupture avec conservation d'une FEN amoindrie
constituée essentiellement par l'ancien SNI et naissance d'un
nouveau syndicat (printemps 1992) mais aussi d'un nouveau
syndicalisme avec la FSU composée essentiellement d'une partie du
SNI, du SNES et SNE-Sup. La tendance Ecole émancipée du temps de la
FEN, rejoint le nouveau syndicat. Les élections professionnelles le
feront apparaître comme premier syndicat des enseignants.
Ce dernier apparaît
en même temps que se produisent des dissidences dans d'autres
centrales syndicales comme la CFDT (naissance de Sud-PTT), des
recentrages syndicaux comme à FO. Un nouveau syndicalisme semble se
créer combinant revendication et responsabilité.
2.2 Plan de résorption de l'auxiliariat:
Depuis la mise en
place des IUFM, la formation des enseignants est normalisée. Des
efforts avaient été réalisés pour réduire les catégories
d'enseignants (mise en extinction de corps comme les adjoints
d'enseignement et PEGC) et résorber les maîtres auxiliaires employés
généreusement à une époque de grand besoin. En 1995, un concours
spécifique leur est ouvert pour un cinquième des postes ouvert aux
autres catégories. La mobilité des enseignants est plutôt assurée
par des titulaires-remplaçants ou titulaires académiques.
2.3 Revalorisation des enseignants:
C'est Lionel Jospin,
alors Ministre de l'Education, qui au début des années 90 lança un
plan de revalorisation des enseignants. Il mit sur pied un ensemble
de mesures de concernant l'évolution de carrière et les salaires.
Cet ensemble de mesures s'accompagnait d'un contrat implicite dans
lequel les enseignants devaient en contre partie être plus
performant, accepter l'hétérogénéité et la pédagogie différenciée
qui en découlait. Bien entendu, les orientations pédagogiques
étaient fournies, le comment faire absent.
Chaque corps
d'enseignement est hiérarchisé. L'évolution dans la carrière
s'effectue en fonction de l'ancienneté et de la notation
administrative et pédagogique. Le personnel gravit donc des échelons
auxquels sont associés des indices permettant une comparaison entre
corps. En effet, chaque point d'indice représente une valeur
monétaire identique pour tout corps [13].
Ces deux dernières
notations sont fonction de l'ancienneté dans le corps. Ainsi, un
enseignant reconnu comme excellent, ne peut avoir une note de 20/20
surtout s'il est débutant. Une forme d'assouplissement est prévue:
les notes sont mises dans une fourchette comprise entre un minimum
et un maximum. La règle générale consiste à attribuer dans les cas
classiques la note moyenne de l'échelon. Lorsque l'enseignant est
stable dans son poste, il passe plus facilement à la notation
maximum de l'échelon.
Chaque corps possède
11 échelons (sauf les maîtres auxiliaires) à gravir à partir du
premier. La durée maximum de séjour dans un échelon est fixée dans
le tableau d'avancement. Plus l'on monte en échelon, plus la durée
de passage s'accroît. En fonction de sa notation et de son
ancienneté dans l'échelon, l'enseignement peut passer à l'échelon
suivant plus rapidement. Il existe donc un passage dit au grand
choix à la moitié du temps requis pour 25% (ou 1/7e) des titulaires,
à la moitié du temps requis augmenté généralement d'un an pour
environ un autre quart (passage au petit choix), les autres passant
à l'ancienneté.
Suivant le moment
dans l'évolution de la carrière, il y a nécessité de demander une
inspection pour pouvoir bénéficier d'un passage anticipé à l'échelon
supérieur.
Ainsi les
instituteurs du primaire terminent au 11e échelon à l'indice 512,
les maîtres auxiliaires (les seuls à terminer au 8e échelon) au
mieux à l'indice 504, les PEGC du secondaire au 11e à l'indice 537,
les certifiés à l'indice 655, les bi-admissibles à 685, les agrégés
à 818. Ainsi plus on monte dans la hiérarchie scolaire (école,
collège, lycée), plus on est diplômé et plus on gagne (mis à part
les maîtres auxiliaires).
Après le plan de
résorption de l'auxiliariat (intégration des maîtres auxiliaires et
adjoints d'enseignement, corps à statut transitoire), de nouvelles
perspectives de carrière sont proposées aux enseignants. Des hors
classes sont créées et accessibles en fonction de l'ancienneté.
Ainsi la hors classe des PEGC les amène à l'indice 655 (au lieu de
537), indice de fin de carrière d'un certifié. Ils avaient bénéficié
en 1981, d'un abaissement de l'obligation de service hebdomadaire de
21 heures à 18 H. Il y a donc bien là une revalorisation du corps
des PEGC. Elle sera temporisée par un quota annuel dégressif qui ne
permettra qu'à une minorité d'en bénéficier. Il y aura même une hors
classe exceptionnelle qui permet d'atteindre l'indice 731 d'un
certifié hors classe.
De même sera créée
une hors classe pour les certifiés (indice terminal 731 comme déjà
dit) et une hors classe pour les agrégés allant jusqu'à l'échelon
960). Pour ces deux dernières catégories, la revalorisation sera
vraiment efficace.
Un nouveau corps
pour le primaire vient cohabiter avec le corps des instituteurs.
C'est celui des professeurs d'école qui sont issus de la
transformation des écoles normales en IUFM. La logique d'avancement
des PE est telle qu'au bout de 4 ans 6mois, un PE atteint le 5e
échelon avec un indice de 436 alors qu'instituteur doit arriver au
9e échelon pour atteindre (avec 17 ans d'ancienneté) l'indice 438.
Par contre les instituteurs partent à la retraite, sauf exception, à
l'âge de 55 ans contrairement aux autres corps. Une fin de carrière
pour les PE se fait à l'indice 655 pour la classe normale et 780
pour la hors classe.
La cohabitation de
ces deux corps au sein de l'école primaire a donc créé des
rancoeurs. C'est pourquoi, l'intégration des instituteurs dans le
corps des professeurs d'école par examen ou décision administrative
a due être mise en place. Cette intégration n'inclue pas de
reconstitution de carrière (sauf pour les lauréats des concours
externes) et se fait en fonction de l'ancienneté. A l'heure
actuelle, chaque instituteur peut espérer atteindre la classe
normale des PE lors de son départ à la retraite. Claude Allègre,
Ministre de l'Education s'y engage. Toute une frange d'instituteur
est partie est la retraite sans pouvoir bénéficier d'une
revalorisation. La revendication majeure du SNU-ipp (branche
syndicale de la FSU) est l'intégration de tous les instituteurs dans
le corps des PE.
Pour améliorer
l'avancement des PEGC, une possibilité d'intégration dans le corps
des certifiés leur est offerte. Le décret 68 autorise les titulaires
d'une licence à passer dans le corps des certifiés avec
reconstruction de carrière. Le décret 93 (mis en place par Jack
Lang, ministre de l'Education Nationale) autorise les non diplômés à
intégrer le corps des certifiés sans reconstruction de carrière.
Cependant les critères sont administratifs (accord de l'inspecteur
de la discipline concernée) et surtout liés à l'ancienneté. Ainsi
les PEGC qui ont profité de ces décrets avaient donc une ancienneté
certaine et se sont vu couper des possibilités d'atteindre les hors
classes de leur nouveau corps, même lorsqu'il y a reconstitution de
carrière. En effet cette dernière minore l'ancienneté réelle, et ils
ont renoncé à celle de leur ancien corps qu'il auraient peut-être
atteint en raison de la forte diminution des effectifs de ce corps
(départ à la retraite, intégration dans d'autres corps).
De la même façon,
les certifiés peuvent être intégrés dans le corps des agrégés mais
le poids non négligeable de ce corps auprès du ministère a fait que
les nouveaux intégrés ne peuvent bénéficier des mêmes avantages que
les vrais agrégés. Faut-il y voir le pouvoir occulte de la Société
des Agrégés ?
Notons que depuis
1981, les réajustements de salaire liés notamment à la hausse du
coup de la vie ne touche guère les fonctionnaires. Face à la
dévaluation du pouvoir d'achat des enseignants, la seule évolution
salariale restante est celle liée aux promotions de carrière. Elles
ont donc une acuité plus forte.
Il en résulte que
les revalorisations des parcours sont limités (à cause de la loi de
l'ancienneté) et ont généré pour la majorité de ceux qui en ont
bénéficié de grandes frustrations. Seule une petite minorité a pu
bénéficier d'une revalorisation réelle. Ceux pour qui la
revalorisation a été payante sont les certifiés et agrégés,
c'est-à-dire ceux qui en avaient le moins besoin et ceux qui sont
considérés comme l'élite des enseignants.
En ce qui concerne
la revalorisation morale, elle tarde à venir. Considérés un temps
avec le corps des fonctionnaires dont ils font partie, comme des
"nantis" et des "privilégiés", ils ont courbé l'échine et se sont
tus. Aucun ministre n'est parvenu à faire remonter leur aura. De
récents sondages laissent à penser que la majorité des français ont
une opinion favorable du corps enseignant.
Une enquête de 1996
réalisée par la SOFRES et commandée par la FSU indique que 74 % des
français jugent le travail des enseignants assez ou très
satisfaisant, 52% considèrent que l'enseignement fonctionne assez ou
très bien. C'est ce que confirme l'hebdomadaire Mariane dans un
article provocateur "Les profs, ces héros" (no 56, mai 1998).
Par contre le corps
enseignant perçoit son ministre actuel qui a succédé à un ministre
incolore, comme un fossoyeur de leur identité, autoritaire et
méprisant. Chacune de ses interventions est mal perçue et la liste
des expressions assassines qui lui sont attribuées s'allonge.
Claude Allègre était
le bras droit de Lionel Jospin lorsque ce dernier alors Ministre de
l'Education à lancé la revalorisation des enseignants. Plusieurs
années après devenu lui-même Ministre de l'Education, il leur
reproche de ne pas avoir honoré leur contrat implicite par lequel
ils se devaient d'être plus performant. Il manifestait déjà ses
attentes au début de la revalorisation par des rapports basés sur
l'idée que l'on pouvait faire du neuf avec du vieux.
C'est pourquoi,
devenu Ministre, il tente de lancer la vindicte populaire contre ses
administrés par des petites phrases assassines visant à décrier le
corps enseignant. Une fracture irrémédiable semble naître entre le
corps enseignant que l'on voudrait moteur de l'évolution et son
ministre initiateur du changement.
Les grèves perlées
du mois de février 1999 contre les fermeture de poste, ont généré le
15 mars une mobilisation des enseignants contre leur ministre et un
violent désir le voir partir.
Dans les réformes
qu'il propose, rejetées par les syndicats, avec la "Charte de
l'école du XXIe siècle" Claude Allègre cherche à rassurer les
enseignants: "Vous restez les maîtres de vos classes. C'est à vous
et à vous seul qu'il incombe de conduire et de piloter
l'enseignement ... Nous vous donnons plus de souplesse, dans
l'organisation de votre temps, ... Enfin, nous revalorisons le
statut des enseignants [14].
... cette charte traduit notre confiance et notre respect à l'égard
de tous les enseignants ...". (extraits de la lettre
d'accompagnement de la charte en date du 5 mars 1999, adressée à
tous les enseignants).
2.4 Professionnalisation de la fonction:
Les enseignants du
primaire étaient traditionnellement formés par les Ecoles normales.
Ceux du second degré, hormis les PEGC [15],
corps en voie d'extinction par arrêt du recrutement, étaient peu
formés à l'enseignement.
La création des
IUFM [16]
permet de canaliser dans une même institution les futurs
enseignants. Comme sa dénomination ne l'indique pas, l'IUFM est
chargé de former des professeurs. Dorénavant, il n'y aura plus que
des professeurs y compris dans le primaire où est créé le corps des
professeurs d'école (PE) chargé de replacer les instituteurs. Tout
enseignant est titulaire du niveau bac plus trois (trois enfants ou
une licence). Une culture commune est dispensée à tout futur
enseignant en complément de leur éventuelle spécialité.
Les missions fixées
par la formation initiale consistent à faire du nouvel enseignant
quelqu'un qui connaît l'historique de ce qu'il enseigne, les grand
débats qui animent la ou les disciplines, les enjeux
épistémologiques. Il sait situer la culture disciplinaire par
rapport aux divers champs de la connaissance. Il sait qu'il aura
besoin d'une formation permanente tout au long de sa carrière. Il
est capable de concevoir, préparer, mettre en oeuvre et évaluer des
séquences d'enseignement qui s'inscrivent de manière cohérente dans
un projet pédagogique annuel ou pluriannuel. Il sait conduire sa
classe et créer dans la classe les conditions favorables à la
réussite de tous.
L'enseignant exerce
sa responsabilité dans l'établissement en prenant en compte ses
caractéristiques ainsi que celles du public qui lui est confié. Il
s'implique dans le projet d'établissement et accepte de travailler
avec les autres membres de la communauté éducative relevant de corps
différents (police, gendarmerie, santé, justice...). "La formation
initiale du professeur doit s'inscrire dans une double finalité: la
première est de conduire le futur professeur à prendre la mesure de
sa responsabilité en l'aidant à identifier toutes les dimensions du
métier ; la seconde est de lui donner le goût et la capacité de
poursuivre sa formation, pour lui permettre à la fois de suivre les
évolutions du système éducatif et de sa discipline, et d'adapter son
action aux élèves, très divers, qui lui seront confiés au cours de
sa carrière". [17]
2.5 Fragilité des enseignants:
"Un instituteur
d'une école primaire de Montpellier a été condamné à une amande de 3
000 F avec sursis par le tribunal pour avoir donné un coup de pied
aux fesses." (La Provence du 25/11/98).
Depuis l'affaire du
sang contaminé et le MonikaGate, ni un président, ni un ministre ne
sont à l'abri de la justice, encore moins un enseignant.
Deux cas liés au
département des Bouches du Rhône sont très chargés en symbolique. Il
s'agit du cas de Mme Luongo, directrice d'école à Fos sur mer, mise
en examen dans le cadre des affaires de pédophilie. Les soupçons
portaient sur un des ses adjoints. Alertée, elle a pris contact avec
les parties concernées. Prise en contradiction entre la tradition
administrative qui consiste à éviter de faire "des vagues" et la
vindicte populaire qui réclamait des coupables, elle a été mise en
examen pour avoir tardé à alerter la justice.
Jean-Claude Colson,
directeur d'école, a été mis en examen en raison d'un accident
mortel lié à une sortie scolaire. Il lui a entre autre été reproché
de ne pas avoir vérifié l'état du car ayant servi à effectué la
sortie scolaire. Depuis beaucoup d'écoles du département boycottent
les sorties scolaires.
Corse-matin du 11
mars 1999 titrait "La directrice au piquet" à propos de la
condamnation d'une directrice d'école de Calvi après plainte des
parents pour un accident arrivé à un élève dans la cours d'école
lors d'une récréation, la surveillance étant assurée normalement.
C'est un précédent
qui semble attribuer aux enseignants une responsabilité totale.
3. Les familles:
3.1 Une évolution de la notion de couple:
Selon une étude de
l'INSEE, la notion de couple a évolué depuis la fin de la guerre
avec un point de rupture situé en 1972. Au cours des années 50 et
soixante, la notion de couple rimait avec mariage, et précocité.
Les mariages sont
devenus moins fréquents et plus tardifs. La cohabitation qui
concernait principalement les veufs et divorcés devient un prélude
au mariage avant de devenir un mode de vie à part entière. En 1990,
90% des couples étaient constitués de deux conjoints mariés.
Cependant, depuis 1993, le divorce ne fait que croître. La fragilité
croissante du couple brouille les repères.
3.2 Une nouvelle composition familiale:
Les repères
familiaux sont plus complexes et moins lisibles. La ventilation de
l'autorité nécessaire à l'éducation se disperse autours de plusieurs
acteurs. La temporalité de cette déposition n'est plus permanente.
Ainsi, un dépositaire de l'autorité peut l'être à un moment donné,
ne plus l'être à un autre moment.
Dans les pays
nordiques (INSEE première no 493, octobre 1996) les enfants restent
plus longtemps sous le toit familial. Il rassemble naturellement
plus d'acteurs familiaux différents que dans les pays du Sud ou
l'autonomie est plus grande.
3.3 Des familles monoparentales et
recomposées:
La désunion marquée
jadis par le divorce prend de nouvelles formes depuis quelques
années. Le divorce en progression (multiplié par 2,8 entre 1970 et
1985) commence à baisser à partir de cette dernière date.
Les familles se
séparent alors sans divorce ou forment de nouvelles unions pouvant
générer de nouvelles familles. Le lien familial peut alors être
rompu avec le parent qui n'a pas la garde de l'enfant ou maintenu.
Dans ce dernier cas, la nouvelle union offre une nouvelle
belle-famille avec des beaux-parents, beaux-grand-parents,
demi-frères et demi-soeurs. On obtient alors des familles
"structurées en réseaux" (Le Gall D., Martin C., L'instabilité
conjugale et la recomposition familiale, in La famille: l'état des
savoirs, Editions La découverte, Paris, 1992). Le remariage vient
parfois institutionnaliser ces recompositions.
La référence
traditionnelle à la famille nucléaire rend plus flou les rôles et
devoirs des différents acteurs. Le non-parent n'est plus détenteur
de l'autorité naturelle que déférait la famille nucléaire au couple
géniteur. C'est dans la négociation, en fonction des rapports des
enfants avec leurs gardiens que se forgent les relations d'autorité.
Lorsqu'il y a
séparation d'avec le conjoint sans constitution de nouvelle union,
on parle de famille monoparentale. En France, la reforme du divorce
de 1975 et la reconnaissance de cet état de fait par la politique
familiale (allocations familiales aux parents isolés) a facilité ce
type d'évolution.
3.4 Une disparité des rôles et statuts:
Dans tous les cas de
désunion, le problème de la distance entre modèle familial nucléaire
et le nouveau type de famille créé, génère un flou et la difficile
lisibilité des devoirs et rôles de chacun, engendre une perte des
repères traditionnels. Par la suite les repères des familles
traditionnelles sont remis en question.
C'est bien lorsque
la lisibilité s'estompe que l'on repense les modèles et qu'ils se
retrouvent mis à mal et perdent eux aussi de leur lisibilité.
3.5 Des stratégies différentes:
Les ambitions
scolaires des parents ne sont pas les mêmes envers les garçons que
les filles. Les parents préfèrent une formation technique ou
scientifique pour les garçons et acceptent des études plus poussées
pour les filles. La réussite ou la non réussite affectent plus les
familles à faible niveau d'instruction et est plus marquée pour les
garçons que pour les filles.
Pour les milieux
aisés les modèles culturels auxquels se réfèrent les projets
scolaires reflètent un soucis d'efficacité plus marqué pour les
garçons valorisant les qualités personnelles (effort, dynamisme,
sens moral). Pour les parents de niveau culturel plus faible ou
moins aisés, sont privilégiées des qualités plus relationnelles,
ambition ou débrouillardise. Pour ces derniers sont valorisés pour
les filles les qualités traditionnelles de l'image de la femme:
charme et sens de la famille.
Les mères au foyers
préfèrent la respectabilité (Duru-Bellat M., Jarousse J-P, Le
masculin et le féminin dans les modèles éducatifs des parents in
Economie et statistique, no 293 - 3, 1996).
Zéroulou Z. [18]
avait montré que la réussite des enfants d'immigrés tenait dans la
mobilisation familiale autours d'un projet scolaire.
C'est ce que
confirme Malika Gouirir dans son intervention au colloque "Défendre
et transformer l'Ecole pour tous" (Marseille, 3-4-5 octobre 1997)
intitulée "Ouled El Kharij: les enfants de l'etranger, de la
trajectoire des pères au devenir des enfants". Il montre que suivant
l'ambition d'intégration en France ou le désir de retour dans le
pays d'origine (Maroc) se jouait l'investissement des parents dans
un projet de réussite scolaire pour leurs enfants: "C'est à cette
condition que l'on peut espérer comprendre complètement tout à la
fois le cursus scolaire, les engagements professionnels, les choix
matrimoniaux des enfants en les rapportant à l'investissement
éducatif et aux moyens mis en oeuvre par le père pour conserver et
améliorer la position sociale de sa "famille" notamment dans son
groupe de parenté. Le recours au système scolaire est inégal selon
les familles et différencié au sein des fratries selon le type de
capital à reproduire et selon les positions dans chacun des deux
espaces nationaux (Maroc, France)".
Pour Rochex J-Y,
c'est le sens que l'élève donne à sa scolarité plus qu'une
différence de capital culturel qui produirait l'échec ou la
réussite [19].
4. La décentralisation (Gaston Deferre):
Introduite par le
Ministre de l'intérieur au début des années 1980, l'administration
financière des différents secteurs de l'école relève dorénavant de
sources différentes. Ainsi l'enseignement primaire est financé par
les municipalités et relève administrativement des inspections
académiques sous tutelle du Ministère de l'Education.
4.1 Des responsabilités délocalisées:
Les collèges sont
financés par les conseils régionaux et sous gestion administrative
des rectorats sous tutelle du ministère de l'éducation.
Les lycées
professionnels et généraux sont eux financés par les conseils
régionaux et sous gestion administrative des recteurs.
Le personnel
enseignant est payé par le ministère de l'éducation.
Ces différents
acteurs/payeurs participent financièrement aux activités
pédagogiques et ont tendance à imposer des activités et du personnel
de leur choix avec des soucis plus proche de la politique locale que
de la pédagogie, sous couvert du bien de l'enfant, placé,
rappelons-le par la loi d'orientation de 1989, au centre du
processus éducatif.
Ainsi dans les
écoles maternelles et primaires, les subventions de fonctionnement
relèvent de la municipalité ce qui n'est pas sans dérive possible
(voir la municipalité de Vitrolles). Cette dernière est propriétaire
des locaux. Le personnel enseignant relève pédagogiquement de
l'inspection académique via l'inspecteur départemental. Il cohabite
avec du personnel municipal. Le problème, pour la direction de
l'école consiste à gérer du personnel qui ne relève pas de son
autorité.
En dehors des heures
scolaires, la municipalité, détentrice des locaux, est libre de les
prêter à toute association. Les différentes options de gestion du
temps scolaire permettent de faire intervenir du personnel hors
Education nationale pour des activités éducatives. L'enfant se
retrouve pris en charge du matin au soir sans interruption, ce qui
n'est pas toujours à son bénéfice mais satisfait un électorat à
charmer lors d'élections locales de type municipal. Ainsi au nom des
rythmes scolaires, on risque de saturer l'enfant d'activités tout au
long de la journée.
L'ingérence d'un
gérant politique dans l'activité pédagogique représente une déviance
possible que les états nord-américains et anglo-saxons connaissent.
C'est le sens des interventions d'Agnès Van Zanten au colloque
Défendre et transformer l'école pour tous (1997) sous le titre
Libéralisme et managérialisme dans les systèmes d'enseignement: une
comparaison France-Angleterre et au congrès du SNU-ipp 13 (BdR,
1998).
La renaissance de
pouvoirs locaux (municipaux, départementaux, régionaux) dus à la
décentralisation fait apparaître de nouvelles féodalités [20] et
de nouveaux seigneurs.
4.2 Une nouvelle logique administrative:
A la logique de
l'égalité républicaine est substituée celle de l'équité. Son
principe réside en la discrimination positive. Les établissement
reconnus comme en difficultés disposerons de moyens supplémentaires.
La quadrature des budgets nécessite de prendre ces moyens sur les
établissement qui sont considérés comme étant bien lotis.
C'est alors la
naissance des ZEP [21] en
1982 sous l'impulsion d'Alain Savary, ministre de l'époque. Une
première carte apparaît en 1983. Chaque ZEP a des caractéristiques
spécifiques. Il peut s'agir d'écoles isolées dans un territoire
rural démuni aussi bien que d'une commune de banlieue. Entre ces
deux extrêmes, il existe tout une variété de situations. Dans tous
les cas de figure y dominent les inégalités sociales et l'échec
scolaire.
La ZEP est conçue à
son origine non seulement comme un apport de moyens supplémentaires
mais aussi comme un état transitoire devant mener à la sortie de
ZEP. Il s'est avéré par la suite que les établissement classés en
ZEP prennent en compte le confort apporté par les moyens
supplémentaires qu'ils considèrent par la suite comme la normalité.
Une sortie de ZEP correspondrait alors à leurs yeux à une régression
voire à un désaveu des actions accomplies et en cours.
En 1990, Lionel
Jospin, ministre de l'Education Nationale de l'époque, entreprend de
dynamiser à nouveau les ZEP, faisant progresser leur nombre de 363
en 1983 à 544 en créant une indemnité spéciale d'enseignement dans
ces zones.
En 1992, Jack Lang,
ministre de l'Education Nationale à l'époque, introduit
principalement dans les lycées le label d'établissements sensibles.
En 1995, François
Bayrou, ministre de l'Education Nationale de l'époque, adopte deux
plans pour lutter contre la violence et renforce les aides dans les
zones sensibles.
En 1998, Ségolène
Royal, ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, annonce une
relance des ZEP et présente en Février 1999 une nouvelle carte
annonçant un nombre important de sorties de ZEP (environ 600)
assorties de mesures d'accompagnement et encore plus d'entrées
(environ 1 600). Ce redéploiement est peut-être du à l'action des
lycéens de l'automne 1998.
De nombreuses
actions se sont engagées au coup par coup dans les ZEP sans
véritable plan d'action et sans lendemains.
Il en ressort
cependant que, malgré la prime d'enseignement dans ces zones offerte
aux professeurs, les ZEP restent les lieux privilégiés de première
nomination pour les enseignants débutants et que le personnel n'y
est absolument pas stable, alors que la logique imposerait que ce
soient les professeurs les plus expérimentés qui y enseignent et
forment un noyau stable.
Avec la politique
volontariste des ZEP, s'est développée, toujours sur le principe de
la discrimination positive, la globalisation des moyens
d'enseignement au niveau des académies et la distribution
différentielle de ces mêmes moyens. C'est l'équation insoluble de la
DGH [22 ]
que connaissent les établissements secondaires chaque année aux
alentours du mois de décembre.
Cette DGH s'inscrit,
au fur et à mesure que se rapproche l'échéance de la monnaie unique
en 1999 associée à la réduction des déficits budgétaires qu'elle
impose de façon arbitraire, dans une politique d'innovation à moyens
constants. Cette option revient à pronostiquer que les changements
peuvent s'effectuer à partir de l'existant en faisant alors surgir
les ressources internes inexploitées en les optimisant. Faut-il
comprendre qu'il s'agit d'une manière déguisée de changer de cap
sans s'en donner les moyens ?
La politique des ZEP
devait être appuyée par une politique de la ville. Cette dernière
ayant fait bien trop souvent défaut, les dés se retrouvent pipés. Un
désenchantement fait alors place à l'enthousiasme du départ.
5. Un nouveau rapport à l'école:
L'école et
l'enseignant jouissaient d'une douceur harmonieuse. Elle
correspondait à un consensus entre parents et institution où chacun
y trouvait ses repères.
L'école à niveaux
assurait à chaque couche sociale une ascension claire. L'école
primaire correspondait aux couches laborieuses, et offrait aux
meilleurs élèves la possibilité d'atteindre le primaire supérieur.
Le lycée était réservé aux couches supérieures. Le diplôme était
reconnu comme gage de réussite sociale.
Le système scolaire
était parfaitement clair et un consensus en assurait le
fonctionnement.
C'est dans les
années 1980-90 que la demande sociale de formation s'accroît et
particulièrement dans les familles populaires en raison des effets
de la crise des années 70. Une volonté des pouvoirs publics d'élever
le niveau de formation s'exprime à travers l'objectif des 80% de
jeunes au niveau bac. Dès lors la question scolaire devient d'une
extrême sensibilité.
Les familles
s'impliquent de plus en plus dans les structures scolaires. Le
Nouvel Observateur (no 1557, septembre 1994) titre en couverture et
y consacre un dossier: "Comment mieux travailler à l'école. Douze
conseil pour aider à apprendre".
L'école hérite de
structures périmées particulièrement au collège où il existe
différents paliers de sortie. Il seront au cours des années 80-90
déplacés. Ainsi le taux d'élèves entrant en seconde passe de 38% en
1981 à 57% en 1991. Plus d'élèves entrent en 6e et c'est au lycée
que la demande d'école s'engouffre le plus, passant de la 6e à la
2e. Le collège unique, voir le bac pour tous continuent à générer
des inégalités sociales. Plus l'accès se généralise, plus les
frontières de la ségrégation se déplacent.
Ainsi le sens de
l'école s'amenuise. Si le diplôme contribue toujours à la réussite
sociale et si son absence est un handicap, les diplômes les plus
utiles deviennent les plus longs à obtenir. Le rendement des études
est reporté à plus tard, dans un avenir plus lointain.
L'investissement familial est de plus en plus lourd et nécessite
chez certaines familles une très forte mobilisation.
D'autre part la
fonction de l'école devient plus floue. Elle est chargée de former
la personnalité, de fournir une culture commune et d'amener à un bon
métier (depuis la loi d'orientation de 1989). Mais toutes ces
aspiration deviennent contradictoires contribuant à brouiller ce que
l'on en attend et ce que l'on y fait. Les motivations sont alors
diverses. Si certains y trouvent du plaisir, d'autres y cherchent de
l'utilitaire. L'épanouissement de l'individu entre en contradiction
avec les contraintes scolaires.
La motivation
culturelle au travail est de plus en plus difficile avec la
diversification des publics. L'école n'a plus le monopole de la
diffusion du savoir. Elle véhicule un savoir scolaire qui n'est pas
reconnu par tous. Il en va de même des règles scolaires.
L'apprentissage n'est plus toujours considéré comme le travail de
l'élève mais plutôt comme celui de l'enseignant. "Pour les
enseignants comme pour les enfants qui réussissent, les cours, les
leçons ont du sens en tant que tels. Pour les enfants des milieux
dits défavorisés, nous savons que c'est loin d'être le cas.
Apprendre à l'école, c'est avant tout pour eux l'activité du
professeur, pas la leur. " Pour comprendre, il faut que le prof
m'explique. Je ne comprends pas tout seul". Ils considèrent qu'ils
ne peuvent pas apprendre par une activité intellectuelle
personnelle. Si le prof explique bien, l'élève sait. Par contre, si
le prof explique mal, l'élève ne sait pas. Ceux qui sont en échec
disent d'ailleurs: "L'école m'a pas appris, le prof m'a pas appris".
Cela génère un profond ressentiment contre l'institution en général
et l'enseignant en particulier." (Charlot B., Interview dans
l'édition électronique de la revue Pour du SNUIPP, janvier 1999).
Tout est remis entre les mains de l'enseignant. Ce dernier se
plaindra des familles qui ne suivent pas leurs enfants et de
l'absence du nécessaire travail à la maison.
L'école à deux
niveaux [23]
(ou trois) formait des acteurs de leurs destinées, elle ne forme
plus que des individus. La motivation première de l'élève n'étant
plus présente, l'enseignant est investi d'un nouveau rôle. C'est à
lui qu'incombe la tâche de créer la motivation. Il doit séduire par
les activités qu'il propose, fixer les objectifs, travailler sous
forme de contrat et de projets. Ceci relève de capacités qui
dépassent celle que manifestait l'enseignant il y a trente ans. Il
doit faire à la fois office de pédagogue, de psychologue ou
d'assistante sociale. Ceci contribue à le fragiliser, rend son rôle
moins clair et contribue à jeter le trouble et le doute. Face à
cette crise, la politique d'établissement est apparue comme un moyen
de recentrer les motivations. Cependant, particulièrement dans les
établissement des milieux populaires, la logique administrative
obéissant à des impératifs budgétaires, a contribué à en casser la
dynamique en brisant les équipes qui s'étaient constituées et les
projets qui allaient de pair.
L'école est
traversée par tous les problèmes de société, chômage, paupérisation,
politique, religieux. Ce dernier point a été stigmatisé par le
problème du foulard islamique. C'est ce que manifeste le sondage
effectué par la SOFRES à la demande SNUIPP auprès des instituteurs
et professeurs d'école (Janvier 1999): "La société est d'abord
perçue comme de plus en plus exigeante vis à vis de l'école pour 82%
des instituteurs. Les problèmes d'échec scolaire, aux????2?i??¨i`i`iquels ils sont
de plus en plus sensibles, sont à leurs yeux directement le produit
de la société actuelle, c'est-à-dire le manque de disponibilité des
familles (77%) et la situation sociale des familles (67%). Autrement
dit: la société exporte ses fractures vers une école qui n'y est pas
forcément préparée. ... Le résultat le plus visible aux yeux des
enseignants est la dégradation perçue du comportement des enfants.
Par rapport à il y a dix ou quinze ans, 68% les jugent plus
violents, moins disciplinés (84%), mais aussi plus inquiets (42%).
En revanche, 56% jugent les enfants du même niveau qu'il y a dix ou
quinze ans. Face à ces problèmes, les enseignants renvoient
clairement les parents face à leurs responsabilités." (compte rendu
de la SOFRES, Site Web du SNUIPP, 1999).
6. Les établissements:
6.1 La culture de référence:
L'école est chargée
de transmettre une culture scolaire que les couches sociales
moyennes reconnaissent comme proche de la leur. Or l'école et le
collège sont ouverts à une masse importante d'élèves issus des
couches populaires qui, eux, ne la reconnaissent pas comme la leur.
Claude Allègre,
ministre de l'Education depuis 1997, prétend dans un interview au
Nouvel Observateur (article intitulé "Oui, l'ordinateur va
révolutionner l'école" que la machine et le cyber-espace peuvent
tout révolutionner. Faudrait-il alors que les élèves issus des
couches populaires se sentent en phase avec la cyberculture , ce qui
n'est pas impossible puisqu'il semble que plus on soit jeune, plus
on y te????2?i??¨i`i`ind. Mais alors il faudrait qu'ils puissent la réinvestir dans
le milieu de vie ambiant car c'est l'environnement social,
l'environnement de vie, qui détermine pour chaque individu ce qui
est norme culturelle. Le plan du ministre ne pourrait éviter de
tomber à l'eau que s'il se greffait dans les familles populaires une
cyberculture comme il s'y est greffée une culture télévisuelle.
C'est ce que le plan Informatique Pour Tous voulait créer en
s'ouvrant aux milieux associatifs implantés dans les milieux
populaires.
L'environnement
peut-il donner un sens à la culture scolaire ? C'est le cas des
familles immigrées qui se mobilisent autours d'un projet scolaire de
l'un des leurs (Zerroulou Z., La réussite scolaire des enfants
d'immigrés. L'approche en termes de mobilisation, in Revue Française
de Sociologie, XXIX, 1988).
L'école n'est plus
la source unique de transmission de savoirs, l'environnement y
supplée largement, particulièrement les médias populaires comme les
radio locales, télévisions (câblées ou non) ou télévision étrangères
(captées par parabole).
6.2 La charte de l'école du XXIe siècle:
Elle est centrée de
réussite scolaire pour tous. L'idée de laïcité comme celle de
citoyenneté demeurent des références essentielles.
Les trois points
principaux en sont:
"Elaborer progressivement et collectivement de nouveaux
programmes pour des temps nouveaux, centrés sur le thème apprendre à
parler, lire, écrire, compter, articulant tous les contenus et les
grandes orientations pédagogiques.
Mettre progressivement en place des rythmes scolaires adaptés à
ceux de l'enfant. L'organisation de la journée scolaire doit tenir
compte des nouvelles conditions sociales et permettre l'émergence
d'une vraie égalité des chances.
Repenser "le métier de professeur d'école en permettant une plus
grande autonomie dans les choix pédagogiques et en intégrant le
travail en équipe, ce qui nécessitera des évolutions de la formation
initiale et continue des enseignants." (Bâtir l'école du XXIe
siècle, Ministère de l'Education nationale, Mission de la
communication, Paris, 1999).
6.3 Les collèges:
6.3.1 Le nouveau collège:
Le bilan du nouveau
collège (comme nous l'avons déjà vu) fait apparaître une difficulté
à enseigner le civisme.
La mise en place
d'une éducation à l'orientation mobilise tous les acteurs du
collège. Elle pousse à construire un projet professionnel aux élèves
en difficultés, c'est-à-dire à ceux qui ont le plus de mal à le
concevoir et en dispense les meilleurs élèves, c'est-à-dire ceux qui
pourraient le mieux le concevoir. Comment peut-on alors espérer
concrétiser quelque chose de sérieux ? Nous en arrivons au paradoxe
où ceux qui en ont le moins les moyens sont ceux qui y sont le plus
incités.
Claude Allègre,
ministre de l'Education, a demandé une réflexion
6.3.2 Le collège se rebiffe ou la grève du
93:
Le collège de
l'hétérogénéité devient ingérable devant la monté de la violence au
point que tout un département (le 93, Seine-Saint-Denis) se lance
dans la grève. La liste des collèges touchés par les arrêts de
travail est impressionnante au cours des mois de mars avril et mai:
collège Jean-Vigo d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), collège
Elsa-Triolet de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), lycée professionnel
Pierre- Mendès-France de Ris-Orangis (Essonne), collège Pablo-Neruda
de Grigny (Essonne), lycée Romain-Rolland de Goussainville
(Val-d'Oise), collège Louise-Michel de Clichy- sous-Bois
(Seine-Saint-Denis) pour n'en citer que quelques uns.
Dès la rentrée de
septembre 1997 le ministère lance un audit sur le département de
Seine-Saint-Denis, afin d'identifier les difficultés et de proposer
des orientations "susceptibles d'améliorer la réussite des enfants
issus des milieux défavorisés" confié au recteur Fortier. Son
rapport est alarmant.
Il y note que la
Seine-Saint-Denis "cumule de manière exacerbée les handicaps sociaux
de cette fin de siècle". Le département détient, entre autres
records, celui du nombre de RMistes, de la proportion d'étrangers,
du nombre de logements sociaux ou encore du taux de chômage. A cela
s'ajoute une forte concentration aussi bien dans les cités que dans
les écoles: 24 des 111 collèges du département accueillent plus de
800 élèves, la plupart recevant près de 50% d'élèves au-dessus de
leurs capacités d'accueil.
Il note que ce
"mal-accueil", associé à la violence et à la malnutrition, fait de
l'obligation scolaire "une sorte d'épreuve". "Mesure-t-on l'effort
que réalise un collégien qui est le seul de la famille à se lever
tôt pour aller travailler ?". En face de ces enfants, l'institution
scolaire met des profs "jeunes et inexpérimentés", dont beaucoup
s'efforcent de quitter le département le plus vite possible. Les
équipes pédagogiques sont instables.
Le rapport souligne
l'importance de l'absentéisme et le nombre record de postes non
pourvus: il manque environ 200 chefs d'établissement adjoints,
conseillers principaux d'éducation, assistantes sociales et
infirmières, faute de candidats.
Il lui apparaît que
sont réunies toutes les conditions d'un "retard massif dès l'école
primaire".
En novembre un plan
de lutte gouvernemental contre la violence est mis sur pied. Il y
inclut la quasi-totalité du département de la Seine-Saint-Denis, qui
"pose un problème d'ampleur nationale". Le ministre annonce la
création de plusieurs centaines de postes d'infirmières,
d'assistantes sociales et de surveillants, ainsi que l'affectation
de plusieurs milliers d'emplois-jeunes dans les sites sensibles.
Le collège
Louise-Michel de Clichy-sous-Bois se met en grève le 22 janvier pour
protester contre la montée de la violence et le manque de moyens.
Deux élèves sont blessés à l'arme blanche dans le collège lors d'une
bagarre provoquée par l'intrusion d'une dizaine de jeunes extérieurs
à l'établissement. Dans la bousculade, des surveillants sont frappés
par des élèves.
Le personnel du
collège Pierre-Sémard de Bobigny vote le 5 février une grève
reconductible. Les enseignants soulignent la baisse constante du
niveau scolaire observé lors des tests d'évaluation à l'entrée en
sixième, la multiplication des exclusions temporaires d'élèves, les
violences physiques et les insultes dont ils font l'objet.
Des informations
contradictoires émanant de Ségolène Royal, ministre déléguée à
l'Enseignement Scolaire et de Claude Allègre, ministre de
l'Education Nationale, contribuent au dépôt de préavis de grève
d'une dizaine de collèges, soutenus par le SNES (syndicat proche
élus des communistes et très majoritaire dans le département)
Le plan de
rattrapage est présenté par Claude Allègre le 2 mars. Le 13 mars,
plus de 2 000 parents et enseignants manifestent devant le ministère
de l'Education à Paris. Le mouvement de grève touche une quarantaine
d'établissements du département 93.
Après trois
manifestations le mouvement s'étend au primaire. La cinquième
manifestation rassemble à Paris plus de 10 000 professeurs et
lycéens.
Début avril, à
l'issue d'une nouvelle table ronde, les principaux syndicats
estiment que les nouvelles propositions du ministre permettent
d'engager la négociation. L'assemblée générale des établissements
les juge en revanche "dérisoires", et se prononce pour la poursuite
de la grève. A Paris, des lycéens de Seine-Saint-Denis occupent
pacifiquement le lycée Henri-IV, "symbole, expliquent-ils, de la
réussite qu'on nous refuse".
Le mouvement
continuera en mai.
6.4 Les lycées:
6.4.1 La consultation nationale:
La consultation
"Quels savoirs enseigner dans les lycées ?" a débuté le 23 janvier
1998 par la diffusion de trois questionnaires différents adressés à
2,3 millions de lycéens, 238 000 professeurs, et à 4 044 lycées
d'enseignement général, technologique et professionnel (dont 1 411
établissements privés sous contrat).
78% des élèves de
lycées publics, 52% des enseignants y ont répondu ou
individuellement ou collectivement. Tous les établissements ont
apporté une contribution spécifique.
Les parents
d'élèves, tardivement associés à la consultation, y ont peu
participé.
Ce sera l'occasion
pour Philippe Mérieux de faire des propositions.
6.4.2 Les projets pour le lycée:
Les propositions de
Philippe Mérieux qui a l'aval du Ministère, portent sur les points
suivants:
Il est créé un lycée
unique regroupant filières générales, technologiques et
professionnelles. Cette dernière serait organisée autour de trois
champs: les services, la production et l'artisanat et les métiers
d'arts.
Les programmes
seront allégés et pensés sous forme de retour à l'essentiel.
Il développera une
culture commune à toutes les filières comprenant des savoir-faire
sociaux et un ensemble de connaissances. Un approfondissement à
l'informatique est prévu. La culture scientifique et technique, les
maths sont présentes dans toutes les filières, les langues
indispensables.
La seconde générale
et technologique reste une classe de détermination. Une initiation
systématique aux sciences économiques et sociales, aux sciences
technologiques industrielles et tertiaires doit être fournie. La
culture informatique et artistique sont ajoutés.
Les élèves auront
accès à des permanences d'aide individualisée.
Le décloisonnement
des disciplines sera à pratiquer.
De courtes séquences
de découvertes de l'entreprise sont encouragées.
Le lycée
professionnel doit organiser la formation continue des adultes.
Le baccalauréat
subsiste avec une épreuve tridisciplinaire. Une épreuve anticipée a
lieu en première.
L'élève est soumis à
35 heures d'obligations scolaires hebdomadaires maximum.
Le service des
enseignants inclus 15 heures de cours hebdomadaires et 4 heures
d'activités pédagogiques. Ils bénéficient de 35 heures annuelles de
formation.
Enseignants et
surtout élèves sont plus associés à la vie de l'établissement.
Certaines salles seront ouvertes le mercredi, samedi journée et
pendant les vacances.
6.4.3 La charte du lycée du XXIe siècle:
Elle reprend les
grands axes des propositions de Philippe Mérieux.
Le lycée du XXIe
siècle est celui du changement. Il inclue trois voies les voies
professionnelle, générale et technologique placées sur un pied
d'égalité.
Les heures de cours
varient de 26 à 30 h.
Il est institué une
aide individualisée en Seconde et des Travaux Personnels Encadrés en
Première et en Terminale permettant une aide au plus en difficulté
et une expression de la personnalité. Les effectifs seront réduits.
La pédagogie
différenciée est maintenue. L'interdisciplinarité sera privilégiée,
les nouvelles technologies éducatives favorisant son introduction.
Les programmes
seront redéfinis dans une optique moins encyclopédique. Les
enseignants seront associés à leur évaluation. Leur service sera
redéfini sans augmentation des obligations de service.
L'éducation civique
sera amplifiée et fera l'objet d'un contrôle au baccalauréat. Une
pratique citoyenne sera développée à travers l'exercice de la
démocratie et l'institution d'un Conseil de la vie lycéenne. Les
enseignements artistiques seront développés ainsi que les langues.
Le baccalauréat
reste l'examen final du lycée et constitue l'examen d'entrée à
l'université. Quelques épreuves anticipées pouront se dérouler en
classe de première et le rôle du dossier scolaire pourra être revu.
6.4.4 Le mouvement lycéen:
A l'automne 1998, un
mouvement jette les lycéens dans la grève. Il traversera les
vacances de la Toussaint qui permettront à toutes les parties de
poser. Bénéficiant de la sympathie de l'opinion publique, les
lycéens seront probablement victimes de la violence d'une jeunesse
des banlieues qu'ils ne parviendront pas à contenir.
Leurs revendications
concernent leurs conditions de travail et de vie au sein de
l'établissement. Ils réclament des mesures immédiates. Le lycée
n'étant qu'une étape transitoire, passage pour trois ans, une
revendication satisfaite ne peut apparaître pour les instigateurs
que si elle l'est à très court terme, ce dernier étant optimisé dans
l'immédiat.
Ce qui frappera
l'opinion est leur extrême maturité. Cela est peut-être du au fait
que la majorité (à 18 ans en France) traverse le cursus lycéen et
que ces derniers se sentent concernés par la crédibilité et la
responsabilisation, notions qui permettent une bonne intégration au
statut d'adulte.
Conclusion:
Le statut de
l'enseignant, transmetteur de savoir face à des élèves réceptifs, a
profondément été remodelé par la politique volontariste de
démocratisation de l'enseignement mis en route par la cinquième
république. L'enseignant du XXI ème siècle n'est plus enfermé dans
sa classe, il n'est plus le seul acteur éducatif mais devient le
coordonnateur des différents intervenants.
Cette transformation
ne s'est pas faite sans heurt. Face à un public diversifié, maniant
des stratégies différentes, l'enseignant a du affronter
l'hétérogénéité sans référents bien précis. Il a vu l'émergence dans
l'école des contradictions sociales et a du y faire face de façon
solitaire, ce qui contribue à rendre de moins en moins lisible la
tâche à accomplir. Acceptant le primat de l'hétérogénéité, sa
fragilisation sociale, aucune ligne de conduite à tenir ne paraît
émerger. C'est donc un travail sur corde raide à accomplir dont le
sens n'est plus évident. C'est pourquoi il se sent abandonné et se
révolte par des actions de grève.
Les perspectives offertes
par l'administration ne pourront faire l'économie d'un débat
public. Des associations indépendantes ou syndicales organisent
des colloques. Ce n'est qu'un premier pas vers le débat public,
qui pour l'instant ne reste réservé qu'à un public bien averti.
A quand le vrai débat ?
- Notes:
- 1.-
Union Nationale des Etudiants de France, syndicat étudiant.
- 2.-
Mutuelle Nationale des Etudiants de France.
- 3.-
fédération de l'Education nationale, premier syndicat d'enseignant,
issu de la rupture de la CGT en CGT maintenu et CGT-FO.
- 4.-
Fédération Syndicale Unitaire, actuellement premier syndicat
d'enseignants.
- 5.-
Syndicat national de l'Enseignement Secondaire, issu de la FEN et
constituant le noyau de la FSU.
- 6.-
Comité d'Action Lycéen.
- 7.-
Dépèche AFP (FP 281218 AVR 98).
- 8.-
Confédération des Syndicats Libres
- 9.-
Confédération Française du Travail
- 10.-
Union Nationale Inter-Universitaire
- 11.-
Unité-Action
- 12.-
Syndicat national des Enseignants du Supérieur
- 13.-
La valeur du point d'indice est d'environ 27,36 F au 01/04/2023 (à
multiplier par l'indice pour le calcul du salaire brut.
- 14.-
Souligné dans le texte original.
- 15.-
Professeur d'Enseignement Général de Collège, corps issu de celui
des instituteurs après formation spéciale à l'Ecole Normale. Ce
corps est en voie d'extinction par arrêt du recrutement et
disparition des Ecoles Normales.
- 16.-
Institut Universitaire de Formation des Maîtres.
- 17.-
Mission du professeur exerçant en collège, en lycée d'enseignement
général et technologique ou en lycée professionnel, Circulaire no
97-123 du 23-5-97 / BO du 29 05 97, pp. 1571-1576)
- 18.-
ZERROULOU Z., La réussite scolaire des enfants d'immigrés.
L'approche en termes de mobilisation, in Revue Française de
Sociologie, XXIX, 1988.
- 19.-
Rochex J-Y, Pourquoi certains élèves défavorisés réussissent-ils ?
in Sciences Humaines, no 44, novembre 1994 Bautier E., Charlot B.,
Rochex J-Y, Ecoles et savoirs dans les banlieues et ailleurs, Armand
Colin, Paris, 1992
- 20.-
Certaines écoles financées par la région, refusent des élèves parce
que les parents payent leurs impôts dans une autre région.
- 21.-
Zone d'Education Prioritaire.
- 22.-
Dotation Globale Horaire qui fixe les moyens dont dispose chaque
établissement en fonction d'une estimation de l'effectif scolaire de
la prochaine rentrée. Lorsqu'elle est fixée, les chefs
d'établissement ne peuvent obtenir que des réaménagements mineurs.
- 23.-
Voir L'Ecole capitaliste en France, Baudelot C., Establet R.,
Maspéro, Paris, 1971
- Notice:
- Faessel,
Claude. "Les évolutions de l'école contemporaine au cours de ces
dernières années.", Esprit critique, vol.03, no.02, Février
2001, consulté sur Internet:
http://www.espritcritique.org