Logique capitaliste et avenir des sociétés ichtyologiques du lac Moëro
Par Delphin Kaimbi Mpyana
Au coeur de l'Afrique et au Sud-Est de la République Démocratique du Congo, dans la province du Katanga, s'est formé par effondrement un lac des plateaux c'est bien le lac Moëro. Sa superficie est de 5200 Km2 et il est l'un des lacs les plus poissonneux du Congo. Le long de cette "mine" naturelle vivent des communautés dont l'activité principale est la pêche. Elles dorment des sociétés ichtyologiques.
Aussi l'ascension sociale dans ces sociétés n'a pour point d'appui que le fond des eaux. Ce dernier assure l'espoir quotidien des populations riveraines: la scolarisation des enfants, les soins médicaux, ... Bref, le lac constitue aux yeux de cette population une véritable mère nourricière, une mine, un don de Dieu, qui permet à chacun et à tous de vivre décemment.
Or mieux vivre dans les sociétés africaines actuelles où échange marchand a pris la place du troc, du partage, de la redistribution, c'est vivre selon les principes capitalistes: - la propriété privée des moyens de production; - la recherche toujours effrénée du profit et au détriment du facteur humain.
Tout cela, nous l'observons au lac Moëro à tel point que nous nous posons des questions de savoir où vont ces sociétés. Est-ce vers un avenir meilleur ou vers un étranglement?
Comme nous venons de le souligner, nous avons au lac Moëro; - ceux qui sont propriétaires des moyens de production et ceux-là qui n'ont que "la force de travail à vendre à n'importe quel prix"; - Pour les Propriétaires des moyens de production (Patrons): ils n'ont qu'un seul soucis à savoir avoir davantage de l'argent afin de se maintenir dans la hiérarchie sociale. Voilà pourquoi, ils incitent les travailleurs à produire davantage. Ils n'hésitent pas d'utiliser les engins interdits par la législation piscicole du pays (filets à mailles prohibés) ou à pêcher dans les zones dites des frayères. Tous les moyens sont donc utilisées pour qu'on assure et qu'on protège sa classe contre destruction de la faune ichtyologique et au mépris du facteur humain (travailleur).
Pour les travailleurs: nous avons constaté une faute des moyens de production compétitif et par nécessité de lutter contre la pauvreté ; ils n'hésitent pas non plus à accepter les lignes que tracent le patron.
Accepter le système "LELEKE" du mot français "reléguer"; le système consiste à accepter de vivre sur le lac pendant des semaines; des mois jusqu'au jour où la production recommandée sera atteinte. Et comme nous sommes dans la situation où la demande du marché de travail est supérieure à l'offre, les travailleurs exécutent se tâchent jusqu'à sacrifier l'éducation des enfants et l'amour conjugal.
Surveiller jalousement les moyens de production du Patron et veiller à ce qu'ils ne soient pas volés.
Enfin accepter de passer nuit dans une barquette de plus ou moins 6m de long et 2m de l'argent, tel un aquatique n'ayant pour loisir que la nage.
Ces travailleurs malheureux acceptent ce contrat contre un salaire modique et ne comptent beaucoup plus pour leur survie que sur la distraction du Parton.
Cela signifie qu'en réaction à ces conditions inhumaines; les travailleurs passent plus de temps sur le lac et vendent à leur tour le surplus des poissons aux commerçants ambulants sillonnent le lac.
Nous sommes alors en train de nous poser la question de savoir où vont ces sociétés ichtyologiques jadis d'économie de subsistance?
- Notice:
- Mpyana, Delphin Kaimbi. "Logique capitaliste et avenir des sociétés ichtyologiques du lac Moëro", Esprit critique, vol.02 no.10, Octobre 2000, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org