Esprit critique - Revue électronique de sociologie
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Vol.02 No.07 - Juillet 2000
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Editorial
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Sociologie des vacances... de la sociologie!
Par Jean-François Marcotte

      Nous approchons d'une période où plusieurs personnes vont prendre des vacances! C'est le moment de l'année où l'on a atteint nos limites et où l'on a besoin de faire le vide pour revenir en forme dans la vie active. Mais, qui peut vraiment dire avoir du temps pour faire le vide? Dumoins, ce n'est certainement pas votre cas puisque que vous lisez présentement cet article. Les vacances, c'est le moment pour tuer le travail qui n'a pas été terminé et pour faire les choses que l'on a généralement pas le temps de faire. La plupart d'entre vous auront des travaux à terminer ou à corriger, des entrevues ou de la rédaction à faire sur une thèse qui traîne.

      Les personnes en début de carrière savent que la vie ne s'arrête jamais. Il faut toujours faire plus pour faire sa place. Il faut entreprendre des projets parrallèles à nos études ou à notre travail. C'est ce qu'on appelle le "travail gratuit". Ce travail gratuit est tout ce que nous devons faire, sans avoir le temps pour le faire, pour réussir dans la vie. Il peut s'agir de bénévolat, de cours du soir, de rédaction d'articles, de recherche sur Internet ou de rédaction d'un curriculum vitae. Bref, le travail encadré, comme élément central de l'identité social, perd graduellement son importance dans les représentations. C'est par le travail gratuit et les projets personnels que s'oriente réellement notre vie. Bref, on désirerait réduire la semaine de travail à 20 heures, non pas pour se reposer, mais plutôt pour pouvoir s'investir davantages dans nos projets personnels: avoir plus de temps pour lire, pour entreprendre un projet de recherche auquel on pense depuis longtemps, entreprendre des actions communautaires, ...

      D'ailleurs, on voudrait bien avoir quatre mois de vacance par année, non pas pour se reposer, mais pour s'investir toujours plus! Pourquoi s'investir toujours plus alors que l'on pourrait s'assoupir et relaxer? Parce que le travail gratuit est nécessaire pour se tailler une place dans la jungle du marché du travail. Dans ce libéralisme sauvage, la compétitivité se fait entre les entreprises, mais aussi entre les personnes. Ainsi, il faut avoir plus que l'autre pour faire sa place. Toutefois, le travail gratuit est favorisé par le dégoût de cet attitude généralisée. En effet, on se rend compte que la collaboration des personnes donne toujours plus de pouvoir aux actions. D'autre part, on se rend aussi compte qu'il est bien plus intéressant d'user de sa créativité pour changer le monde que de faire du travail répétitif pour gagner son pain.

      Néanmoins, la société ne prend pas de vacances, ni les atrocités. Même si le sociologue mérite aussi sa part de paresse, il doit rester attentif à ce qui se passe dans la société. Si les spécialistes de la sociologie politique peuvent se permettre de relaxer un peu avec les vacances des parlemantaires, les spécialistes de la culture, du voyage et des industries culturelles doivent redoubler d'ardeur! Il y a toujours quelques phénomènes sociaux à observer, n'est-ce pas? Je devrais cesser de vous rappeler que... vous avez un sûrement un article qui n'est pas terminé! Bon, allez vous reposer un peu, le sociologue doit aussi se reposer, si l'on veut une artillerie de sociologues en forme pour la rentrée...

Jean-François Marcotte

Notice:
Marcotte, Jean-François. "Sociologie des vacances... de la sociologie!", Esprit critique, vol.02 no.07, Juillet 2000, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.org
 
 
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